À Piacenza, la polémique enfle dans le nord de l’Italie, où la Diocèse de Piacenza-Bobbio se retrouve au cœur d’un malaise profond après avoir loué l’une de ses propriétés, Villa La Bellotta, à une société organisant une “école de stregoneria”, autrement dit une école de sorcellerie. L’événement, prévu du 24 au 26 octobre, est présenté comme un simple jeu de rôle fantastique, mais derrière cette façade ludique, de nombreux fidèles et prêtres y voient une inquiétante banalisation de l’occultisme contraire à la foi chrétienne.
Face à l’indignation des catholiques locaux, la Diocèse a publié un communiqué pour minimiser la portée de l’affaire. Selon l’Office de presse diocésain, il ne s’agirait « pas d’un événement ésotérique » et aucune pratique contraire à la foi ne serait encouragée. L’Église précise que la villa n’est pas réservée aux retraites spirituelles, mais ouverte aussi à des initiatives ludiques, sportives et culturelles.Pourtant, cette justification peine à convaincre, car l’événement organisé par la société Malastrana Srl se présente sous le titre explicite “Accademia di Stregoneria senza Tempo”, l’Académie de sorcellerie hors du temps, et propose aux participants, jeunes et adultes, de s’initier à la magie, à la divination et aux arts occultes. Même sous couvert de fiction, ces thèmes heurtent la sensibilité chrétienne et contreviennent directement à l’enseignement du Catéchisme de l’Église catholique, qui condamne sans équivoque toute tentative de manipulation des forces occultes (CEC 2115-2117).
Selon les révélations du média italien La Bussola , la même société Malastrana Srl, responsable de l’“Académie”, avait déjà organisé en 2018 un événement intitulé “La malédiction des autels” dans un château de Parme. Le scénario y mettait en scène une messe de sacrifice et l’ouverture des portes de l’abîme, un spectacle ouvert aux adultes amateurs d’horreur et d’occultisme.
Ce précédent rend difficilement crédible l’idée d’un simple jeu de rôle inoffensif, car l’entreprise semble entretenir un goût prononcé pour le satanisme de façade, l’inversion des symboles sacrés et le détournement des rites religieux à des fins de divertissement.
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Le cœur du scandale ne réside pas seulement dans le contenu de l’événement, mais dans le manque de vigilance spirituelle dont fait preuve la Diocèse. L’Œuvre diocésaine de promotion de la foi, propriétaire du site, tire des revenus substantiels de la location de la villa, mais le choix des locataires devrait, selon toute logique, être guidé non par le profit mais par la cohérence avec la mission ecclésiale. Louer un bien de l’Église à une structure promouvant des activités contraires à la foi pose une question grave, celle de la fidélité à la mission pastorale et de la responsabilité du pasteur.
Monseigneur Adriano Cevolotto, évêque de Piacenza-Bobbio, n’a pas pris la parole publiquement sur le sujet, laissant le soin à ses collaborateurs de justifier l’événement. Ce silence, interprété comme un signe de faiblesse, alimente le sentiment de désarroi parmi les fidèles. Beaucoup espéraient un mot clair, une mise au point ferme rappelant que la lumière du Christ ne se partage pas avec les ténèbres de l’occultisme. Au lieu de cela, le diocèse appelle à « maintenir un regard de confiance » et affirme vouloir « veiller à ce que toute activité contribue au bien et à l’éducation intégrale des personnes », des propos qui, dans ce contexte, peinent à apaiser les consciences troublées.
Faut-il parler de naïveté ou de compromission ? L’affaire de Piacenza révèle au minimum un grave déficit de discernement. On ne joue pas avec les symboles du Mal au nom du divertissement. Dans une époque marquée par la confusion spirituelle, les catholiques attendent de leurs pasteurs non des accommodements, mais un témoignage clair et courageux de la foi. L’Église n’a pas peur du monde, mais elle ne pactise jamais avec ses ténèbres. Il serait temps que certains diocèses en Italie mais également en France méditent cette leçon.