J’accuse une Église devenue trop souvent complice, par son silence, de la débauche morale de certains de ses clercs.
Trop d’abus ont été tus, trop de scandales dissimulés, trop de victimes ignorées. Et l’on continue d’accorder des postes de responsabilité à des prêtres condamnés, comme Dominique Spina. Ce n’est pas la miséricorde qui est en cause, mais l’oubli volontaire de la justice, de la prudence et de la décence.
Pourquoi des prêtres connus de tous pour leurs mœurs dissolues, des comportements fondamentalement contraires à la doctrine chrétienne, continuent-ils d’être maintenus dans des paroisses, des églises, des cathédrales ? Leur débauche est notoire, leur comportement offensant, et pourtant ils sont protégés, promus, couverts. Pendant ce temps, des prêtres fidèles à l’Évangile et à la Tradition sont marginalisés ou écartés.
J’accuse les évêques de France de timidité coupable face aux grandes batailles anthropologiques.
Alors que l’euthanasie avance dans la loi, que l’avortement est inscrit dans la Constitution, que le transhumanisme et la marchandisation du corps deviennent des normes, où est l’Église ? Où sont les appels clairs à la conscience, les rassemblements, les exhortations, les prières publiques ? Trop souvent, les déclarations sont tardives, vagues ou timorées, le troupeau lutte seul.
J’accuse les évêques de France de diluer la doctrine catholique, de vouloir en faire une opinion parmi d’autres, une sagesse humaine, un courant spirituel parmi tant d’autres. La foi catholique n’est pas un humanisme moral ni un récit symbolique. Elle est la révélation de la Vérité en Jésus-Christ, exigeante, radicale, salvatrice. À force de vouloir « ouvrir des chemins », on oublie le seul chemin : le Christ. À force de rechercher des paradigmes nouveaux, on renie le dépôt de la foi.
J’accuse une hiérarchie catholique de céder à l’esprit du monde.
On veut plaire, dialoguer, se montrer « accueillants ». Mais à force de vouloir tout inclure, on exclut la Vérité. On édulcore le péché, on relativise les dogmes, on se tait sur l’enfer, on justifie l’injustifiable au nom du « discernement ». La Croix devient un ornement, l’Évangile ne convertit plus, il se dilue.
J’accuse certains responsables de l’Église de banaliser l’homosexualité dans leurs discours.
Sous prétexte d’accueil et de pastorale inclusive, on ne parle plus de péché, on ne parle plus de chasteté, on ne parle plus de vérité. On en vient même à promouvoir des « bénédictions » de couples en situation objectivement contraire à la morale catholique. L’enseignement constant de l’Église est relativisé, contredit, ignoré. On parle d’identité, de chemin, de ressenti, mais on oublie que l’amour véritable ne ment pas sur la finalité de l’homme. Une pastorale qui tait la vérité par peur de déplaire n’est plus une œuvre de miséricorde, mais une œuvre de confusion, et les âmes s’y perdent.
J’accuse une Église de France muette face à la profanation de ses propres lieux.
On laisse des églises accueillir des concerts blasphématoires, du yoga, des marchés, des défilés, des activités sans aucun rapport avec le culte, quand ce n’est pas en contradiction flagrante avec la sainteté du lieu. Des églises sont vendues sans concertation, transformées en restaurants, appartements, bureaux. Et tout cela se fait dans l’indifférence glacée des autorités diocésaines.
J’accuse les évêques de se taire quand la République piétine notre héritage chrétien.
La suppression de jours fériés liés à la liturgie catholique est à l’étude. Le calendrier chrétien est progressivement effacé. Et l’Église ne proteste pas, ne prie pas, ne s’indigne pas. Est-ce cela, la mission prophétique confiée par le Christ ?
J’accuse l’Église de France de mépriser ses fidèles attachés à la tradition.
Ces familles, ces jeunes, ces prêtres qui aiment la messe selon l’ancien rite, qui transmettent la foi avec zèle, qui vivent fidèlement la morale chrétienne, sont traités comme un problème, non comme une richesse. On leur refuse des lieux, on leur interdit des célébrations, on surveille leurs paroles. Pendant ce temps, les libertés sont sans cesse élargies pour des expériences liturgiques douteuses, des discours ambigus, voire des pratiques contraires à la foi.
J’accuse l’épiscopat de France de ne pas soutenir avec clarté et force ses propres écoles catholiques.
Tandis que la pression idéologique se fait de plus en plus forte dans l’Éducation nationale, alors que l’idéologie du genre, le relativisme moral et la négation des racines chrétiennes se banalisent dans les programmes, les écoles catholiques, souvent seules, résistent avec courage. Mais où sont les évêques pour les défendre, les visiter, les soutenir publiquement ? Où sont les paroles fortes pour encourager les enseignants à transmettre la foi, et les familles à faire ce choix courageux ? Pire encore : parfois, des écoles se voient reprocher leur attachement à l’Évangile. L’école catholique est un outil d’évangélisation majeur, la laisser sans appui, c’est trahir l’avenir.
J’accuse les évêques de France de rester silencieux face à l’élection de Marine Rosset à la tête des Scouts et Guides de France.
Cette militante porte une idéologie fondamentalement contraire à la doctrine chrétienne sur l’anthropologie, la sexualité, la famille et la vie. Et pourtant, c’est à la tête d’un mouvement éducatif majeur qu’elle a été portée, sans la moindre réaction claire de l’Église. Cette nomination ne concerne pas une opinion privée : elle engage l’orientation morale et spirituelle de dizaines de milliers d’enfants.
Comment tolérer que l’on confie à une telle figure, publiquement engagée dans des combats opposés à la foi, l’éducation de la jeunesse catholique ? Ce silence est une abdication, car c’est dès le plus jeune âge que les repères sont donnés, ou déformés.
J’accuse l’Église de France de renier la radicalité de l’Évangile par peur de témoigner.
« Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix » (Lc 9, 23). Cette parole n’est presque plus prêchée. On veut être chrétien sans conversion, sauvé sans grâce, disciple sans combat. Mais le Christ n’a jamais promis la facilité, il a promis la vérité.
J’accuse certains évêques et responsables de l’Église d’être les véritables pharisiens de notre temps.
Ceux que le Christ a le plus sévèrement dénoncés, ceux qui connaissaient la Loi, la proclamaient en public, tout en refusant de la vivre dans la vérité. Vous connaissez l’Écriture, vous prêchez la miséricorde, mais vous niez la justice. Vous parlez d’Évangile, mais vous craignez d’annoncer la Croix. Vous trahissez la Parole non par ignorance, mais par confort, par peur, par stratégie.
Et parce que j’aime l’Église, je refuse de me taire devant ceux qui, sous couvert d’autorité spirituelle, défigurent son visage et trahissent son Seigneur.
Philippe Marie