Le Centre de données sur la liberté religieuse (Religious Freedom Data Center – RFDC) a publié son dernier rapport trimestriel, recensant 50 actes haineux contre des chrétiens en Israël au cours du deuxième trimestre 2025. La majorité de ces agressions ont eu lieu dans la vieille ville de Jérusalem, et plus précisément dans le quartier arménien, qui concentre à lui seul 50 % des incidents documentés.
Selon les données du RFDC, 64 % des agressions se sont produites à l’intérieur des murs de la vieille ville. Le Patriarcat arménien de Jérusalem apparaît comme le lieu chrétien le plus fréquemment ciblé. Les autres zones affectées incluent la porte de Jaffa et la rue David (25 %), la Via Dolorosa (13 %), ainsi que les rues Chabad et HaAshurim (6 % chacune).En dehors de la vieille ville, 22 % des incidents ont été enregistrés au mont Sion, 10 % dans Jérusalem-Ouest, avec quelques cas isolés à Gethsémani et dans d’autres zones périphériques.
La forme la plus courante d’agression est le crachat (78 %), un harcèlement quotidien rapporté par des membres du clergé et des résidents chrétiens. À cela s’ajoutent des insultes (8 %), des actes de vandalisme (4 %), des intrusions illégales et des profanations de lieux saints. Plusieurs agressions ont été perpétrées durant des processions, des offices ou contre des personnes portant des habits religieux. Le rapport signale même des menaces d’incendie visant des prêtres arméniens et des attaques verbales concertées.Parmi les victimes figurent des membres du clergé arménien, franciscain, orthodoxe, catholique ainsi que des fidèles laïcs.Le RFDC souligne qu’à peine 22 de ces incidents ont été officiellement signalés à la police israélienne depuis janvier 2025. Sur ces 22 plaintes, seules deux ont donné lieu à des poursuites. Six ont été classées sans suite et quatorze restent sans réponse, illustrant une inquiétante culture d’impunité. Lors d’une audition au Knesset en mai, la police a reconnu qu’en moyenne, seulement un à trois actes d’accusation sont prononcés chaque année dans ces affaires.
Ce rapport a été présenté au Parlement israélien en mai lors de deux séances présidées par le député Gilad Kariv. Y participaient des membres du clergé chrétien, des diplomates et des représentants de la société civile. Une session de suivi est prévue dans la vieille ville afin d’écouter les témoignages des victimes.Yaron Weiss, spécialiste israélien des affaires arméniennes, a exprimé sa vive préoccupation quant à la multiplication des attaques contre la communauté arménienne de Jérusalem. Il établit un lien direct avec les tentatives répétées de s’approprier le terrain dit du « Cow Garden » au sein du quartier arménien.
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Interrogé par la Radio publique d’Arménie, il a appelé les autorités à une réaction ferme. « Il est temps de protéger cette petite communauté arménienne et de faire cesser l’impunité des agresseurs », a-t-il déclaré, regrettant que même les suspects interpellés soient généralement relâchés sans suite.
Le RFDC recommande plusieurs mesures concrètes : renforcement de la présence policière lors des périodes religieuses sensibles, installation de caméras de surveillance dans les zones à risque, programmes éducatifs dans les écoles et meilleure reconnaissance de la présence chrétienne dans l’espace public de Jérusalem.Rappelons que le Religious Freedom Data Center a été fondé par Yisca Harani, universitaire juive israélienne, historienne du christianisme et engagée de longue date dans le dialogue interreligieux. En créant ce centre en 2023, elle a voulu offrir un outil indépendant pour documenter et dénoncer les attaques antichrétiennes, trop souvent minimisées dans le débat public israélien. Son engagement courageux souligne que cette lutte n’est pas confessionnelle, mais une exigence de justice.
Ce rapport met en lumière une réalité trop souvent passée sous silence : la persistance et l’aggravation des violences antichrétiennes en Israël, en particulier à Jérusalem. Le quartier arménien, cœur historique de la présence chrétienne, en devient le symbole. Le silence des autorités et l’impunité renforcent le sentiment d’abandon ressenti par les chrétiens locaux. Sans réaction forte, c’est la survie même de ces communautés millénaires qui est en jeu.
Source asbarez.com