À partir de ce mercredi 7 mai à 16H30 , un groupe restreint mais puissant de 133 cardinaux électeurs se réunira dans le secret de la Chapelle Sixtine pour choisir le 268e successeur de Saint Pierre. Ce conclave, qui marque la fin du pontificat de François, se déroulera sous l’œil vigilant de l’Esprit Saint. Chaque scrutin, chaque décision aura des répercussions sur l’avenir de l’Église catholique.
Mais comment se déroule exactement le processus électoral qui pourrait bien choisir un homme pour guider plus de 1,3 milliard de catholiques à travers le monde ?
Le conclave commence par une messe solennelle pro eligendo Romano Pontifice, présidée par le doyen des cardinaux, Giovanni Battista Re. Cette messe, célébrée à la basilique Saint-Pierre, marque l’entrée officielle des cardinaux dans le processus d’élection. Puis, dans l’après-midi du 7 mai, une procession solennelle mène les électeurs à la Chapelle Sixtine, où ils invoqueront l’Esprit Saint en chantant le Veni Creator. C’est là que débutera le véritable processus d’élection.
Une fois arrivés dans la chapelle, un dernier acte public se déroulera avec l’« Extra omnes », prononcé par le maître des cérémonies liturgiques, Monseigneur Diego Ravelli. Tous les individus non électeurs, y compris les invités et les journalistes, devront quitter la pièce, avant que les portes de la chapelle ne se referment pour préserver la confidentialité des débats. À ce moment, les cardinaux commenceront les premiers scrutins dans un climat de prière et de recueillement.
Le scrutin : règles et déroulement
Après la fermeture des portes, chaque cardinal électeur prête individuellement un serment solennel d’observer fidèlement les règles établies pour l’élection, de garder le secret sur tout ce qui concerne le conclave et de défendre la liberté du Saint-Siège.
L’élection se déroule par scrutins secrets. Chaque jour, un maximum de quatre scrutins peut avoir lieu : deux le matin et deux l’après-midi. Chaque cardinal reçoit un bulletin sur lequel il inscrit le nom du candidat qu’il estime digne de succéder à Pierre. Le bulletin est plié et, un par un, les cardinaux le déposent dans une urne posée sur l’autel.Trois scrutateurs, tirés au sort parmi les cardinaux, procèdent ensuite au dépouillement des bulletins. Un cardinal lit à haute voix le nom inscrit sur chaque bulletin, un second enregistre les votes et le troisième vérifie. À la fin du dépouillement, les bulletins sont brûlés. Si la majorité qualifiée des deux tiers des voix est atteinte, on passe à l’étape suivante.
Pour qu’un candidat soit élu, il doit obtenir les deux tiers des voix, soit 89 sur les 133 votes. Si aucun candidat ne recueille cette majorité, un nouveau scrutin a lieu, jusqu’à ce qu’un choix soit fait. Si un candidat atteint la majorité requise, l’élection est considérée comme valide et la fumée blanche est envoyée par le conduit de la Sixtine pour annoncer au monde que le nouveau pape a été élu.
Les fameuses fumées qui sortent du conduit de la chapelle sont le moyen traditionnel d’annoncer l’issue des scrutins. La fumée noire signifie qu’aucun candidat n’a été élu, et l’attente recommence. La fumée blanche, en revanche, est le signe de l’élection d’un nouveau pape. La durée de l’attente peut être imprévisible : parfois un conclave dure des heures, parfois des jours, selon l’intensité des débats et les discussions entre les cardinaux. En 1503, un conclave extrêmement rapide n’a duré que 10 heures, tandis qu’en 1268, le conclave le plus long a duré près de trois ans. Aujourd’hui, les attentes sont plus contenues, mais l’incertitude demeure jusqu’à la fumée blanche.
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Une fois l’élection validée, le nouveau pape doit répondre à deux questions cruciales : d’abord, il doit accepter son élection, puis choisir le nom qu’il portera. Le choix du nom est loin d’être anodin ; il reflète souvent les priorités et les intentions du pontificat à venir. Certains noms, comme Jean-Paul II ou Benoît XVI, ont été choisis pour souligner un engagement particulier envers l’Église et le monde. Le nom du prochain pape pourrait ainsi nous en dire long sur la direction qu’il compte prendre dans les années à venir.
Bien que le conclave soit un processus imprévisible, certains cardinaux sont considérés comme des prétendants sérieux. Parmi eux, plusieurs Italiens sont pressentis, tels que le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, ou le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne. D’autres cardinaux étrangers, comme l’archévêque de Manille, Luis Antonio Tagle, ou le cardinal suédois Anders Arborelius, ont également vu leurs cotes grimper. Ces hommes, tous âgés de moins de 80 ans, devront restaurer et préserver l’unité de l’Église tout en répondant aux défis contemporains auxquels elle est confrontée.
Ce conclave est bien plus qu’une simple procédure administrative ; il représente un moment décisif pour l’Église catholique. Le choix du prochain pape aura des répercussions profondes sur l’avenir spirituel de l’Église, en particulier face à la montée du relativisme, à la crise des vocations, et à l’évolution des attentes des fidèles dans un monde en constante mutation.
L’Église aura-t-elle un pape pour renforcer son engagement face aux défis modernes, ou un leader plus conservateur, soucieux de maintenir l’orthodoxie et les traditions ? Une chose est certaine : les cardinaux élus savent que leur choix aura un impact immense sur l’avenir de l’Église.Alors que certains espèrent une continuité avec l’héritage du Pape François, d’autres souhaitent un nouveau cap et un retour à la doctrine originelle de l’Église catholique. Le divorce avec la Curie romaine et la fracture de l’Église doivent s’effacer devant un prélat rassembleur
Le conclave qui commence aujourd’hui est un moment de prière, de réflexion et de gravité. Les cardinaux sont appelés à agir sous la lumière de l’Esprit Saint, mais aussi à porter la lourde responsabilité de choisir celui qui guidera l’Église dans un monde souvent hostile aux enseignements de la foi catholique.
Fermeture des portes de la chapelle sixtine