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Jubilé des jeunes : 200 confessionnaux pour élever les âmes, et une mascotte qui dénature l’appel à la sainteté

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Près de 25 000 jeunes Français sont attendus à Rome ce week-end pour la veillée et la messe du Jubilé des jeunes. L’élan spirituel est manifeste, notamment à travers les 200 confessionnaux installés en plein air. Mais la mascotte « Luce », choisie pour représenter l’événement, continue de susciter incompréhension et indignation parmi de nombreux fidèles

L’ambiance qui règne depuis le début de la semaine n’est pas sans rappeler les premières Journées Mondiales de la Jeunesse, initiées en 1986 par saint Jean Paul II, qui avait su établir un lien fort et authentique avec la jeunesse catholique. À son image, nombreux sont ceux qui espèrent aujourd’hui que Léon XIV saura porter et entraîner cette nouvelle génération dans un témoignage de foi cohérent et exigeant, dans un monde désorienté.

Vendredi, le cœur du Jubilé battait au rythme du sacrement de réconciliation. De 10h30 à 18h, 200 confessionnaux ont été installés en plein air au Cirque Maxime, permettant à des milliers de jeunes de vivre une démarche de pardon et de retour à Dieu. Des prêtres de plusieurs langues étaient mobilisés pour répondre aux besoins de tous les pèlerins. En parallèle, la Fondation Youcat a distribué 10 000 livrets sur la confession, conçus pour aider les jeunes à redécouvrir ce sacrement essentiel à la vie chrétienne.Ce moment fort vient rappeler que la confession n’est pas un simple rite formel, mais bien un acte de conversion profond. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme que « ceux qui s’approchent du sacrement de Pénitence obtiennent de la miséricorde de Dieu le pardon de l’offense faite à lui, et en même temps, la réconciliation avec l’Église que leur péché a blessée » (CEC §1422). Ce sacrement, institué par le Christ, restaure l’amitié avec Dieu, purifie la conscience et redonne au chrétien sa pleine liberté spirituelle.

On peut toutefois regretter une tendance croissante observée dans certains lieux, y compris lors de grands rassemblements, où le sacrement de réconciliation se pratique de manière très fonctionnelle, parfois autour d’une simple table, comme si l’on s’adressait à un guichet de la sécurité sociale

Cette disposition matérielle, bien qu’elle facilite le flux des pénitents, altère la dimension spirituelle, sacramentelle et profondément intérieure de la confession.

Rappelons que ce sacrement n’est pas une conversation ordinaire, ni un entretien psychologique, mais une rencontre avec la miséricorde de Dieu à travers l’action d’un ministre du Christ. Se mettre à genoux devant le prêtre ,non pour s’humilier dans sa personne, mais pour humilier son cœur, est un acte de vérité et d’humilité qui traduit extérieurement ce qui se joue intérieurement. Le pénitent ne s’adresse pas simplement à un homme, mais à un représentant du Christ, investi de son autorité pour absoudre. Ce geste liturgique et spirituel, malheureusement souvent négligé, mérite d’être restauré dans sa dignité et son sens profond.

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Saint Jean Chrysostome disait déjà : « La confession est une médecine, non un châtiment. » Ce langage spirituel, simple et clair, a guidé les jeunes tout au long de cette journée de miséricorde intensément vécue

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Cependant, cette dynamique de foi et de retour à l’essentiel a égalment été entachée, en amont du Jubilé, par une décision symbolique que Tribune Catholique a déjà dénoncée : celle de la mascotte « Luce ». Présentée comme un moyen de s’adresser à la jeunesse à travers les codes de la culture populaire, cette figure censée incarner l’esprit du Jubilé 2025 s’est révélée en totale contradiction avec la nature et les objectifs spirituels de cette Année Sainte.Nous avions évoqué dès sa présentation le malaise profond que suscite ce symbole vide de sens théologique, sans ancrage dans la tradition chrétienne, ni capacité à élever les âmes. En lieu et place d’un appel à la sainteté, Luce projette un message flou, ambigu, et potentiellement source de confusion, là où les jeunes ont au contraire besoin de repères solides et lumineux.

Plusieurs voix catholiques s’accordent à dénoncer un geste de communication malheureux, qui traduit une volonté d’adaptation superficielle au monde, au détriment de la clarté du témoignage chrétien. Comme nous l’avons écrit, ce genre de compromis fragilise la crédibilité de l’Église et brouille la cohérence du message évangélique.

Luce n’élève pas, elle distrait. Elle ne montre pas le ciel, elle ramène au bruit du monde

Dès lors, comment ne pas voir dans cette initiative un signe préoccupant d’une tendance à céder aux pressions culturelles, au lieu de proposer avec audace la beauté de la vérité chrétienne ? Le Dicastère pour l’Évangélisation, en validant ce choix, a manqué une occasion de transmettre un symbole fort, enraciné dans l’histoire, la foi et l’espérance.Heureusement, cette erreur semble avoir été discrètement corrigée : la mascotte n’apparaît plus dans les supports liturgiques ou les événements majeurs du Jubilé. Mais son apparition restera un avertissement. Le monde n’attend pas de l’Église qu’elle lui ressemble, mais qu’elle lui montre un chemin, celui du Christ.

Ce Jubilé, malgré cette dissonance initiale, demeure une chance inestimable. Les jeunes, par leur présence massive à Rome et leur désir sincère de se confesser, témoignent qu’ils n’ont pas peur de la vérité ni de l’exigence. L’Église ne doit pas craindre de leur proposer la sainteté, clairement, sans détour.Car ce que les cœurs cherchent, ce n’est pas une image séduisante, mais une lumière qui sauve.

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