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Les veillées aux chandelles hongkongaises du 4 juin ont été interdites en 2020, mais d’autres commémorations ont lieu notamment à Taïwan, où le président Lai Ching-te a pris la parole à cette occasion.
Tous les ans durant 30 ans (de 1990 à 2020), des milliers de Hongkongais se sont rassemblés au Victoria Park le 4 juin pour une veillée aux chandelles pour commémorer le massacre du 4 juin 1989 sur la place Tiananmen à Pékin, quand l’armée chinoise a tiré sur les manifestants qui s’y étaient rassemblés pacifiquement. Ces veillées hongkongaises ont été interdites à partir de 2020.
Du côté du diocèse de Hong-Kong, des messes ont été célébrées traditionnellement à cette occasion jusqu’en 2022, quand les restrictions ont été renforcées. Depuis l’an dernier, l’Église locale insiste sur un message d’unité à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour l’Église en Chine, fêtée le 24 mai. En 2024, le cardinal Chow a écrit une lettre ouverte en soulignant que ce n’est que par le pardon que les gens pourront guérir les blessures liées aux événements qui sont survenus « il y a 35 ans dans la capitale », en évoquant indirectement la répression de 1989.
Si ces commémorations ne peuvent plus être organisées publiquement à Hong-Kong, elles ont toujours lieu à Taipei : ce mercredi 4 juin, le président taïwanais Lai Ching-te a en effet déclaré « que le monde n’oubliera jamais et doit garder vivante la mémoire du massacre de la place Tiananmen à Pékin, causé par le gouvernement communiste chinois en 1989 contre les manifestants prodémocratie ». Il a dit cela à l’occasion du 36e anniversaire de l’événement, qui reste tabou pour le régime chinois, avec une censure stricte toujours en vigueur. Le chef d’État taïwanais a ajouté que l’île « refuse d’oublier l’histoire » parce que « les sociétés démocratiques choisissent de préserver la vérité ».
« L’amnésie forcée de Pékin ne peut pas éteindre les aspirations du peuple »
Le même jour, le secrétaire d’État des États-Unis Marco Rubio a salué le courage du peuple chinois et les victimes de la répression sanglante de 1989. Il a dénoncé la censure entourant les commémorations et l’événement, tout en assurant que « le monde n’oubliera jamais ». Les États-Unis se sont ainsi joints aux nombreuses voix internationales qui ont évoqué ce 36e anniversaire, dont plusieurs organisations de défense des droits de l’homme qui ont appelé Pékin à assumer la responsabilité du massacre de Tiananmen et à faire amende honorable en dédommageant les familles des victimes.
Amnesty International a notamment rappelé que le nombre exact des victimes reste incertain, bien qu’un rapport officiel publié par les autorités chinoises fin juin 1989 a parlé de « plus de 3 000 civils blessés et plus de 200 morts dont 36 étudiants ». Cependant, un télégramme de l’ambassade britannique, écrit le 5 juin mais non publié avant fin 2017, évoque « au moins 10 000 victimes », sans compter une répression nationale provoquée par des soldats décrits comme « sauvages » et chargés de mettre fin aux manifestations et aux émeutes.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a également appelé à mettre fin à la censure, à autoriser les commémorations et à indemniser les victimes : « Le gouvernement chinois n’a jamais assumé la responsabilité du massacre de Tiananmen, sans parler de chercher à dédommager les victimes et leurs familles. » « L’amnésie forcée de Pékin a renforcé le régime autoritaire en Chine, mais elle ne peut pas éteindre les aspirations à la vérité, la démocratie et le respect des droits de l’homme », a insisté l’organisation.
Tiananmen, la « porte de la paix céleste »
De son côté, Benedict Rogers, un journaliste et militant britannique, directeur de Fortifiy Rights et cofondateur de Hong Kong Watch, a évoqué l’événement en se souvenant de ses séjours passés à Pékin dans les années 1990 et 2000 : « À chaque fois que j’allais à Pékin, après un jour de réunions, j’aimais aller dîner, seul ou avec des amis, dans un beau restaurant situé dans une vieille maison chinoise près de la Cité Interdite. Ensuite, souvent près de minuit, j’allais marcher au clair de lune le long de ces murs et du canal chargés d’histoire ancienne. Et puis venait un moment bouleversant quand je passais la ‘Porte de la paix céleste’ [Tiananmen], sous le portrait de Mao Zedong, pour entrer dans la place vide et silencieuse de Tiananmen ».
L’auteur britannique explique ainsi que le souvenir des événements survenus sur cette place en 1989 l’a toujours poussé à ne pas oublier : « Un régime qui tourne ses armes et qui envoie ses tanks contre son propre peuple n’est pas légitime ni digne de confiance, ce n’est pas un régime avec lequel on devrait facilement faire des affaires. Le peuple chinois veut être libre. »
Sources : Ucanews, Asianews