La crise démographique n’est pas une simple question de statistiques. Elle révèle un drame spirituel profond : là où les sociétés ont cessé de faire confiance à Dieu, source de toute fécondité, elles ont commencé à rejeter l’enfant comme un poids plutôt qu’à l’accueillir comme un don. L’étude publiée par Michael Munger dans The Daily Economy le 5 septembre démontre que presque toutes les grandes nations atteindront leur pic démographique d’ici 2045 avant d’entamer un déclin irréversible. La Chine, la Corée du Sud, le Japon, mais aussi l’Italie, l’Espagne ou le Portugal connaissent déjà ou connaîtront bientôt une chute historique de la natalité, sans précédent en dehors des grandes épidémies ou des guerres.
Depuis la fin des années 1960, la peur de la « surpopulation » a été utilisée comme instrument idéologique. Paul Ehrlich annonçait dans son livre The Population Bomb que la planète ne survivrait pas aux naissances excessives et que des famines massives allaient emporter des millions de vies. Ces prophéties se sont révélées fausses, mais elles ont inspiré une politique mondiale de contrôle des naissances, promue par les grandes organisations internationales et soutenue par les gouvernements occidentaux : une civilisation qui ne désire plus d’enfants choisit la mort.
Une civilisation qui ne désire plus d’enfants choisit la mort
Les chiffres rassemblés par Michael Munger sont clairs : l’Italie, avec 1,25 enfant par femme, et la Grèce, avec 1,43, atteindront leur maximum démographique dès 2030. L’Espagne, avec 1,19, et le Portugal, avec 1,40, basculeront dès 2028. La Corée du Sud, tombée au taux dramatique de 0,70 en 2023, connaît déjà son pic. L’Allemagne, la Finlande et la Hongrie entreront en déclin d’ici 2035. Le Japon, déjà en chute depuis 2008, est l’exemple le plus frappant de ce qui attend l’Europe. La France, avec un taux de 1,84, ne tiendra pas au-delà de 2050. Les États-Unis, à 1,62, et le Canada, à 1,40, suivront le même chemin d’ici 2045. Seul Israël, avec près de trois enfants par femme, ne devrait pas connaître de déclin ce siècle.
En Europe , ce déclin n’est pas lié à un manque de ressources ou d’espace, mais à une crise culturelle et spirituelle.La situation est déjà quasi dramatique pour l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, où la fécondité s’est effondrée à des niveaux jamais vus, conséquence directe d’un refus d’accueillir la vie. À cette stérilité s’ajoute la pression d’idéologies destructrices, promues par les élites politiques et culturelles : avortement érigé en droit absolu, théorie du genre imposée à l’école, wokisme dissolvant la famille et la filiation. Tout concourt à déstabiliser le socle chrétien de la civilisation européenne, au point que la crise démographique ne peut être comprise sans cette crise spirituelle et morale. Là où l’on nie la famille et l’ordre naturel voulu par Dieu, la société se condamne à vieillir et à disparaître.
Le pape François l’avait fort justement dénoncé en janvier 2022 :
« Aujourd’hui, les couples ne veulent pas avoir d’enfants, ou un tout au plus. Par contre, ils ont deux chiens, deux chats. Et oui, ça fait rire, mais c’est la vérité : les chiens et les chats occupent la place des enfants. Ce fait de renier la maternité et la paternité nous diminue, nous enlève de l’humanité. Ainsi la civilisation vieillit et la patrie souffre. »
En d’autres termes, là où l’enfant est perçu comme une menace, on le remplace par des substituts affectifs, et la société se condamne à un lent suicide.
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L’Afrique est un signe pour le monde. Là où l’on accueille la vie avec confiance, Dieu bénit et donne un avenir
L’Afrique demeure à ce jour le seul continent où la fécondité reste élevée, avec une moyenne souvent supérieure à quatre L’Afrique subsaharienne, dans son ensemble, affiche une fécondité bien plus élevée : entre 4 et 6 enfants par femme selon les pays. C’est donc le continent le plus fécond du monde.. Mais cette vitalité suscite la méfiance des élites occidentales, qui multiplient les campagnes de contraception et d’avortement. Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a dénoncé avec force cette hypocrisie : « Nos peuples n’ont pas besoin de contraceptifs imposés par l’Occident, mais d’écoles, de routes, d’hôpitaux et d’emplois. L’Afrique aime la vie et refuse cette idéologie de mort. » L’Afrique devient ainsi un signe d’espérance non seulement par sa croissance démographique, mais aussi par sa foi vivante et ses familles solides.
Le danger de l’idéologie antinataliste est total. Il est économique, car il détruit la base même de la prospérité. Il est culturel, car il entraîne la disparition de langues, de traditions et de peuples entiers. Il est spirituel, car il remplace la confiance en Dieu par la peur de l’avenir et réduit l’enfant à une variable économique. Ce refus de la fécondité est en réalité un refus du Créateur, et il condamne les sociétés qui y succombent à la disparition.La réponse catholique est claire. Elle consiste à redécouvrir la confiance en Dieu et à réapprendre la joie de la fécondité. Il s’agit de défendre la vie, de soutenir les familles, de valoriser la maternité et la paternité, et de rappeler que l’enfant est le premier bien commun d’une société. Des politiques courageuses, comme celles de la Hongrie, peuvent aider, mais la racine du problème est spirituelle. Seule une redécouverte de la foi en la Providence et du sens du mariage permettra à l’humanité de retrouver le goût de la vie.
Là où l’on refuse la vie, c’est Dieu lui-même que l’on refuse. L’avenir du monde se joue dans le courage de donner la vie. » Le choix est devant nous : continuer à suivre une idéologie de mort qui mène à la disparition, ou choisir à nouveau la vie et l’espérance en Dieu.