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La messe est dite… et ça dérange : quand la fidélité à l’Évangile devient suspecte

La Pietà devant le maitre autel de Notre Dame de Paris - DR
La Pietà devant le maitre autel de Notre Dame de Paris - DR
Mieux vaudrait-il se demander pourquoi cette " sensibilité" de l'Eglise attire plus et ne fait que grandir ?

Dans un article publié le lundi 21 juillet 2025, Mediapart s’inquiète de la retransmission de la messe de clôture du pèlerinage de Chartres par CNews, y voyant un signe de « droitisation » de l’Église. Classé sous la thématique « extrême droite », l’article pose d’emblée un regard biaisé, comme si tout attachement à la tradition ou toute fidélité au catéchisme relevait automatiquement d’un camp politique extrémiste.

Mais depuis quand la fidélité à l’Évangile, à la doctrine de l’Église et à la liturgie reçue est-elle une posture idéologique ?

Mediapart dénonce une Église « dominé[e] par les courants les plus conservateurs » dès lors qu’elle donne une visibilité à une messe célébrée selon le missel traditionnel, dans le cadre d’un pèlerinage pourtant reconnu, structuré, et suivi par des milliers de jeunes. Le problème n’est donc pas tant la messe que ce qu’elle représente : une fidélité claire à la foi de toujours. Une fidélité au catéchisme de l’Église catholique, à la morale chrétienne, à la liturgie latine ou simplement à la verticalité du culte. Dès lors, ce qui est jugé suspect, ce n’est pas un contenu politique ,qui est absent, mais un contenu théologique assumé, donc inacceptable pour certains milieux qui voudraient que la foi épouse toutes les mutations du monde moderne.

Si être « droitisé », c’est croire que l’Eucharistie est réellement le Corps du Christ et qu’on doit s’en approcher avec respect, alors oui.

Si être « droitisé », c’est vouloir une liturgie tournée vers Dieu, belle, sobre et enracinée dans la tradition, alors oui.

Si être « droitisé », c’est croire que l’Église ne peut pas bénir des unions contraires au plan de Dieu sur le mariage, alors oui. Ces bénédictions dites « pastorales », introduites récemment, sont en contradiction manifeste avec la doctrine officielle de l’Église telle qu’enseignée dans le Catéchisme de l’Église catholique.

À ce jour, aucun religieux, aucun évêque, aucun pape n’a abrogé ou remis en cause cette doctrine. C’est donc au nom de la foi reçue et transmise que beaucoup de fidèles expriment leurs réserves. Cela n’a rien à voir avec un quelconque programme politique.

Si être « droitisé », c’est défendre la vie, la famille, la vérité, alors oui.

Mais si tout cela, qui relève de la foi, de la fidélité à l’enseignement du Christ et du Magistère de l’Église, est interprété comme une prise de position politique, alors c’est qu’on cherche à réduire le catholicisme à une idéologie. Et cela, c’est une grave erreur.

N’en déplaise aux idéologues qui se prennent pour Dieu et prétendent réécrire la doctrine chrétienne à leur image, la foi catholique ne se plie ni aux modes du moment ni aux injonctions des laboratoires progressistes. Elle s’enracine dans une Tradition vivante, transmise fidèlement depuis les apôtres, et non dans les caprices de quelques intellectuels qui confondent Évangile et manifeste politique.

Ainsi, ce que certains décrivent comme une offensive conservatrice relève souvent d’un désir de cohérence, d’une volonté de transmettre une foi authentique, et non édulcorée. Loin des caricatures médiatiques, ces fidèles, jeunes pour beaucoup, ne font que redécouvrir la richesse d’un héritage que d’autres ont voulu effacer.

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L’article publié par Mediapart présente la diffusion de la messe de clôture du pèlerinage de Chartres comme un « putsch médiatique ». Les mots sont forts. On y oppose cette messe à l’émission « Le Jour du Seigneur », qualifiée de plus « consensuelle ». Mais servir le Christ, ce n’est pas rechercher le consensus. C’est rechercher la Vérité. Et le consensus, dans ce monde, rime trop souvent avec renoncement, relativisme, et une forme d’inclusivité tronquée qui prétend accueillir tout le monde tout en taisant l’enseignement du Christ.

La vérité est qu’il n’y a pas eu de putsch. Il y a eu simplement la retransmission d’une messe suivie par des milliers de jeunes et de familles, dans un pèlerinage qui ne cesse de croître depuis plus de quarante ans. Une messe célébrée selon la forme traditionnelle, dans le silence et la ferveur, sans slogans ni agitations politiques. Une messe où l’on prie pour la France, pour les vocations, pour l’Église. Une messe tout simplement catholique.

Pendant ce temps, « Le Jour du Seigneur », émission vénérable et précieuse, semble de plus en plus alignée sur une seule sensibilité ecclésiale : celle d’un courant progressiste qui, dans ses choix d’homélies et de commentaires, relit tout selon la ligne du pape François. N’y a-t-il pas d’autres sensibilités dans l’Église ? Est-ce un mal de les représenter ? L’impression grandit d’une volonté de marginalisation, d’étiquetage, de disqualification de tout ce qui ne correspond pas à ce courant.

Un courant qualifié de « progressiste », dont le seul progrès semble être de s’éloigner de l’Évangile pour mieux coller à l’air du temps.

On a le sentiment qu’une partie de l’appareil médiatique cherche à imposer une lecture idéologique du catholicisme. À force de vouloir réduire la foi à une posture politique, on finit par se tromper d’adversaire. Qui vise-t-on vraiment ? Ces millions de catholiques « zélés », comme les a appelés le pape Léon XIV en parlant du cardinal Sarah, lors de son audience du 3 juillet 2023 ? Ces fidèles qui ne demandent rien d’autre que d’aimer le Christ, de recevoir ses sacrements, de transmettre la foi à leurs enfants, dans la fidélité à l’Église universelle ?

S’ils sont nombreux, ce n’est pas parce qu’ils sont organisés politiquement. C’est parce qu’ils sont fidèles. Et vouloir les réduire à une opinion politique, c’est chercher à discréditer cette fidélité.Mieux vaudrait-il se demander pourquoi cette  » sensibilité » de l’Eglise attire plus et ne fait que grandir ?

La messe de Chartres dérange parce qu’elle ne ressemble pas aux codes habituels. Parce qu’elle montre une Église qui prie, qui chante, qui marche. Une Église à genoux, non devant les puissants, mais devant Dieu. Une Église qui ne se justifie pas d’exister, mais qui existe pour sauver.Oui, la messe est dite. Mais surtout, elle est encore célébrée. Et tant que l’Église annoncera le Christ, elle continuera d’être vivante, quels que soient les qualificatifs que certains voudront lui coller.

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