La Pologne a récemment été le théâtre d’une bataille parlementaire intense autour de la question de la dépénalisation de l’avortement, révélant des divisions profondes au sein de la société polonaise et mettant en lumière les tensions entre les aspirations européennes et les valeurs traditionnelles catholiques.
Le gouvernement dirigé par Donald Tusk, largement soutenu par les institutions européennes, a tenté d’élargir les conditions sous lesquelles l’avortement est permis, une mesure vivement contestée par l’Église catholique et une partie significative de la population polonaise. Cette initiative a été présentée comme une réponse aux pressions des féministes et aux demandes des grandes multinationales pharmaceutiques, mais elle a rencontré une résistance farouche.
Le 12 juillet dernier, cette tension a atteint son sommet lorsque le Parlement polonais a voté sur la proposition de loi controversée. À la grande surprise, une majorité transversale de députés a rejeté la dépénalisation de l’assistance à l’avortement par un étroit margin de 218 voix contre 215, avec deux abstentions. Ce résultat a maintenu en vigueur les lois existantes qui prévoient jusqu’à trois ans de prison pour ceux reconnus coupables d’avoir aidé à un avortement.
Les défenseurs de la législation actuelle, soutenus par divers partis politiques, dont le Parti populaire polonais agraire, ont exprimé leur opposition à la tentative de libéralisation de l’avortement. Le Premier ministre Tusk, souvent décrit comme « catholique et populaire », ainsi que les partis de gauche, ont fait campagne pour le changement, affirmant que la modification des lois sur l’avortement était nécessaire pour répondre aux normes européennes et aux aspirations des mouvements féministes.
Les réactions à ce vote ont été polarisées. Les députés de la gauche de Lewica ont promis de continuer à plaider en faveur de la réforme, tandis que le président Andrzej Duda a réaffirmé son engagement à mettre son veto à toute tentative future de libéralisation de l’avortement.
Ces événements ont été précédés par une série de manifestations massives à travers la Pologne, où des dizaines de milliers de citoyens ont exprimé leur soutien à la vie conçue et leur opposition à toute tentative de réforme des lois anti-avortement. Organisées sous le parrainage de la Conférence épiscopale polonaise, ces manifestations ont vu une participation significative dans plusieurs grandes villes, marquant ainsi une mobilisation populaire en faveur des valeurs catholiques traditionnelles.
La récente décision du Parlement polonais de maintenir les restrictions sur l’avortement illustre donc la capacité de l’Église catholique et de la société polonaise à influencer les décisions politiques cruciales, malgré les pressions internationales et les tendances libérales.
Cette victoire souligne également les profondes divisions idéologiques au sein de la société polonaise et pose des questions importantes sur l’avenir des droits reproductifs et des valeurs culturelles en Europe.