À partir du 1er janvier 2026, la RTBF cessera de financer les émissions religieuses. Officiellement, la chaîne invoque des économies budgétaires imposées par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais derrière cette justification comptable, beaucoup y voient une étape supplémentaire d’une laïcité radicale qui vise à effacer progressivement toute présence de Dieu dans l’espace public.Depuis des décennies, la RTBF réserve un espace d’expression aux cultes reconnus, permettant aux communautés catholique, protestante, orthodoxe ou juive de concevoir des émissions diffusées chaque semaine. Ces programmes, appelés “émissions concédées”, sont portés par une quinzaine d’associations représentatives, avec le soutien financier et technique du service public. Ce modèle, garant du pluralisme et de la visibilité des traditions spirituelles, appartient désormais au passé.
Parmi les rendez-vous emblématiques menacés figurent Il était une foi, Présence protestante, Orthodoxie ou encore Shema Israël. À l’avenir, les associations devront financer elles-mêmes leur production, une charge que beaucoup jugent insurmontable. La RTBF estime pour sa part qu’il est « impossible de maintenir la mise à disposition gratuite de ses moyens de production », compte tenu des restrictions budgétaires imposées par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
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Cette décision s’inscrit dans un contexte d’économies plus large. La chaîne publique a déjà annoncé la suppression de l’émission Vivre ici, la réduction du recours aux prestataires extérieurs et aux indépendants, et le recentrage sur ses missions jugées essentielles. Les salariés internes sont préservés, mais les projets périphériques, notamment religieux, sont les premiers à disparaître.Pour les associations confessionnelles, la portée de cette mesure va bien au-delà d’une question financière. Elle traduit une volonté de marginaliser la parole religieuse dans un espace public où la spiritualité devient de moins en moins visible. Ce choix soulève une inquiétude croissante : sous couvert de laïcité budgétaire, n’assiste-t-on pas à une tentative de bannir purement et simplement Dieu des ondes du service public ?
Cette mise à l’écart du religieux survient alors que l’Église de Belgique traverse une grave crise. Près de 5.000 personnes ont demandé en 2024 à être radiées des registres baptismaux, après le pic de 14.000 en 2023, signe d’une apostasie de masse. Fragilisée par les scandales révélés dans la série Godvergeten et par ses hésitations doctrinales, l’Église belge peine à résister à la sécularisation. La visite du pape François en 2024, marquée par ses paroles fermes sur l’avortement et l’euthanasie, n’a pas ravivé la foi mais révélé des fractures profondes, confirmant combien la voix de l’Église peine à se faire entendre dans une société qui se détourne de Dieu. Arriverons-nous également en France à une suppression des émissions religieuses du dimanche matin, et du Jour du Seigneur, sous prétexte d’économies budgétaires mais avec pour véritable objectif l’effacement de Dieu ? Quand l’homme oublie Dieu, c’est finalement l’homme qu’il oublie lui-même pour se perdre dans les méandres des ideologies les plus scabreuses.