Washington parle désormais de « génocide » contre les chrétiens du Nigeria
Pour la première fois, un haut responsable américain a qualifié les massacres visant les chrétiens nigérians de « génocide portant le masque du chaos ». Une prise de position susceptible de modifier la réponse internationale face à des violences documentées depuis plus de vingt ans. Lors d’un événement organisé par la Mission américaine auprès de l’ONU, mardi 18 novembre 2025, il a dénoncé « un génocide portant le masque du chaos », marquant la première fois qu’un responsable gouvernemental américain utilise ce mot pour décrire les violences.
« Ce n’est pas une violence aléatoire », a affirmé Waltz, rappelant que le pays, riche d’une grande diversité culturelle et religieuse, « est sous siège ». Il a insisté sur la nature ciblée des attaques, estimant que « des groupes jihadistes comme Boko Haram continuent de déchaîner une violence ciblée, spécifique, sur ces communautés chrétiennes », tout en reprochant aux autorités nigérianes leur incapacité à freiner les atrocités.Moins de trois semaines auparavant, le président Donald Trump avait déjà durci le ton en menaçant de « liquider » les groupes terroristes responsables des attaques. Il avait qualifié le Nigeria de « particulièrement préoccupant » en matière de liberté religieuse, rejoignant d’autres nations où des violations sévères sont observées.
L’événement auquel participait Waltz a également vu l’intervention de la chanteuse Nicki Minaj, venue exprimer ses inquiétudes après avoir salué les prises de position présidentielles. Parallèlement, une audition de la Sous-commission de la Chambre des représentants sur l’Afrique doit se tenir le 20 novembre à la demande du président, qui avait déclaré : « Nous sommes prêts, disposés et capables de sauver notre grande population chrétienne dans le monde entier ».
Les violences en cours sont largement documentées. Le rapport 2025 de Global Christian Relief classe le Nigeria comme l’endroit le plus dangereux au monde pour les chrétiens, précisant que les assassinats se concentrent dans les États du nord régis par la loi islamique.
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L’essor de Boko Haram depuis 2009 a profondément aggravé la situation, notamment après l’enlèvement massif de jeunes filles en 2014, dont plusieurs sont toujours portées disparues. Les attaques touchent désormais aussi des prêtres et des séminaristes, comme en témoigne l’assaut du Séminaire Immaculée Conception dans le diocèse d’Auchi, où un garde a été tué et trois séminaristes enlevés.
Le débat sur la nature exacte de ces violences est vif. Le cardinal Pietro Parolin a estimé récemment que les attaques ne relevaient pas principalement d’un conflit religieux, mais plutôt de tensions sociales, en rappelant que de nombreux musulmans en sont également victimes. Cette lecture a été contestée par certains prélatsqui y voient une forme de déni face à une persécution clairement dirigée contre les chrétiens.La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), dans son rapport 2025, a de son côté exhorté Washington à réinscrire le Nigeria parmi les pays « particulièrement préoccupants ». Elle souligne la lenteur ou l’absence de réaction des autorités locales, créant selon elle un climat d’impunité. Dans ce contexte, la prise de parole de Mike Waltz pourrait marquer un tournant. En employant explicitement le terme « génocide », il invite la communauté internationale à reconsidérer l’ampleur de la crise et les moyens d’y répondre, alors même que les chrétiens du Nigeria continuent de payer un lourd tribut à la haine anti-chrétienne.
