L’ancien prieur de la communauté de Riaumont, située à Liévin, a été condamné mardi 6 mai par le tribunal judiciaire de Béthune à deux ans de prison avec sursis pour avoir consulté des images pédopornographiques. Bien qu’il ait été relaxé des faits de détention, il a également été interdit d’exercer toute activité professionnelle en lien avec des mineurs pendant cinq ans. Ce procès s’inscrit dans un contexte plus large de scandales qui secouent la communauté, où plusieurs enquêtes sont en cours pour des violences et des agressions sexuelles sur mineurs.
Lors du procès du 11 mars dernier, le procureur avait requis une peine de deux ans de prison, dont un an avec sursis, à l’encontre de l’accusé. Ce dernier était jugé pour consultation et détention d’images pédopornographiques mettant en scène des mineurs, faits commis entre 2012 et 2017. L’ancien prieur, âgé de 61 ans, a décidé de faire appel de sa condamnation.
Au tribunal, l’accusé avait tenté de justifier ses actes en évoquant une « étude anthropologique » qu’il aurait réalisée pour mieux comprendre les pratiques sexuelles des jeunes, afin de mieux éduquer les pensionnaires de la communauté. Il avait reconnu avoir regardé des vidéos et des photos pornographiques, mais avait nié toute consultation de sites pédopornographiques. Concernant les photos retrouvées sur son ordinateur, représentant des garçons prépubères dans des positions suggestives, il avait expliqué que celles-ci s’étaient téléchargées automatiquement lors de la consultation de vidéos.
Son avocat avait plaidé pour la relaxe, affirmant que rien ne prouvait que les personnes sur les photos étaient des mineurs. Toutefois, le tribunal a estimé que la consultation de ces contenus était suffisante pour une condamnation, bien que les faits de détention n’aient pas été retenus.Cette condamnation fait partie d’un dossier judiciaire bien plus vaste, lié au village d’enfants de Riaumont, une institution sous surveillance judiciaire depuis plusieurs mois. L’ancien prieur de la communauté et six autres religieux sont mis en examen pour des violences volontaires sur mineurs. D’anciens pensionnaires ont fait état de « gifles, de coups ou de punitions dégradantes » infligées entre 2012 et 2017, selon les propos du procureur de Béthune.
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De plus, l’ancien prieur est également poursuivi pour « non-dénonciation de crime » dans le cadre d’une affaire de viol au sein de la communauté. Plusieurs personnes, dont l’ancien prieur, sont impliquées dans cette enquête. Enfin, une autre enquête est en cours concernant des agressions sexuelles, avec deux autres personnes mises en examen dans ce dossier.Ce procès est le premier à avoir lieu dans le cadre du scandale du village d’enfants de Riaumont. La communauté catholique qui a attiré l’attention des autorités judiciaires, fait face à des accusations graves et multiples, qui ne se limitent pas à la consultation de contenus illégaux, mais englobent aussi des accusations de violences physiques et sexuelles à l’encontre de mineurs.
Le village d’enfants de Riaumont, où plusieurs dizaines de jeunes ont été accueillis, se trouve désormais au cœur de plusieurs enquêtes qui, selon certains experts, pourraient mettre à jour des abus systémiques au sein de cette communauté. Le verdict du tribunal judiciaire de Béthune pourrait n’être que le début d’une série de procès visant à éclaircir l’ensemble de ces dérives.
En attendant, l’existence même de la communauté et de ses institutions est désormais remise en question.L’affaire de Riaumont soulève une question cruciale pour l’Église : comment éviter la répétition de tels drames et garantir la sécurité et la dignité des jeunes dans ses institutions ?