C’est l’une des fêtes les plus profondes du calendrier chrétien : l’Annonciation du Seigneur. Chaque année, elle est célébrée le 25 mars, soit exactement neuf mois avant Noël. Mais cette année, les circonstances liturgiques ont conduit à la déplacer au mardi 8 avril 2025. En effet, le 25 mars tombait pendant l’octave de Pâques, période liturgique d’une telle intensité qu’aucune autre fête ne peut y être insérée. L’Annonciation est donc reportée au premier jour « libre » suivant : ce fut le 8 avril.
Ce report n’est pas rare. En 2016, par exemple, le 25 mars tombait un Vendredi saint, et la fête fut alors célébrée le 4 avril. Il faut comprendre que l’Annonciation, bien qu’elle célèbre un mystère majeur – l’Incarnation du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie – cède toujours le pas au mystère pascal, sommet de l’année liturgique.
« Qu’il me soit fait selon ta parole »
Dans l’Évangile de saint Luc, au chapitre 1, Marie reçoit la visite de l’ange Gabriel. Dieu ne s’impose pas. Il demande. Et c’est dans la liberté que Marie prononce cette parole fondatrice : « Qu’il me soit fait selon ta parole. » Par ce « fiat », Dieu peut prendre chair. L’humanité accueille enfin Celui qui vient la sauver.
L’Annonciation est ainsi la fête de l’Incarnation, bien avant Noël. Elle célèbre non seulement le commencement de la vie humaine du Christ, mais aussi l’humilité du plan divin, qui choisit une jeune fille cachée de Nazareth pour accomplir l’alliance nouvelle. Dès cet instant, l’histoire du salut change de rythme. L’éternité entre dans le temps. Le Verbe se fait chair, et Il commence sa vie terrestre comme un minuscule embryon, dépendant, fragile, porté par la foi de sa Mère.
La célébrer juste après Pâques donne à cette fête une saveur toute particulière. Car l’Annonciation contient déjà le mystère de la Croix et de la Résurrection. Le même corps conçu dans le silence de Nazareth sera livré sur la Croix à Jérusalem, puis glorifié dans la Résurrection. Le même fiat de Marie anticipe celui du Christ : « Non pas ma volonté, mais la tienne. »C’est aussi pourquoi l’Annonciation n’est pas seulement la fête de Marie, mais bien la fête du Christ venu dans le monde, et par là, la fête de l’Église naissante, que Marie incarne déjà. Elle est la première à croire, la première à accueillir le salut, la première à offrir sa vie pour que le Verbe puisse demeurer parmi nous.
Cette fête, attestée dès le IVe siècle, a inspiré une multitude d’artistes, de poètes, de saints. Elle a aussi marqué la vie des sanctuaires, comme Notre-Dame du Puy-en-Velay, qui célèbre un Jubilé chaque fois que le 25 mars tombe un Vendredi saint. Le dernier eut lieu en 2016 ; le prochain n’est attendu qu’en… 2157.
L’Annonciation nous enseigne la joie du consentement, la grâce du silence et la beauté du service humble. Elle nous rappelle que Dieu frappe doucement à la porte de nos vies, et qu’il ne vient jamais sans attendre une réponse.
Avec nominis