Alors que le pape François, âgé de 88 ans, poursuit sa convalescence au Policlinico Gemelli, la question de sa succession se pose avec de plus en plus d’insistance. Son état de santé, marqué par plusieurs hospitalisations, nourrit les spéculations sur la fin de son pontificat et sur le conclave qui s’annonce. Depuis son élection en 2013, François a profondément remodelé le collège des cardinaux, favorisant une Église ouverte aux périphéries, mais parfois au prix d’ambiguïtés doctrinales et de tensions internes. Le choix de son successeur déterminera si l’Église poursuivra cette orientation ou si elle renouera avec une ligne plus traditionnelle.
Si le Vatican tente de rassurer sur la capacité du pape à gouverner, en coulisses, les préparatifs du prochain conclave sont déjà en marche. Les cardinaux se positionnent discrètement, les alliances se forment, et les noms des potentiels successeurs circulent avec insistance. Le prochain pape héritera d’une Église fragilisée par des crises multiples, où les tensions entre progressistes et conservateurs n’ont jamais été aussi marquées.
Plusieurs figures émergent parmi les prétendants au trône de Pierre. Le cardinal Pierbattista Pizzaballa, Patriarche de Jérusalem, bénéficie d’une stature spirituelle forte en raison de son engagement en Terre Sainte. Son expérience pastorale et son contact direct avec les chrétiens persécutés en font une personnalité respectée, mais son influence dans la Curie demeure limitée.
Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Vatican, est souvent présenté comme un homme de continuité. Diplomate chevronné, il a joué un rôle clé dans les relations internationales du Saint-Siège, notamment avec la Chine. S’il incarne une forme de stabilité institutionnelle, son approche parfois trop pragmatique et conciliante avec certains régimes autoritaires suscite des réserves, notamment parmi les catholiques attachés à une Église plus affirmée dans ses principes.
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Le cardinal Luis Antonio Tagle, ancien archevêque de Manille et aujourd’hui préfet du Dicastère pour l’Évangélisation, est l’un des favoris des milieux progressistes. Proche de François, il séduit par son dynamisme et son engagement pastoral. Cependant, son manque d’expérience gouvernementale et son alignement idéologique avec le pontificat actuel pourraient être un frein à son élection.
Le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne, incarne lui aussi une certaine continuité bergoglienne, mais avec un style plus diplomatique et pastoral. Engagé dans des missions de médiation internationale, il bénéficie d’un soutien significatif en Italie et en Europe. Toutefois, ses prises de position ambiguës sur des questions doctrinales, notamment sur la bénédiction des couples homosexuels, risquent de diviser le collège cardinalice.
Face à ces figures progressistes, plusieurs cardinaux plus enracinés dans la tradition catholique pourraient représenter une alternative. Le cardinal Péter Erdő, archevêque de Budapest, est un théologien rigoureux et un canoniste respecté. Il incarne une Église fidèle à son enseignement moral et sacramentel. Son profil pourrait séduire les électeurs désireux de renouer avec une ligne doctrinale plus ferme, mais son manque de visibilité médiatique joue en sa défaveur.
Le cardinal Willem Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht, partage cette rigueur doctrinale et s’est illustré par ses positions claires contre les dérives progressistes. Son profil rappelle celui de Benoît XVI, mais dans un contexte où le collège cardinalice a été largement recomposé sous François, son élection semble difficile.
Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, est un autre nom qui circule parmi les conservateurs. Ancien proche de Benoît XVI, il s’est distingué par son attachement à la liturgie et sa défense du rite traditionnel. Son expérience au sein de la Curie et son engagement missionnaire en Asie font de lui un candidat sérieux pour ceux qui souhaitent un retour à une Église plus enracinée dans sa tradition.
Le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoon, est un ardent défenseur des chrétiens persécutés en Asie. Son courage face aux régimes oppressifs lui confère un prestige moral, mais son influence dans le conclave reste incertaine.
Le cardinal Anders Arborelius, évêque de Stockholm, est une figure plus discrète mais respectée pour son sens pastoral et son engagement missionnaire en Europe. Son profil équilibré pourrait en faire un candidat de compromis, même si son poids au sein de la Curie demeure limité.
Les journalistes sont à l’affût…
Le prochain conclave ne sera pas seulement une élection, mais un choix déterminant pour l’orientation future de l’Église. Si François a laissé une empreinte forte sur le pontificat, la question reste ouverte sur la direction que prendra son successeur. Poursuivra-t-il l’œuvre de transformation engagée ou marquera-t-il un retour à une Église plus ancrée dans la tradition ? À Rome, la réponse se prépare déjà dans l’ombre.