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Le collège cardinalice des 7 et 8 décembre sera-t-il l’heure de vérité pour les fidèles attachés à la tradition ?

Monseigneur Patrick Chauvet lors de la messe d'envoi du 43 eme pèlerinage de Chartres à l'église Saint Sulpice @tribunechretienne
Monseigneur Patrick Chauvet lors de la messe d'envoi du 43 eme pèlerinage de Chartres à l'église Saint Sulpice @tribunechretienne
À l’approche du collège cardinalice convoqué par le pape Léon XIV, de nombreux fidèles attachés à la tradition liturgique espèrent que cette rencontre marquera la fin d’une véritable ségrégation liturgique vécue depuis plusieurs années au sein de l’Église

La liturgie devrait occuper une place centrale lors du collège cardinalice que le pape Léon XIV a décidé de réunir les 7 et 8 décembre prochains. Selon les informations publiées par le quotidien italien il Giornale, cette orientation figure explicitement dans une lettre envoyée par le Pontife à l’ensemble des cardinaux, détaillant l’agenda et les thèmes majeurs appelés à être discutés collectivement.Le choix de soumettre la question liturgique à l’ensemble du collège cardinalice, et non à un cercle restreint de collaborateurs, constitue en soi un geste significatif. Il traduit la volonté du pape Léon XIV de reconnaître la gravité de tensions qui, loin d’être marginales, traversent aujourd’hui profondément la vie de l’Église.

Aux côtés de la synodalité et de la gouvernance de la Curie romaine, la liturgie apparaît désormais comme l’un des nœuds majeurs du discernement ecclésial.

Depuis la promulgation du motu proprio Traditionis custodes en 2021, la célébration de la messe selon le missel de 1962 est devenue un point de fracture durable. Dans de nombreux diocèses, les restrictions imposées ont été vécues par une partie des fidèles non comme une mesure pastorale, mais comme une mise à l’écart, voire une suspicion systématique. Le débat liturgique s’est ainsi transformé en un conflit latent entre différentes sensibilités ecclésiales, souvent géré par des décisions administratives plus que par un véritable dialogue théologique.Or cette réalité concerne des communautés qui, dans bien des contextes marqués par la sécularisation, se distinguent par leur vitalité spirituelle, leur fécondité vocationnelle et leur attachement visible à la vie sacramentelle. Là où la liturgie est célébrée avec soin, continuité et sens du sacré, on observe fréquemment un renouveau ecclésial inattendu, contrastant avec l’épuisement pastoral constaté ailleurs.

Le fait que le pape Léon XIV ait choisi de placer la liturgie au cœur d’un collège cardinalice suggère une prise de conscience plus large. La liturgie n’est pas une question secondaire ni un problème à contenir, mais le lieu même où l’Église se reçoit et se reconnaît. Ce qui est en jeu dépasse largement la seule question de la messe dite traditionnelle, il touche à la compréhension de l’Eucharistie comme source et sommet de la vie chrétienne.

Selon il Giornale, la rencontre pourrait également permettre d’aborder la relation de l’Église avec les fidèles qui, tout en adhérant pleinement au concile Vatican II, souhaitent continuer à vivre leur foi dans le cadre liturgique hérité du missel de 1962. Le simple fait que cette question soit désormais discutée de manière collégiale marque une rupture avec une période durant laquelle elle fut souvent traitée de façon unilatérale, parfois perçue comme punitive.

Si ce processus devait conduire à une relecture, une clarification ou une évolution de Traditionis custodes, l’enjeu serait considérable. Il ne s’agirait pas seulement d’un ajustement disciplinaire, mais d’un pas vers la réconciliation interne de l’Église avec une part vivante de son propre corps.

Beaucoup de fidèles attachés à la tradition espèrent que ce collège cardinalice sera l’occasion de reconnaître que la diversité liturgique, lorsqu’elle s’inscrit dans la communion ecclésiale, ne menace pas l’unité mais peut au contraire la servir.Pour ces fidèles, l’attente est claire, il ne s’agit pas d’un privilège ni d’un combat identitaire, mais du désir de mettre fin à ce qui est perçu comme une véritable ségrégation liturgique. Une situation dans laquelle certains catholiques se sentent tolérés à contrecœur, voire marginalisés, en raison de leur attachement à une forme liturgique pleinement reconnue par l’histoire et la tradition de l’Église.

Le collège cardinalice des 7 et 8 décembre apparaît ainsi comme un moment charnière du pontificat de Léon XIV. Plus qu’un débat technique ou disciplinaire, il pourrait devenir un test de vérité sur la capacité de l’Église à restaurer une unité authentique autour de l’autel, dans le respect de sa propre tradition et au service de sa mission dans un monde profondément déchristianisé.

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