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Le couvent devenu le club des révolutionnaires

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L'histoire du couvent des Cordeliers prit un tournant majeur pendant la Révolution française. En mai 1790, la chapelle du couvent fut réquisitionnée pour devenir le siège du Club des Cordeliers de Georges Jacques Danton.

Le couvent des Cordeliers de Paris, un établissement monastique fondé grâce aux largesses du roi Louis IX, est une institution historique associée à l’ordre franciscain. Il est situé dans le quartier latin , actuellement à l’emplacement de la rue de l’École-de-Médecine, dans le 5e arrondissement.

L’ordre franciscain, également connu sous le nom de l’ordre des Cordeliers, a trouvé sa place en France au fil des siècles. Avant la Révolution française, le couvent des Cordeliers avait déjà une histoire riche et une signification profonde pour la communauté religieuse de l’époque.

La fondation du couvent des Cordeliers est le résultat de la générosité du roi Louis IX et de sa fille Blanche. Ils ont contribué à l’établissement de ce couvent qui a prospéré au fil du temps. Le couvent occupait un espace délimité par les rues Antoine-Dubois, Monsieur-le-Prince, la proximité de l’église Saint-Côme (à l’angle de la rue Racine et du boulevard Saint-Michel), la rue de La Harpe, et la rue qui portait alors le nom de l’institution, devenue plus tard la rue de l’École-de-Médecine. Bien qu’il ne possédât pas les murailles impressionnantes du Temple, il s’agissait néanmoins d’une des plus anciennes implantations monastiques dans le Paris médiéval.

Le couvent était composé d’une chapelle, l’une des plus vastes de Paris, souvent appelée église des Cordeliers de Paris. Elle était adjacente à un cloître dont l’une des faces était surélevée par un bâtiment où se tenaient les théologiens de l’ordre. Cette chapelle donnait à la fois sur le cloître et sur un magnifique jardin arboré qui s’étendait jusqu’au collège d’Harcourt. Ce jardin offrait des allées ombragées propices à la contemplation. La salle du couvent était le lieu de réunions pour divers groupes, dont le Musée de Paris situé rue Dauphine, et plus tard, le Club des Cordeliers, dont les réunions avaient un caractère insurrectionnel plus marqué que celles du Club des Jacobins.

Sous le règne d’Henri IV, une partie du couvent des Cordeliers fut temporairement utilisée pour abriter la bibliothèque du Roi de 1604 à 1622. Avant la Révolution, les moines louaient certaines de leurs salles à des artistes et des sociétés, notamment l’atelier d’urbanisme dirigé par Edme Verniquet en 1785, où fut élaboré le plan de Paris achevé en 1791. Cependant, le couvent traversait une période de déclin en raison d’une crise de recrutement.

L’histoire du couvent des Cordeliers prit un tournant majeur pendant la Révolution française. En mai 1790, la chapelle du couvent fut réquisitionnée pour devenir le siège du Club des Cordeliers de Georges Jacques Danton.

Le club, officiellement nommé la « Société des amis des droits de l’homme et du citoyen », fut chassé du couvent par la Municipalité de Paris le 16 mai 1791, avec l’apposition de scellés sur la porte.

Le club changea plusieurs fois de lieu avant de s’installer le 18 mai de la même année à l’Hôtel de Genlis, également connu sous le nom de musée de Paris, situé au 24 rue Dauphine.

Le couvent des Cordeliers devint le point de ralliement des « démocrates de gauche » pendant la Révolution. Il était symbolisé par l’œil de la surveillance, emblème du club, et se concentrait sur la dénonciation des abus et des injustices commis contre les patriotes de toutes les classes sociales. Des personnalités politiques notables de l’époque, telles que Pierre-Gaspard Chaumette, Jean-Paul Marat, Camille Desmoulins et Danton (bien que ce dernier se soit rapidement éloigné du club après sa création), vivaient à proximité. Le club était également ouvert aux femmes, telles que la demoiselle Le Maure, qui participait activement à la rédaction d’adresses et de pétitions.

La chapelle du couvent des Cordeliers, qui avait autrefois été un lieu de culte, fut transformée pour accueillir les réunions du club. Elle était aménagée avec des bancs en amphithéâtre, une tribune pour les orateurs, ainsi que des symboles révolutionnaires, tels que le tableau de la Déclaration des droits de l’Homme et les bustes de figures révolutionnaires telles que Brutus, Guillaume Tell, Mirabeau, Helvétius et Jean-Jacques Rousseau.

Après la journée du 10 août 1792, une partie du couvent fut convertie en hôpital pour soigner les Marseillais blessés lors de l’assaut des Tuileries. Jean-Paul Marat, décédé en juillet 1793, fut enterré dans le jardin des Cordeliers sous un saule pleureur, avant d’être transféré au Panthéon français.

Le club des Cordeliers fut finalement fermé en 1795, mettant ainsi fin à une période tumultueuse de son histoire.

De nos jours, il reste peu de traces du couvent des Cordeliers d’origine. Le bâtiment du réfectoire, le seul vestige subsistant de l’édifice initial, a été classé monument historique le 12 juin 1975. L’école de médecine s’est développée sur une partie du site, laissant place à des expositions temporaires artistiques dans le réfectoire restauré ces dernières années.

Le cloître oriental, appartenant désormais à Sorbonne Université, abrite des laboratoires de recherche ainsi que des services administratifs liés aux études doctorales et à la médecine préventive. La réhabilitation de l’ancien réfectoire du couvent a permis la création de logements pour chercheurs sociaux et internationaux, ainsi que l’aménagement d’une salle événementielle.

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