Depuis 2000 ans

[ VIDEO ] « Le dossier du sénateur Durbin doit être considéré dans sa totalité » déclare le pape Léon XIV

Le sénateur Durbin, le cardinal Cupich et le pape Léon XIV - DR
Le sénateur Durbin, le cardinal Cupich et le pape Léon XIV - DR
"Certains disent qu’ils sont contre l’avortement mais en même temps favorables à la peine de mort : ce n’est pas non plus une attitude en faveur de la vie. »

Le 3 novembre prochain, l’archidiocèse de Chicago doit normalement organiser au Saint Ignatius College Prep l’événement Keep Hope Alive, une soirée de charité en faveur de la pastorale des migrants. À cette occasion, le cardinal Blase J. Cupich remettra un prix pour l’ensemble de la carrière au sénateur Dick Durbin, 80 ans.Mais le sénateur démocrate de l’Illinois est aussi un fervent promoteur des politiques pro-avortement. Cette décision de le distinguer a donc scandalisé une partie de l’Église américaine.

Monseigneur Thomas Paprocki, évêque de Springfield, n’a pas mâché ses mots. « Je suis choqué d’apprendre que l’archidiocèse de Chicago entend honorer le sénateur Richard Durbin avec un prix pour l’ensemble de sa carrière. » Il a rappelé que, depuis 2004, Dick Durbin est privé de communion dans son diocèse d’origine, d’abord par décision de son curé, puis confirmée par lui-même comme évêque diocésain, en raison de son soutien persistant et étendu au droit à l’avortement. « Compte tenu de la longue et constante histoire du sénateur Durbin en faveur de l’avortement légal, y compris son opposition à des lois visant à protéger les enfants survivants d’avortements ratés, cette décision risque de causer un grave scandale et de semer la confusion chez les fidèles quant à l’enseignement clair et indiscutable de l’Église sur la sacralité de la vie humaine », a-t-il ajouté.

Le cardinal Cupich a défendu son choix en soulignant que Durbin réside depuis plusieurs années à Chicago, est inscrit dans une paroisse de l’archidiocèse et le considère désormais comme son évêque.

Lire aussi

Il s’est dit fidèle aux directives publiées en mai 2021 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui invitaient les évêques à dialoguer avec les responsables politiques catholiques de leurs juridictions, afin de comprendre la nature de leurs positions et leur compréhension de l’enseignement catholique. Mais pour beaucoup, la différence entre dialoguer et récompenser est immense.L’archevêque de San Francisco, Mgr Salvatore J. Cordileone, s’est publiquement rangé du côté de Mgr Paprocki. Dans un message publié sur X, il a écrit que Mgr Paprocki a raison de dire que la clarté comme l’unité sont en danger et qu’il espère que ceci sera un appel fort à tous les membres du Corps du Christ pour qu’ils prennent position et réaffirment la gravité du mal qu’est la suppression de vies humaines innocentes.

Alors que le scandale enflait, le pape Léon XIV est intervenu hier soir, mardi 1er octobre, dans une brève réponse à des journalistes.

« Le dossier du sénateur Durbin doit être considéré dans sa totalité. Les catholiques américains doivent rechercher ensemble la vérité sur les questions éthiques et ne pas se diviser en factions irréconciliables. Nous ne pouvons réduire une personne à un seul aspect de sa vie politique. La vérité demande patience, dialogue et fidélité à l’Évangile. »

Le pape a poursuivi en établissant un parallèle :

« Certains disent qu’ils sont contre l’avortement mais en même temps favorables à la peine de mort : ce n’est pas non plus une attitude en faveur de la vie. »

Cette affaire illustre les différences de sensibilité qui traversent l’épiscopat des États-Unis. D’un côté, ceux qui insistent sur la fermeté doctrinale et estiment impossible de rendre hommage à un politicien favorable à l’avortement. De l’autre, ceux qui privilégient une approche pastorale et le dialogue avec les élus, quitte à donner une image d’ambiguïté.En France aussi, le débat autour de l’attitude des responsables politiques catholiques face aux lois contraires à l’Évangile de la vie demeure brûlant. Après l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, une nouvelle étape s’annonce : le 7 octobre prochain, les sénateurs devront se prononcer sur la loi dite de « l’aide à mourir », qui ouvre en réalité la voie à la légalisation de l’euthanasie. Beaucoup s’interrogent : faut-il, oui ou non, interpeller les élus catholiques sur leur responsabilité morale et publique dans ce vote décisif ? Cette affaire américaine rappelle que la cohérence de la foi et le témoignage rendu à la vie humaine, de son commencement à sa fin naturelle, ne peuvent être relativisés sans provoquer scandale et confusion.

Recevez chaque jour notre newsletter !

RESTEZ CONNECTÉS !

Suivez l’actualité quotidienne des chrétiens en France et dans le monde

Rejoignez nos 60 000 abonnés : inscrivez ci-dessous votre adresse mail et recevez notre newsletter tous les jours, c’est gratuit !