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Le pape Léon XIV cèdera-t-il sous la pression du Watergate liturgique ?

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Des sources internes confient que la Congrégation pour la doctrine de la foi, en accord avec la majorité des évêques, avait recommandé le maintien de Summorum Pontificum. Ces révélations ravivent l’idée d’une persécution liturgique contre la messe traditionnelle

Cette affaire secoue le Vatican jusque dans les coulisses de la salle Clémentine : les révélations récentes remettent gravement en cause les fondements du motu proprio Traditionis custodes, promulgué en 2021 par le pape François pour restreindre l’usage de la messe selon le missel de 1962. Alors que le pape Léon XIV entame son pontificat, la pression monte : maintiendra-t-il un texte désormais soupçonné d’avoir été bâti sur des fondations.Le média italien La Bussola précise que ces doutes se sont cristallisés autour des travaux de la journaliste Diane Montagna, qui a publié le numéro de protocole du document original émis par la Congrégation pour la doctrine de la foi après la consultation menée en 2020 auprès des évêques du monde entier. Contrairement à ce que laissait entendre le préambule de Traditionis custodes, cette consultation ne concluait pas à la nécessité de restreindre la messe tridentine. Bien au contraire, la majorité des évêques s’y montraient favorables ou, à tout le moins, non opposés. Ce constat avait été repris dans l’avis de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui s’alignait clairement sur le maintien du Summorum Pontificum.

Ces éléments mettent en évidence les véritables dynamiques internes qui ont conduit à la publication de Traditionis custodes. Lors d’une conférence de presse le 3 juillet, le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, a tenté de désamorcer la polémique en qualifiant les révélations de Montagna de « reconstruction très partielle et incomplète » du processus décisionnel. Il a également évoqué, pour la première fois, l’existence d’« autres consultations » et de « rapports confidentiels » qui auraient, selon lui, joué un rôle dans la décision finale.

Or, ni le motu proprio ni la lettre d’accompagnement du pape François ne font allusion à de telles sources complémentaires. Interrogé précisément sur ce point par La Bussola, le directeur de la salle de presse du Saint Siége a refusé de fournir des explications sur la nature ou le contenu de ces « consultations supplémentaires ». Plusieurs évêques ont d’ailleurs affirmé n’avoir jamais reçu d’autre questionnaire que celui de 2020. Si d’autres enquêtes ont eu lieu, elles ont donc été menées en secret, sur un échantillon restreint et manifestement orienté.

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Dès lors, qui a réellement pesé dans la décision ?

Selon plusieurs sources internes au Vatican, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait bien donné un avis favorable au maintien du Summorum Pontificum, mais c’est la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, plus hostile à la liturgie traditionnelle, qui aurait fait pression pour obtenir la restriction du rite ancien. Une pression bureaucratique, plus idéologique que pastorale, qui aurait directement influencé le choix de François.

L’affaire, désormais surnommée Watergate liturgique, révèle une fracture profonde entre les pratiques de gouvernement romain et la réalité du terrain épiscopal. Elle ne vise pas à forcer la main au pape Léon XIV, mais elle souligne l’urgence d’un acte de justice pour restaurer la paix liturgique. Le nouveau pontife, soucieux d’unité, pourrait choisir de ne pas abroger formellement Traditionis custodes, mais d’en réduire considérablement la portée, en redonnant aux évêques une autorité locale sur la question.Dans l’attente, de nombreux fidèles restent profondément blessés par ce qu’ils perçoivent comme une persécution liturgique arbitraire et infondée. À Léon XIV désormais de trancher avec sagesse, vérité, et charité.

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