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Le pape Léon XIV reçoit Margaret Karram, présidente des Focolari : un mouvement qui veut réaffirmer ses engagements dans sa lutte contre les abus

Le Pape Léon XIV - Margaret Karram  , présidente des Focolari - DR
Le Pape Léon XIV - Margaret Karram , présidente des Focolari - DR
Cette rencontre s’inscrit dans le processus de réforme et de transparence engagé par le mouvement après les révélations passées d’abus : « Les Focolari n’ont pas été indemnes »

Né en 1943 à Trente, en Italie, le Mouvement des Focolari ( un nom issu du mot italien focolare, qui signifie « âtre, chaleur, foyer ») doit son origine à Chiara Lubich, qui a fondé une œuvre de spiritualité centrée sur l’unité et la prière de Jésus « Que tous soient un » (Jn 17, 20-26). Aujourd’hui, les Focolari sont présents dans 182 pays et rassemblent environ deux millions de sympathisants, engagés dans des domaines variés : la vie familiale, l’éducation des jeunes, le dialogue interreligieux et l’« Économie de Communion ».

Depuis janvier 2021, la présidence du mouvement est assurée par Margaret Karram, catholique arabe née à Haïfa, en Israël, et profondément engagée dans le dialogue entre juifs, chrétiens et musulmans. Son parcours, marqué par la réconciliation et la rencontre, en fait une figure particulièrement adaptée à cette étape délicate de l’histoire des Focolari. À ses côtés, le père espagnol Jesús Morán exerce la fonction de co-président, garant de la fidélité doctrinale et du discernement spirituel du mouvement.

En mars 2022, un rapport indépendant commandé par le Mouvement révélait l’ampleur d’abus sexuels commis en France par un ancien membre charismatique, Jean-Michel M., entre 1963 et 1997. Vingt-six victimes avaient témoigné, et au moins onze autres cas crédibles avaient été recensés. L’enquête soulignait de graves « défaillances systémiques » dans la gestion de cette affaire, tant en France qu’à Rome, et recommandait des excuses publiques ainsi qu’un dispositif de réparation.Un an plus tard, en avril 2023, le Mouvement publiait son premier rapport mondial, qui recensait 61 cas d’abus sexuels sur mineurs et personnes vulnérables depuis 1969. Parmi eux, 13 concernaient des enfants de moins de 14 ans, 29 des adolescents, 17 des adultes vulnérables et 2 des cas de pornographie infantile. Au total, 66 abuseurs ont été identifiés, majoritairement des laïcs, mais aussi des prêtres, des religieux et quelques femmes.

Au-delà des chiffres, ce rapport reconnaissait également des abus spirituels et d’autorité, révélant combien l’emprise psychologique avait pu peser dans certaines communautés locales.

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Le document, intitulé Vers une culture de la protection intégrale de la personne, a marqué un tournant. Présenté par Margaret Karram et le père Morán, il exprime à la fois un repentir sincère et un engagement concret. « Les Focolari n’ont pas été indemnes », reconnaissent-ils, demandant pardon aux victimes et remerciant celles qui ont eu le courage de témoigner.Le rapport détaille des mesures désormais mises en place :un rapport annuel sur les signalements,la création d’une Commission indépendante centrale, effective depuis mai 2023, chargée du traitement exclusif des cas,un protocole international de signalement, garantissant le recours immédiat à la justice civile lorsque la loi l’impose ou lorsque les faits constituent un délit,des programmes de formation systématiques pour tous les responsables, du niveau local au niveau central, afin de diffuser une culture de vigilance et de protection,des dispositifs de réparation économique et psychologique à destination des victimes.

Ainsi, le Mouvement veut affirmer sa volonté de transformer en profondeur sa gouvernance et ses pratiques, pour que de tels drames ne puissent plus se reproduire.L’audience de ce vendredi 26 septembre avec le pape Léon XIV s’inscrit dans ce contexte. En recevant Margaret Karram et le père Jesús Morán, le Saint-Père a voulu manifester son soutien au chemin entrepris et rappeler l’exigence d’une fidélité sans compromis à l’Évangile.

Si le contenu de l’entretien n’a pas été rendu public, il apparaît clair que le pape Léon XIV encourage le Mouvement à poursuivre avec détermination ce processus de purification et de vérité. Le charisme de l’unité, hérité de Chiara Lubich, ne peut retrouver sa crédibilité que s’il s’accompagne d’une protection réelle des plus vulnérables et d’une transparence institutionnelle sans faille.Aujourd’hui, les Focolari veulent conjuguer fidélité à leur charisme fondateur et engagement concret pour la justice. Leur avenir dépendra de leur capacité à être, selon les mots de leurs statuts, une « présidence de charité », c’est-à-dire une gouvernance fondée sur le service, l’humilité et la vérité.

En rencontrant le pape Léon XIV, Margaret Karram et le père Morán ont voulu réaffirmer cet engagement : transformer une épreuve douloureuse en une occasion de renouveau, au service de l’Église et de l’humanité.

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