Le pape Léon XIV remet la loi naturelle au cœur de l’Église, après une décennie d’éclipses doctrinales
Le Pape Léon XIV arrivant salle Clémentine au Vatican - DR
Un tournant décisif après des années de flou théologique et d’oubli magistériel sous le pontificat de François
Devant les parlementaires italiens réunis au Vatican pour le Jubilé des gouvernants, le pape Léon XIV a prononcé un discours de haute clarté doctrinale. Le cœur de son message ? Fonder l’action politique sur la loi naturelle, cette règle morale universelle, inscrite dans la nature humaine et reconnue par la raison, vérité longtemps laissée dans l’ombre sous François:« La loi naturelle, non écrite par la main de l’homme, mais reconnue comme valable universellement et en tout temps, trouve dans la nature elle-même sa forme la plus plausible et la plus convaincante », a-t-il affirmé, marquant un retour aux fondements immuables de la morale, là où les approches précédentes misaient sur l’accompagnement subjectif.Le Saint Père a notamment cité Cicéron :« La loi naturelle est la droite raison, conforme à la nature, universelle, constante et éternelle, qui, par ses injonctions, pousse au devoir, et par ses interdictions, détourne du mal […]. Il n’est pas permis de la modifier, ni d’en retrancher une partie, ni de l’abolir entièrement […]. Mais une seule loi, éternelle et immuable, régira tous les peuples en tout temps. »
Cette référence montre que la loi morale n’est pas contingentielle mais profondément enracinée dans la Création, imposant un critère transcendant aux législations humaines. Le pape a poursuivi : La loi naturelle – universellement valable, au-delà et au-dessus de convictions de caractère plus discutable – constitue la boussole pour s’orienter dans la législation et l’action, notamment sur les questions éthiques délicates qui, aujourd’hui, se posent de manière plus pressante qu’autrefois, touchant à la sphère de l’intimité personnelle. »
Léon XIV précise que cette loi n’est pas un sentiment, mais une connaissance issue de la raison : « Que la loi soit dite ‘naturelle’ signifie que l’homme la connaît par connaturalité, c’est-à-dire selon sa nature intelligente. » Sans la religio vera, cette connaissance reste incomplète :
« En pratique, elle repose sur une vision des capacités de la raison humaine que seule la religio vera parvient à garantir. »
Le pape établit ainsi un lien étroit entre raison droite, foi catholique et loi naturelle, invitant aussi à ne pas exclure le transcendant du débat public :« Pour avoir un point de référence unifié dans l’action politique, plutôt que d’exclure a priori, dans les processus décisionnels, la considération du transcendant, il sera profitable de chercher, en celui-ci, ce qui unit tous les hommes. »
Mais ce « transcendant » n’est pas neutre. Il renvoie, comme le rappelait Benoît XVI, non pas à un absolu flou, mais au Dieu unique, créateur et législateur. Face au relativisme moderne et à certaines dérives des droits de l’homme détachés de toute transcendance, Léon XIV trace un cap clair.En évoquant la Déclaration universelle des droits de l’homme, le pape souligne une convergence possible, mais avec prudence. Ce texte, s’il reflète partiellement la loi naturelle, demeure marqué par une conception moderne de la personne, souvent détachée de toute référence à Dieu et à une nature ordonnée.
Il conclut enfin en citant l’exemple de saint Thomas More, « modèle de gouvernant chrétien », dont l’engagement pour la vérité, même au prix de sa vie, montre que politique et foi ne sont pas ennemies mais appelées à se féconder mutuellement.En réaffirmant la centralité de la loi naturelle, Léon XIV restaure un enseignement fidèle à la tradition thomiste et à la doctrine sociale de l’Église. Il ne s’agit pas d’un retour en arrière, mais d’un redressement. L’Église, par la voix de Léon XIV, renoue avec une parole claire, audacieuse et fondée sur la vérité. Un cap attendu après une décennie d’éclipses doctrinales.
