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Le pape Léon XIV ne plaît pas au Canard Enchaîné… et c’est tant mieux

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Il y a une différence essentielle entre le charisme authentique, qui vient de la fidélité au Christ et de la profondeur spirituelle, et l’attitude d’agitateur ou de mascotte médiatique, qui flatte les caméras mais ne nourrit pas les âmes

Il fallait s’y attendre : à peine installé sur la chaire de Pierre, le pape Léon XIV se retrouve déjà dans la ligne de mire des habituels pamphlétaires du Canard Enchaîné. Dans son édition du 20 août, l’hebdomadaire satirique consacre une page à « Léon XIV, le souverain poncif ». Sous la plume acide de David Fontaine, on lit que le Saint-Père serait « terne », « falot », « chiant », et même « une sorte de Bayrou fait pape ». Bref, un portrait taillé pour ridiculiser.

Mais faut-il vraiment s’en offusquer ? Non. Bien au contraire.

Car si le pape Léon XIV ne plaît pas au Canard, c’est sans doute qu’il se situe à mille lieues des obsessions idéologiques et des provocations médiatiques qui font le sel de ce journal. Le Canard aime les papes qui dérangent, qui bousculent les traditions, qui transforment la foi en slogan politique. Qu’un successeur de Pierre prenne le contre-pied de cette logique et préfère la sobriété à l’agitation, voilà qui ne pouvait que déplaire.On reproche au pape Léon XIV de ne pas « marquer les esprits par son charisme ». En réalité, il marque autrement : par son attachement à l’essentiel, par son refus des effets de manche, par sa volonté de tenir ensemble une Église profondément divisée. Dans une époque où la surenchère verbale passe trop souvent pour du courage, son calme devient paradoxalement une forme de radicalité.

Il y a une différence essentielle entre le charisme authentique, qui vient de la fidélité au Christ et de la profondeur spirituelle, et l’attitude d’agitateur ou de mascotte médiatique, qui flatte les caméras mais ne nourrit pas les âmes

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Les critiques vont jusqu’à se moquer de son silence sur certains dossiers, comme l’appel d’une chanteuse américaine l’exhortant ( Madonna) à se rendre à Gaza. Mais faut-il rappeler que le pape n’est pas un influenceur ? Son rôle n’est pas de répondre aux injonctions de stars mondialisées, mais d’enseigner la foi, de rappeler l’Évangile, et de travailler à la paix par la prière et la diplomatie. On se souvient des reproches faits jadis à Jean-Paul II, trop discret aux yeux de certains, jusqu’au jour où son action souterraine contribua à renverser un empire.Il faut aussi replacer ce pontificat dans son contexte.

L’Église que Léon XIV a reçue en héritage est une Église fracturée par les dix années de François. L’influence de certains courants ultra-progressistes sur son entourage, ses textes et ses décisions, a laissé de profondes divisions. Dans ce climat, où beaucoup de collaborateurs romains restent imprégnés de la culture bergoglienne, il faut une véritable force d’âme, beaucoup de courage et une prudence évangélique pour tenter de redresser la barre.

Léon XIV a choisi de gouverner avec patience, sans brutalité, mais avec un cap clair : restaurer l’unité, apaiser les tensions, et replacer le Christ au centre plutôt que les idéologies.Quant à l’argument de l’« ennui », il révèle surtout la pauvreté de ceux qui n’ont rien à dire sur le fond. On qualifie Léon XIV de « pape du plus petit dénominateur commun ». Mais n’est-ce pas précisément la mission de Pierre que de rassembler, de tenir l’unité, de ne pas sacrifier une moitié de l’Église pour plaire à l’autre ? La prudence, ici, n’est pas fadeur : elle est sagesse.

En somme, le procès intenté par le Canard Enchaîné nous rassure. Car si le pape Léon XIV était encensé par les éditorialistes satiriques, il faudrait sans doute s’inquiéter. Un pape qui déplaît aux rieurs de service, c’est un pape qui a choisi la gravité, la fidélité, la prière. Et c’est tant mieux.

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