Il n’y a que trois papes dans toute l’histoire de l’Église qui ont mérité le titre de « le Grand » à la fin de leur nom. Et tous trois ont vécu au 1er millénaire:
Saint Grégoire le Grand a régné de la fin du VIe au début du VIIe et est célèbre pour sa Règle pastorale, il a fait d’importantes réformes liturgiques et, bien sûr, le chant grégorien porte son nom.
Saint Nicolas le Grand régna au IXe siècle et risqua sa vie contre les armées du roi de France pour défendre l’indissolubilité du mariage.
Mais le premier pape à remporter le titre est saint Léon le Grand, qui a régné au V ème siècle pendant les années tumultueuses qui ont suivi la chute de Rome. Il combattit courageusement l’hérésie, défendit l’autorité de la papauté et défendit personnellement la ville de Rome contre l’approche des armées d’Attila le Hun.
Apparemment convaincu de l’importance de l’évêque de Rome dans l’Église et de l’Église en tant que signe permanent de la présence du Christ dans le monde, Léon le Grand a fait preuve d’un dévouement sans fin en tant que pape. Élu en 440, il a travaillé sans relâche en tant que « successeur de Pierre », guidant ses confrères évêques comme « égaux dans l’épiscopat et les infirmités ».
Léon est connu comme l’un des meilleurs papes administratifs de l’ancienne Église.
Son travail s’est divisé en quatre domaines principaux, indicatifs de sa notion de la responsabilité totale du pape pour le troupeau du Christ. Il a longuement travaillé pour contrôler les hérésies du pélagianisme – mettant trop l’accent sur la liberté humaine – le manichéisme – considérant tout ce qui est matériel comme mal – et d’autres, imposant des exigences à leurs partisans afin de garantir les vraies croyances chrétiennes.
Un deuxième domaine majeur de sa préoccupation était la controverse doctrinale dans l’Église d’Orient, à laquelle il a répondu par une lettre classique exposant l’enseignement de l’Église sur les deux natures du Christ. Avec une foi solide, il a également dirigé la défense de Rome contre les attaques barbares, assumant le rôle de pacificateur.
Dans ces trois domaines, le travail de Saint Léon a été très apprécié. Sa croissance vers la sainteté a son fondement dans la profondeur spirituelle avec laquelle il a abordé la pastorale de son peuple, qui était le quatrième axe de son travail. Il est connu pour ses sermons spirituellement profonds. Instrument de l’appel à la sainteté, versé dans les Écritures et la conscience ecclésiastique, Léon avait la capacité d’atteindre les besoins et les intérêts quotidiens de son peuple. Un de ses sermons est utilisé dans l’Office des lectures de Noël.
On dit de Saint Léon que sa véritable signification réside dans son insistance doctrinale sur les mystères du Christ et de l’Église et dans les charismes surnaturels de la vie spirituelle donnée à l’humanité dans le Christ et dans son Corps, l’Église. Ainsi,
Léon tenait fermement que tout ce qu’il faisait et disait en tant que pape pour l’administration de l’Église représentait le Christ,
le chef du Corps Mystique, et Saint Pierre, à la place duquel Léon agissait.
À une époque où les structures de l’Église sont largement critiquées, nous entendons également des critiques selon lesquelles les évêques et les prêtres et…les laïcs – en fait, nous tous – sommes trop préoccupés par l’administration des affaires temporelles. Le pape Léon est l’exemple d’un grand administrateur qui a utilisé ses talents dans des domaines où l’esprit et la structure sont inséparablement combinés : la doctrine, la paix et la pastorale. Il a évité un «angélisme» qui tente de vivre sans le corps, ainsi que la «pratique» qui ne traite que des externes.