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Le Secours catholique ne fait plus recette et licencie ses salariés

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A partir de 2026, les décisions en assemblée générale ne seront plus prises par des membres approuvés par les évêques. Ce changement, justifié au nom de la conformité légale, entérine une rupture : le Secours catholique ne parle plus au nom de l’Église

Un récent article du journal La Croix ( paru le 16 octobre) nous indique que le Secours catholique, pilier historique de la charité chrétienne en France, s’apprête à vivre un tournant inédit : l’annonce d’un plan social menaçant 130 emplois, soit près de 14 % de ses effectifs. L’association, fondée en 1946 par l’abbé Jean Rodhain, qui compte 932 salariés et 60 000 bénévoles, se voit contrainte de licencier.Ce plan social, une première en près de 80 ans d’existence, illustre une double faillite : économique et spirituelle.

Le Secours catholique ne fait plus recette, ni auprès de ses donateurs, ni auprès de ceux qui attendaient de lui un témoignage clair de la foi.

Depuis seize ans, l’association accumule les déficits : onze exercices négatifs sur seize, un trou de 5 millions d’euros en 2022, et des dépenses toujours en hausse. Certes, la générosité publique reste la principale source de revenus, mais elle s’effrite, fragilisée par le vieillissement des donateurs et par une perte de confiance dans la direction.

Les dépenses, elles, ne cessent de croître : investissements coûteux à Lourdes et à Jérusalem, recours à des cabinets privés de restructuration, siège parisien onéreux. Tout cela donne l’image d’une structure qui, au fil du temps, s’est éloignée de la sobriété évangélique pour adopter les réflexes d’une grande administration proche de l’échiquier politique. Ainsi, à côté des contraintes économiques, le Secours catholique semble payer le prix d’une gestion technocratique, plus soucieuse de stratégie budgétaire à  » dimension sociale » que de mission ecclésiale.

En janvier 2025, un rapport de la Cour des comptes invitait l’association à « encadrer sa dimension religieuse dans un contexte marqué par la loi sur le respect des principes de la République », en clair à laïciser encore plus son identité pour rester dans les clous administratifs qui lui délivrent plus de treize millions d’euros de subventions chaque année. Face à cette pression, la direction a choisi de se plier aux douces exigences du « principe de laïcité » pour gommer toute référence à Jésus-Christ et à l’Évangile. Résultat : un discours institutionnel qui parle désormais d’inclusion, de justice sociale et de transformation écologique, mais presque jamais de Jésus-Christ. Malheureusement, ce positionnement ne fait plus recette, et les donateurs attendent eux aussi une clarification et une orientation plus conforme à l’esprit de l’Évangile. Le Secours catholique, autrefois bras charitable de l’Église, est devenu une ONG comme les autres, gouvernée par les règles du management et du langage républicain, collaborant avec des associations très marquées politiquement.

C’est donc une charité qui a voulu devenir une « force politique » d’appoint de certains partis, mais de cela, les donateurs catholiques n’en veulent pas.

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Historiquement, le Secours catholique était indissociable de l’Église. Fondé par l’Assemblée des cardinaux et évêques de France, il se présentait comme un service d’Église inspiré par la doctrine sociale catholique. A partir de 2026, les décisions en assemblée générale ne seront plus prises par des membres approuvés par les évêques. Ce changement, justifié au nom de la conformité légale, entérine une rupture : le Secours catholique ne parle plus au nom de l’Église. C’est un affaiblissement spirituel profond. Et cette perte d’ancrage ecclésial ne peut qu’accentuer la perte de sens, de confiance et de soutien.

Il faut bien sûr compatir avec les salariés licenciés, souvent dévoués à la cause des plus pauvres. Mais il faut aussi voir plus loin : cette crise n’est pas qu’économique, elle est morale et spirituelle. Quand une œuvre de charité oublie Celui au nom de qui elle agit, elle finit tôt ou tard par s’épuiser.Le Secours catholique ne retrouvera ni équilibre financier ni crédibilité publique sans retour à sa mission originelle : servir les pauvres au nom du Christ, non au nom de valeurs vagues ou de slogans humanitaires. Le temps est venu pour l’association de cesser de chercher la reconnaissance du monde, et de renouer avec sa raison d’être : faire rayonner la charité chrétienne, comme l’avaient voulu ses fondateurs.

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