Le constat est alarmant : l’enseignement de l’histoire est souvent pris en otage par des ambitions politiques et ne permet pas aux jeunes de comprendre sereinement l’avenir. Ambroise Tournyol du Clos, agrégé d’histoire et auteur de Rien n’échappe à l’histoire, estime que l’objectif politique donné à l’enseignement de l’histoire risque de le dénaturer et de le réduire à un champ d’étude trop restreint. L’histoire doit retrouver son sens du récit, car il s’agit d’un mode de compréhension des scénarios historiques. La dimension sacrée de l’histoire est également importante. Les élèves doivent comprendre que l’esprit humain n’est pas destiné qu’à détruire, mais à construire et élaborer. L’histoire peut être une « maîtresse de vie », regorgeant de modèles de choix politiques, moraux et de civilisations qui peuvent nous édifier et nous pousser à investir notre époque actuelle.
Dans ce contexte, la question fondamentale est de savoir quel sens de l’histoire doit être transmis aux élèves. Tournyol du Clos estime que l’enseignement de l’histoire insiste trop sur la dimension destructrice de l’histoire, alors que les adolescents ont besoin de construire le monde. De plus, le sens de l’histoire qui est enseigné depuis la Révolution des droits de l’homme ne peut pas être considéré comme universel. Il est important de garder en tête que l’histoire peut être édifiante et nous pousser à investir notre époque actuelle.
Enfin, la dimension chrétienne de l’histoire est également essentielle. L’Incarnation est un événement capital qui a changé notre rapport au temps. À travers le Christ, une brèche s’ouvre dans le temps, qui n’est plus seulement un rouage mécanique mais peut être perçu comme un temps opportun, saisi par l’homme lucide et attentif aux événements. Le christianisme a hérité des concepts grecs du chronos, du kaïros et de la krisis, mais leur a donné une dimension nouvelle, en soulignant notamment la soumission de Dieu à l’épreuve du temps et à la mort. En somme, l’histoire doit être enseignée dans toute sa complexité, en prenant en compte à la fois sa dimension humaine et sacrée.
Source de l’article France Catholique
