Alors que le roi Charles III participait à une liturgie œcuménique historique dans la chapelle Sixtine, priant aux côtés du pape Léon XIV, une absence a été remarquée : Sarah Mullally, nouvelle archevêque de Cantorbéry, n’était pas présente. Officiellement, elle n’a pas encore pris possession de son siège, mais dans le contexte actuel du monde anglican, cette justification paraît bien mince.Quelques jours plus tôt, le 16 octobre 2025, l’Église d’Angleterre a été frappée par un schisme ouvert. Une large coalition d’évêques anglicans conservateurs, menée par l’archevêque Laurent Mbanda du Rwanda, a annoncé qu’elle rompait toute communion avec Cantorbéry. Le motif, la nomination de Sarah Mullally, première femme à diriger la Communion anglicane, connue pour son soutien aux bénédictions de couples homosexuels et pour ses positions jugées révisionnistes en matière de doctrine.
Ces primats, représentant des millions de fidèles en Afrique, en Asie et dans le monde, ont proclamé la naissance d’une nouvelle « Communion anglicane mondiale », fidèle à l’Écriture et à la tradition apostolique. Dans leur déclaration, ils accusent le siège de Cantorbéry et les institutions anglicanes historiques d’avoir « abandonné la Parole de Dieu ».
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C’est dans ce climat de rupture que la visite du roi Charles III au Vatican a eu lieu. En tant que chef suprême de l’Église d’Angleterre, le souverain britannique portait symboliquement la responsabilité d’une communion désormais divisée. Léon XIV a choisi la prudence, il a invité Stephen Cottrell, archevêque d’York, à représenter l’anglicanisme plutôt que Sarah Mullally. Un choix qui, selon plusieurs observateurs, reflète la réserve du Saint-Siège face à la nouvelle direction doctrinale de l’Église d’Angleterre.Depuis son élection, Léon XIV s’est montré soucieux d’un œcuménisme enraciné dans la vérité, insistant à plusieurs reprises sur la fidélité à la foi des apôtres comme condition de toute unité réelle. En ce sens, le Vatican n’entend pas cautionner implicitement une évolution que la doctrine catholique ne peut reconnaître, notamment en matière d’ordination des femmes et de morale sexuelle.
La liturgie présidée hier dans la chapelle Sixtine, célébrée en latin et en anglais, mettait l’accent sur deux thèmes consensuels, l’unité des chrétiens et la sauvegarde de la création, chère au roi Charles III. Mais la symbolique ne trompe pas, l’absence de la primate anglicane, en pleine crise de légitimité, traduit un signal clair de Rome.Le pape Léon XIV a ensuite reçu le souverain britannique et la reine Camilla, avant de les accueillir dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, où Charles III a été nommé Confrère Royal. Sur le siège qui lui a été attribué figure la devise latine Ut unum sint, « Afin qu’ils soient un ». Une unité que le Saint-Siège souhaite toujours, mais jamais au prix de la vérité.


