L’installation récente d’un vitrail photovoltaïque sur les Musées du Vatican et de bornes de recharge pour véhicules électriques marque un tournant dans l’engagement écologique du Saint-Siège. Sous l’impulsion du cardinal Fernando Vérgez Alzaga, président du Gouvernorat du Vatican, et en collaboration avec le groupe Acea, le projet s’inscrit dans une démarche ambitieuse visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.
À l’entrée des Musées, le Cortile delle Corazze ( Cour des Cuirasses) arbore désormais 235 panneaux solaires, capables de produire plusieurs centaines de mégawattheures d’énergie par an. S’y ajoutent des bornes de recharge rapide et ultra-rapide pour les véhicules électriques, ainsi qu’un projet de couverture solaire pour un dépôt dans les Jardins du Vatican. Ces initiatives s’inscrivent dans la continuité des efforts écologiques initiés sous Benoît XVI en 2008, avec l’installation de panneaux solaires sur l’Aula Paolo VI, et poursuivis avec détermination par le pape François.
Pour le cardinal Vérgez, ce projet répond directement à l’appel de Laudato si’ et Laudate Deum. « Ces réalisations témoignent d’un devoir chrétien envers la maison commune, » a-t-il affirmé, ajoutant que le Vatican souhaite devenir un exemple concret de conversion écologique.
Cependant, à l’heure où les actions pour la sauvegarde de la Création se multiplient, une question se pose : la mise en avant de l’écologie ne risque-t-elle pas de « détourner l’attention du Créateur « ? L’Église, gardienne de la foi, est-elle en train de glisser vers une sorte de religion verte, où l’objectif écologique prendrait une place démesurée par rapport au message central de l’Évangile ?
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Ce débat n’est pas nouveau, mais il prend un écho particulier à la veille du Jubilé 2025. Les préparatifs pour cet événement, marqué par le thème de l’espérance, incluent ces projets écologiques qui, bien qu’indispensables, semblent parfois reléguer la dimension spirituelle au second plan.
Barbara Jatta, directrice des Musées du Vatican, a souligné que « ces travaux sont un signe d’espérance pour les pèlerins et un appel à préserver la Création. » Mais cette espérance ne trouve-t-elle pas sa source dans le Créateur lui-même, bien avant les réalisations humaines ?
Alors que le motu proprio Fratello sole, lancé en 2024, prévoit même de transformer une zone de Radio Vatican en installation agrivoltaïque, la prudence s’impose. L’Église doit rappeler que l’écologie, aussi importante soit-elle, reste un moyen et non une fin en soi.
Si le Vatican devient un exemple pour le monde entier dans la lutte contre le changement climatique, il doit aussi veiller à ne pas perdre de vue sa mission première : proclamer le Christ, Sauveur de la Création, et inviter chacun à adorer Dieu avant toute autre chose. Loin d’opposer écologie et foi, il s’agit de les harmoniser, pour que la préservation de la maison commune serve le Créateur et non une nouvelle idole.