Il y a dans cette tribune publiée par La Croix quelque chose de plus grave qu’une simple divergence d’analyse : une réécriture idéologique de la réalité, appuyée tantôt sur des approximations, tantôt sur des affirmations tout simplement fausses.
Affirmer, sans ciller, qu’« il y a quinze ou vingt ans, aucun maire n’installait de crèche de Noël dans les mairies. Aucun. Nulle part » relève soit d’une ignorance confondante, soit d’un mensonge assumé. Les faits contredisent cette phrase de manière éclatante. Pendant des années, une crèche monumentale a été installée à l’Hôtel de Ville de Paris, visible de tous, assumée, parfaitement intégrée aux festivités de Noël. À cela s’ajoutent les crèches de la rue de Rivoli, celles dites « de Paul Chaland », et celles, innombrables, présentes depuis des décennies dans de très nombreuses mairies de France, rurales comme urbaines, sans polémique, sans procès, sans agitation médiatique.
La vérité est simple : ce qui a changé, ce n’est pas la présence des crèches, c’est le regard idéologique porté sur elles. Pendant des décennies, la République française, sans se renier, a su reconnaître que Noël n’est pas une fête interchangeable, qu’il ne s’agit pas de simples fêtes , mais de la célébration de l’Incarnation
La loi de 1905 n’a jamais été conçue comme une machine à effacer les racines chrétiennes du pays, mais comme une loi de pacification donnant à chacun la liberté religieuse dans le cadre de la république. En faire aujourd’hui une arme dirigée contre les symboles chrétiens est une trahison de son esprit.
L’argument de la « désacralisation » est particulièrement révélateur
Depuis quand le fait qu’un symbole chrétien soit visible dans la cité le profanerait-il ? Faudrait-il alors cacher les croix, fermer les églises, reléguer les cloches au musée ? La crèche n’est pas désacralisée parce qu’elle est montrée, elle est désacralisée lorsqu’on en a honte. Elle est désacralisée lorsqu’un journal se prétendant catholique explique aux chrétiens qu’ils devraient se taire pour ne pas déranger.
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Quant à l’accusation d’« instrumentalisation identitaire », elle relève du réflexe pavlovien. Tout maire qui ose rappeler, par une crèche, que la France est historiquement chrétienne se voit aussitôt soupçonné de calcul politique et de méchant identitaire. Cette rhétorique caricaturale n’a qu’un objectif : disqualifier toute expression visible du christianisme dans l’espace public.Le plus troublant, enfin, est que cette charge émane d’un « invité » présenté comme catholique, dans un journal qui, de tribune en tribune, semble n’en rater aucune pour déconstruire le christianisme de l’intérieur.On en vient à expliquer aux fidèles qu’ils seraient complices de la mort de leur propre foi s’ils osent défendre un symbole aussi central que la crèche.
Non, la crèche n’est pas un folklore. Justement. Et c’est bien pour cela qu’elle dérange.
Mieux vaut encore assumer d’être prétendument « instrumentalisés » par nos propres valeurs chrétiennes que par des idéologies qui combattent Dieu et le Seigneur Jésus-Christ, car celles-ci ( wokisme) ne sont nullement exemptes de toute instrumentalisation idéologique, tout en se présentant pourtant comme les chantres autoproclamés de la pureté intellectuelle
Elle rappelle, silencieusement mais obstinément, que Dieu s’est fait homme, que Noël n’est pas une fête neutre, et que la France n’est pas née d’hier. Ce n’est ni un combat « pseudo-civilisationnel », ni une manipulation identitaire : c’est un rappel de la réalité.Le véritable danger pour la foi chrétienne ne vient pas des maires qui installent une crèche, mais de ceux qui expliquent aux chrétiens qu’ils devraient s’excuser d’exister.
