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Législatives 2024 : Le vote des catholiques entre fragmentation et radicalisation ?

À l’approche du second tour des élections législatives, les discussions autour du vote chez les catholiques révèlent une fragmentation croissante et une radicalisation qui ne passent pas inaperçues. Philippe Portier, sociologue et directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études, spécialiste des laïcités, souligne pour Aleteia que « le vote des catholiques s’est fragmenté depuis les années 1970, mais il s’est également radicalisé ».

La première étape a été franchie, dans le sillage des élections européennes, par un sondage réalisé par l’Ifop et La Croix. Ce sondage montrait que les catholiques pratiquants, généralement considérés comme politiquement modérés, s’étaient tournés vers des listes plus radicales. Cette tendance semble se confirmer aux législatives, des élections de portée locale où les affrontements entre le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front Populaire (NFP) sont particulièrement scrutés.

« Il n’y a aucune raison que les choses changent », affirme Philippe Portier à propos de cette évolution.

« Depuis les régionales de 2015, on observe une montée en puissance de l’extrême droite parmi les catholiques, phénomène qui s’est confirmé lors des élections suivantes. »

Dans l’interview accordée à Aleteia, Philippe Portier analyse en détail les dynamiques complexes qui façonnent le paysage politique des catholiques français. Il souligne que le vote pour le RN et le NFP agrège respectivement 43% et 44% des suffrages chez les catholiques pratiquants réguliers, contre seulement 30% chez les sans religion, révélant ainsi une polarisation marquée de l’électorat catholique.

Toutefois, Philippe Portier nuance cette tendance en notant qu’il existe toujours un électorat modéré parmi les catholiques, attaché à une droite classique gaulliste, libérale ou démocrate-chrétienne. Ce segment de l’électorat catholique représente une alternative aux discours nationalistes et conflictuels, souvent anti-européens, du NFP.

La question se pose donc : le vote des catholiques s’est-il simplement fragmenté ou a-t-il réellement radicalisé ses positions ces dernières années ?

Pour Philippe Portier, cette évolution est le résultat de plusieurs facteurs, notamment la transmission des valeurs religieuses et les orientations politiques qui ne correspondent pas toujours aux attentes des fidèles traditionnels.

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