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L’Église le rappelle : les prêtres ne s’enrichissent pas avec l’exorcisme

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Le 1er septembre 2025, l’Association internationale des exorcistes (AIE) a publié un communiqué rappelant la gratuité absolue du ministère de l’exorcisme, face aux rumeurs persistantes de pratiques tarifées

Dans un communiqué rendu public le 1er septembre 2025, l’Association internationale des exorcistes (AIE) a tenu à réaffirmer un principe essentiel : l’exorcisme est un ministère totalement gratuit, sans aucune forme de rémunération ou de tarif imposé aux fidèles. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8), rappelle l’AIE dans son texte, dénonçant les fausses informations qui circulent depuis 2017. Selon ces rumeurs, certains prêtres gagneraient jusqu’à 12 000 euros par mois, avec des séances facturées 500 euros chacune. « Le mythe de l’exorcisme tarifé et lucratif s’est consolidé, à l’étranger comme en Italie – écrit l’AIE – et même notre Association a été faussement citée comme source. »

L’Association tient à préciser que la réalité est toute autre. « La réalité, au contraire, est que l’exorcisme, tel qu’il est réglementé par l’Église catholique, ne peut être exercé que par des prêtres autorisés par leur évêque (cf. can. 1172 du Code de droit canonique) et sans aucune demande d’argent. »

Les lignes directrices de l’AIE rappellent également que « les prières de guérison et de délivrance, comme l’action pastorale de l’exorcisme, sont et doivent être indépendantes de toute forme d’offrande en argent, afin de manifester la gratuité des dons du Seigneur. Aucun fidèle ne doit rencontrer d’obstacle pour bénéficier de la grâce divine, ni se sentir obligé de donner une compensation pour l’accueil et l’écoute reçus de la part d’un prêtre exorciste », conclut le communiqué.

L’exorcisme est une pratique ancienne de l’Église, codifiée depuis les premiers siècles et toujours entourée de prudence et de discernement. Le Code de droit canonique, au canon 1172, stipule que nul ne peut pratiquer un exorcisme sur les possédés sans la permission spéciale et expresse de l’évêque diocésain. Ce rappel s’inscrit aussi dans une continuité récente puisque le Rituel de l’exorcisme a été révisé en 1999 sous le titre De exorcismis et supplicationibus quibusdam, avec une attention particulière à l’accompagnement pastoral et au discernement des situations.On estime qu’en Italie, environ 300 prêtres ont reçu de leur évêque le mandat d’exorciste, et ce ministère demeure présent dans d’autres pays d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine. Dans plusieurs diocèses, la demande des fidèles a même conduit à confier récemment cette mission à de nouveaux prêtres. Ces chiffres montrent à quel point ce service pastoral est toujours vivant, même si les évêques insistent sur la formation et la prudence nécessaires.

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Des figures marquantes comme le père Gabriele Amorth, longtemps exorciste du diocèse de Rome et décédé en 2016, rappelaient régulièrement que l’exorcisme ne peut être assimilé à un service payant. « L’exorcisme est un ministère de charité, jamais une source de profit », répétait-il, soulignant l’exigence spirituelle et la fatigue qu’implique ce combat pastoral.Les papes eux-mêmes ont souvent insisté sur la gratuité dans l’Église. François a dénoncé avec force les marchands du temple et les dérives de l’argent dans la vie ecclésiale. Benoît XVI a rappelé que les sacrements ne peuvent jamais être monnayés, car cela relèverait du péché de simonie.

Cette mise au point permet aussi de déconstruire les nombreux clichés liés à l’exorcisme, souvent nourris par le cinéma et la culture médiatique. Loin des images spectaculaires et effrayantes, l’exorcisme est avant tout un rite liturgique sobre, centré sur la prière et sur la puissance du Christ ressuscité. Les prêtres qui en ont la charge savent que beaucoup de situations relèvent davantage d’un accompagnement spirituel ou psychologique, et travaillent parfois en lien avec des professionnels de la santé pour discerner la nature des troubles présentés.Enfin, l’insistance sur la gratuité a aussi une dimension pastorale essentielle. De nombreuses familles qui frappent à la porte d’un exorciste le font dans des situations de grande souffrance, parfois aussi de fragilité matérielle. L’Église veut ainsi s’assurer qu’aucun obstacle financier ne vienne entraver l’accès à ce ministère de consolation et de délivrance.

En replaçant l’exorcisme dans ce cadre de vérité et de gratuité, l’Association internationale des exorcistes rappelle que la grâce n’a pas de prix et que le ministère confié aux prêtres demeure au service exclusif des âmes, dans la fidélité à l’Évangile et sans aucune recherche d’intérêt matériel.

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