Depuis quelque temps, de nombreux fidèles ont choisi de ne plus soutenir financièrement l’Église catholique, que ce soit en ne versant plus de dons lors de la déclaration de leurs revenus ou lors des messes dominicales paroissiales. Cette désaffection s’explique en grande partie par la perception que l’Église gère mal ses finances, que ce soit en versant d’énormes indemnisations aux victimes d’abus sexuels, ce qui a vidé les caisses de diocèses importants comme aux Etats-Unis à Washington, ou en utilisant les fonds pour des initiatives qui ne correspondent que peu, voire pas du tout, aux valeurs catholiques.
En Italie, cette dernière critique semble se confirmer à la lumière des enquêtes menées par le procureur de Raguse, qui ont révélé un financement massif de plus de 2 millions d’euros accordé par certains diocèses italiens.
Cette initiative a été réalisée en collaboration avec des organisations du Vatican, sous la direction de cardinaux éminents, dont le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Matteo Zuppi.
Selon les conclusions de l’enquête publiée récemment par Panorama, cet argent a été octroyé à Luca Casarini & Co. et à leur association Mediterranea pour des opérations de sauvetage de migrants en mer, qui n’ont débouché que sur un nombre limité de sauvetages.
Chacun des évêques impliqués a puisé des dizaines de milliers d’euros dans les dons des fidèles, et il a même été envisagé de créer une organisation pour prélever régulièrement des sommes considérables dans 100 paroisses des diocèses concernés.
Cette affaire implique également le pape François, qui a écrit deux lettres de recommandation et d’encouragement à Casarini, lui assurant son soutien indéfectible. Le pape a même reçu l’équipe de Mediterranea au Vatican et les a photographiés en leur compagnie. Il a même invité Casarini à participer au synode en octobre dernier en tant qu’envoyé spécial.
On peut se demander s’il s’agit de naïveté, d’une tromperie ou d’une crédulité de la part de ces évêques. Cependant, Casarini et ses associés maîtrisaient certainement l’art de se présenter de manière à susciter l’adhésion religieuse, allant jusqu’à obtenir un aumônier pour leur navire « Mare Jonio », prodiguant des enseignements de vie évangélique à l’évêque de Modène, Erio Castellucci, et recevant les remerciements de l’évêque de Palerme, Corrado Lorefice, pour les avoir « évangélisés ». Ils ont également été habiles à faciliter les rencontres appropriées et à créer un réseau secret, rassemblant une série d’évêques et de cardinaux non seulement diocésains, mais aussi opérant au Vatican, partageant une mentalité et une vision semblables du monde et de l’Église.
En interne, les membres du groupe critiquaient vivement les évêques impliqués, tandis qu’en présence des prélats alliés, ils utilisaient un langage inspiré et évangélique. Cette situation pourrait laisser penser à une manipulation.
Cependant, des personnalités telles que les cardinaux Zuppi, Czerny, Lorefice, Castellucci, Mogavero ou Hollerich ne sont pas réputées pour leur crédulité. Ils occupent des postes de haut niveau qui ne sont pas le fruit du hasard, et ils savent manœuvrer dans les arcanes de la politique et faire preuve d’une discrétion avertie.
Pour comprendre de telles situations, il faut se tourner vers d’autres dynamiques. Dans ce cas, il apparaît clairement que certains pasteurs de premier plan ont confondu une expression de charité évangélique avec une idéologie.
Ils ont négligé la raison et la théologie, oubliant le bon sens et les principes de la Doctrine sociale de l’Église. Si ces sources avaient été consultées, elles leur auraient conseillé d’agir avec plus de prudence.
Il est en effet bien connu que les ONG patrouillant en Méditerranée ne sont ni naïves ni innocentes, et les financements de l’Open Society de Soros n’avaient pas besoin de s’ajouter aux dons des fidèles des diocèses de Modène ou de Bologne.
De plus, les départs des côtes africaines ne sont pas dénués de motivations politiques et morales qui doivent être examinées attentivement.
La charité doit s’exercer dans la vérité et non de manière inconsidérée.
Cette opération scandaleuse reflète une intrusion massive des idéologies dans l’Église, c’est-à-dire que des idées produites par le monde sont ensuite vendues aux chrétiens. Les évêques, qui ont la responsabilité de veiller sur le troupeau qui leur confie parfois son argent, sont les premiers à acheter ce produit.
Il existe également une autre explication à ce phénomène. L’attitude du pape François est imitée par les cardinaux et les évêques dans l’espoir de gagner sa faveur. Ils adoptent des comportements conformes à ses directives, comme l’injonction de collaborer avec tous, de privilégier la charité avant la vérité, de s’occuper uniquement de certaines périphéries, de sélectionner les exclus, de privilégier les migrants, de placer le climat au-dessus de tout, et de faire des choix inconditionnels dans les relations, en manifestant une passion particulière pour les ennemis de l’Église.
Ces comportements sont devenus le code de conduite des évêques cherchant à plaire à l’autorité ecclésiastique et au monde contemporain. Dans ce contexte, donner de l’argent à Casarini peut être perçu comme source de fierté, voire comme un moyen de décrocher des « promotions », même si cela entraîne une diminution des offrandes des fidèles, comme cela pourrait se produire après ce nouvel incident.
source nuova bussola