La reprise des combats dans l’est de la République démocratique du Congo a franchi un nouveau seuil de gravité ces derniers jours, suscitant de vives inquiétudes tant sur le plan régional qu’international. C’est dans ce contexte de forte dégradation sécuritaire que le pape Léon XIV a tenu à faire entendre sa voix lors de la prière de l’Angélus, dimanche 14 décembre 2025.
« Je suis avec une vive préoccupation la reprise des affrontements dans la partie orientale de la République démocratique du Congo. Alors que j’exprime ma proximité à la population, j’exhorte les parties en conflits à cesser toute forme de violence et à rechercher un dialogue constructif, dans le respect des processus de paix en cours », a déclaré le Saint-Père devant les fidèles rassemblés place Saint-Pierre.
Cette intervention du pape intervient alors que la situation militaire connaît une évolution particulièrement préoccupante dans la province du Sud-Kivu. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont repris leur progression le long de la frontière burundaise et se sont emparés, mercredi dernier, de la ville d’Uvira. Cette avancée s’est produite en dépit de la signature récente d’un accord de paix conclu à Washington, sous les auspices des États-Unis, entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.Le mouvement rebelle contrôle désormais l’ensemble de la frontière séparant le Congo du Burundi, pays allié de Kinshasa, ainsi qu’une agglomération de plusieurs centaines de milliers d’habitants située sur les rives du lac Tanganyika. La prise d’Uvira place les combats à quelques dizaines de kilomètres seulement de Bujumbura, la principale ville du Burundi, faisant craindre un élargissement du conflit à l’échelle régionale.
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Cette nouvelle offensive a provoqué une réaction ferme de l’administration américaine, directement impliquée dans le processus diplomatique désormais fragilisé. Samedi, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a écrit sur le réseau social X : « Les actions du Rwanda dans l’est de la RDC constituent une violation claire des accords de Washington signés par le président Trump. Et les États-Unis prendront des mesures pour garantir le respect des engagements pris envers le président. »Vendredi déjà, l’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies avait accusé Kigali de conduire la région vers la « guerre », évoquant notamment le risque d’un affrontement élargi avec le Burundi. Ce dernier a déployé environ 18 000 hommes en République démocratique du Congo en soutien aux autorités de Kinshasa, dont une partie du contingent demeure actuellement sur le territoire congolais. Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU a lui aussi mis en garde contre la menace d’un « embrasement » de l’ensemble de la région des Grands Lacs.
C’est dans ce contexte de tensions diplomatiques, militaires et humanitaires accrues que la prise de parole de Léon XIV prend toute sa portée. En rappelant son attachement aux « processus de paix en cours », le pape souligne implicitement le risque de voir s’effondrer des efforts diplomatiques déjà fragiles, au détriment des populations civiles, premières victimes de la violence.
Pour l’Église catholique, profondément enracinée en République démocratique du Congo, cet appel revêt également une dimension pastorale. Les communautés chrétiennes, les structures éducatives et sanitaires, ainsi que de nombreuses paroisses sont directement touchées par l’insécurité et les déplacements forcés. En exprimant sa proximité avec la population congolaise, Léon XIV réaffirme la mission de l’Église d’être aux côtés des peuples éprouvés et de rappeler, au-delà des calculs politiques, l’exigence morale de la paix, du dialogue et du respect de la dignité humaine.
