Connaissant Léon XIV depuis vingt-cinq ans, le père Ángel Camino, responsable de la huitième vicairie de l’archidiocèse de Madrid, revient sur leur amitié forgée dans la spiritualité augustinienne. Répondant aux questions du média ACI Prensa, il évoque leur correspondance suivie à l’époque où Robert Prevost était supérieur général de l’Ordre de Saint Augustin.Après avoir assisté à la messe d’intronisation de Léon XIV et l’avoir salué en personne, le père Camino confie : « Il ne sera pas le clone du pape François. Il va être lui-même. Il a cette conscience. Il s’est toujours senti très libre dans sa manière de s’habiller, de se loger. Il ne se laissera pas conditionner. ». Sur les sujets brûlants du précédent pontificat, et notamment la déclaration Fiducia supplicans sur les bénédictions de couples en situation dite « irrégulière », le père Camino affirme avec conviction : « Qu’est-ce qu’il va faire ? Je ne le sais pas. Mais ce que je peux te dire, c’est qu’il ne va pas faire l’autruche. J’en suis convaincu. Il va affronter les sujets et les travaillera avec ses collaborateurs. »
Interrogé sur l’accord controversé entre le Saint-Siège et le gouvernement espagnol concernant la « resignification » du Valle de los Caídos, où reposent des morts des deux camps de la guerre civile, il déclare : « C’est un homme qui va être uni à ce que diront les évêques. Il connaît le dossier, mais il va être très à l’écoute des étapes à venir. (…) Il aura ses pensées, mais il se laissera guider un peu par ce que diront nos évêques et ensuite, s’il doit se prononcer, ce sera toujours dans l’unité avec tous. »
Et de souligner : « Il va recevoir tout le monde, il va accueillir, il va écouter énormément. (…) Qu’ils sachent qu’ils ont un pape qui va écouter, et qui va le faire avec calme et sérénité. »
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Le père Camino dresse également un portrait spirituel du nouveau pontife : « Roberto était un homme de Dieu. Mais pas un Dieu au sens spiritualiste du terme. C’était une personne consacrée, qui connaissait la vie religieuse et qui était amoureux de sa vocation d’augustin. » Il décrit un homme « serein, équilibré », précisant : « Jamais je ne l’ai vu élever la voix. »Sa décision d’accepter le pontificat fut prise en pleine conscience : « Il savait parfaitement ce que signifie dire oui, et il s’est lancé à l’eau. » Léon XIV, insiste-t-il, est « réfléchi, il ne fait pas les choses à l’improviste. Il pense, il réfléchit, puis il décide. Il dit oui et il dit non. »Enfin, le père Camino souligne l’universalité de Léon XIV, à travers son identité multiculturelle : américain de naissance, aux racines européennes, profondément lié à l’Amérique latine, avec une vocation religieuse, une mission internationale et une expérience à la curie. « C’est un privilège de peu de personnes », résume-t-il.
Et de conclure : « Il va être l’homme universel avec tous, il va se rapprocher. (…) Il veut la communion. (…) Il ne va se fermer à rien, il va écouter tout le monde. Je pense que tous, croyants et non-croyants, se sentiront très à l’aise avec ce pape, dont la devise porte le mot unité. »