Cent jours. C’est le temps qu’il aura fallu au pape Léon XIV pour s’imposer dans les cœurs et les esprits, bien au-delà du cercle des croyants. Selon un sondage exclusif Odoxa pour Le Figaro, 86 % des Français déclarent aujourd’hui avoir une bonne opinion de lui. Un chiffre remarquable, presque inattendu, qui révèle l’ampleur d’un phénomène silencieux. Dans le détail, 77 % des sondés expriment une opinion « plutôt bonne » et 9 % une « très bonne » opinion. À l’inverse, seuls 11 % ont une « plutôt mauvaise » opinion du pape et 2 % une « très mauvaise », tandis que 1 % ne se prononcent pas. Ce score place Léon XIV au sommet de la confiance populaire, dans un pays pourtant réputé pour sa méfiance vis-à-vis des institutions, y compris religieuses.
Élu le 8 mai 2025, Léon XIV, premier pape américain de l’histoire, succédait à François dans une période de grande incertitude. Cent jours plus tard, il bénéficie d’un capital d’estime rare.la France semble séduite par ce souverain pontife au style sobre, discret, presque effacé dans sa communication mais puissamment incarné dans ses gestes. Ce qui étonne surtout, c’est l’ampleur du soutien au sein de toutes les catégories de la population. Chez les catholiques pratiquants, l’opinion favorable atteint un impressionnant 98 %, tandis qu’elle demeure très élevée chez les non-croyants, à 76 %. Les jeunes ne sont pas en reste : 77 % des moins de 25 ans et 81 % des 25-34 ans approuvent Léon XIV.
Une adhésion transversale, qui dépasse les clivages religieux ou générationnels
Cette popularité, Léon XIV ne la doit pas à une stratégie de communication élaborée, mais à une présence spirituelle authentique et silencieuse. Contrairement à son prédécesseur, dont le pontificat fut fortement médiatisé, Léon XIV semble avoir choisi une voie plus dépouillée. Cette discrétion est paradoxalement perçue comme une force : selon le même sondage, 82 % des sondés apprécient justement cette attitude moins visible, mais jugée plus sincère et plus ancrée dans la profondeur du message évangélique.
De lourds défis à venir,
Mais cette confiance populaire, aussi éclatante soit-elle, ne saurait masquer les lourds défis qui attendent Léon XIV. Le cardinal Robert Sarah, lors d’une homélie prononcée au sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray le 26 avril dernier, a tenu à rappeler avec gravité que « le pape devra affronter des épreuves difficiles ». Pour lui, ces défis ne se limitent pas aux crises extérieures. Le prélat guinéen de rajouter « Cette crise ne touche pas seulement les structures du monde : le pape Léon doit non seulement affronter la crise sociale, mais aussi la crise de l’Église, car nous avons perdu l’élan de la pratique religieuse ». Il s’alarme notamment du manque de vocations sacerdotales, particulièrement en Europe : « Regardez combien de prêtres il y a dans l’Église européenne… très peu ! » . Pour le cardinal Sarah, seule la prière accompagnée d’un enseignement solide permettra au pape Léon XIV de réussir.
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Ce diagnostic lucide rappelle que, si Léon XIV bénéficie aujourd’hui d’un état de grâce inédit, la tâche qui l’attend est immense. Le soutien massif des fidèles et des non-croyants constitue une base précieuse, mais ne suffira pas à elle seule à réconcilier l’Église avec son avenir. Ce capital de sympathie acquis en cent jours sera sans doute nécessaire pour affronter les épreuves à venir, mais comme l’a souligné le cardinal Sarah, ce n’est pas avec la seule faveur de l’opinion que l’on traverse les tempêtes. C’est avec la grâce de Dieu, plus encore qu’avec la popularité auprès des fidèles, que l’on peut tout…nous souhaitons ardemment qu’il y parvienne.