En déambulant dans les rues parisiennes, vos pas vous mèneront peut-être aux portes de la basilique Notre-Dame-des-Victoires. Entrant dans celle-ci, vous serez impressionné par le nombre de plaques de marbre tapissant les murs de l’église, depuis l’entrée jusqu’à la sacristie, en passant par les confessionnaux et dans les chapelles latérales.
Ces plaques de marbre portent le nom d’ex-voto (du latin ex voto, qui signifie « à la suite d’un vœu », sous-entendant une notion de gratitude). Elles sont déposées dans la basilique depuis la fin du XIXe siècle, et encore de nos jours, en remerciement d’une grâce obtenue.
Les raisons d’y croire :
- Dans la basilique Notre-Dame-des-Victoires, à Paris, on compte plus de 37 000 ex-voto. C’est autant de priants qui ont invoqué la Vierge Marie et qui témoignent avec assurance d’avoir reçu une aide du Ciel.
- La gravure d’un ex-voto dans le marbre est coûteuse en temps et en argent. Chacun des 37 000 ex-voto révèle donc la très forte conviction qui habite le priant d’avoir été exaucé. Ces dizaines de milliers de témoignages peuvent être lus par chacun, aujourd’hui encore, sur les murs de la basilique.
- Parmi eux, certains ex-voto témoignent d’interventions surnaturelles extraordinaires de la Vierge Marie : guérisons, conversions, protections surnaturelles, etc.
- Pour ne prendre qu’un exemple, voici ce qu’on peut lire sur une des nombreuses plaques : « J’étais aveugle ! – J’ai recouvré subitement la vue en recevant la sainte communion – à la suite d’une neuvaine en l’honneur de N.-D. des Victoires. – Petit séminaire de Versailles, 14 avril 1845. – Pierre Renaud. – Hommage de reconnaissance à Marie – Souvenir du XXVe anniversaire ».
- Certains ex-voto font référence à des événements précis et historiquement vérifiables, telle la plaque offerte par la paroisse Saint-Laurent, à Paris, pour avoir été épargnée lors de la Commune de Paris.
- De nombreux autres sanctuaires, partout dans le monde, recueillent eux aussi parfois plusieurs milliers d’ex-voto. L’action d’intercession auprès de Dieu de la Vierge Marie et des autres saints en faveur des hommes qui ont recours à eux est manifeste.
Synthèse :
La basilique Notre-Dame-des-Victoires a fait des ex-voto sa spécialité. Elle en comporte de tous types : des ex-voto offerts par des particuliers ou des familles, paroisses, communautés religieuses, villes, associations ; des ex-voto écrits en français mais également parfois en latin, anglais, allemand, italien, espagnol, portugais, hongrois, vietnamien ; des ex-voto prenant la forme d’un simple « merci » gravé dans le marbre ou d’un véritable récit faisant mémoire de la grâce obtenue.
Parmi ces ex-voto, certains proviennent de personnalités historiques remarquables : l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III ; Edmond Michelet, grand résistant français déporté et ministre du général de Gaulle ; ou encore la famille du président américain Theodore Roosevelt…
Mais quand donc cette épidémie d’ex-voto commença-t-elle à frapper la basilique ?
Remontons quelque peu le temps. Tout débute le 11 décembre 1836, lorsque l’abbé Desgenettes prend la décision de consacrer sa paroisse au Cœur immaculé de Marie. Très rapidement, les pèlerins et priants affluent en grand nombre dans ce qui devient un lieu de grâces considérable. Très vite, les priants reconnaissants souhaitent graver dans le marbre leur gratitude envers la Vierge Marie pour les prières exaucées. La basilique gardera une comptabilité précise du nombre de ces ex-voto, par le biais de registres. À la mort du père Desgenettes en 1860, déjà 1 750 ex-voto sont posés. En 1874, le nombre de plaques de marbre s’élève à 7 500 et la barre des 10 000 est franchie en 1880. À ce jour, dans la basilique Notre-Dame-des-Victoires, on ne dénombre pas moins de 37 212 ex-voto, le dernier datant du 5 juillet 2021.
Les 37 212 prières exaucées gravées dans le marbre.
Cela signifie qu’en moins de deux siècles, 37 000 personnes différentes, dans les contextes les plus divers, ont invoqué la Vierge Marie pour une demande précise et ont été convaincues d’avoir été exaucées au point de faire graver cette certitude dans le marbre. Une telle donnée n’a rien d’anodin. En effet, demander à faire graver un ex-voto est une démarche profondément exigeante, au regard du coût des frais de gravure… Dès lors, si les plus sceptiques ont des réserves quant à l’exaucement effectif des prières, il semble indubitable que les priants, quant à eux, étaient non seulement convaincus de l’intervention de la Sainte Vierge dans leur vie, mais mirent la main à la poche pour le faire savoir ! En effet, nul ne fait le choix d’immortaliser dans le marbre une vague et fugace impression d’avoir été exaucé. À cela, il faut ajouter que certains ex-voto témoignent de grâces proprement extraordinaires obtenues par l’intercession de la Sainte Vierge (conversions, guérisons, protections…), débloquant de façon surnaturelle les situations les plus complexes… Quelques exemples :
« Le 1er mai 1864 – dernier jour d’une neuvaine – je suis entrée paralysée à Notre-Dame-des-Victoires – j’y ai été instantanément guérie – après la sainte communion – Que Marie est bonne ! »
« Pendant les vingt années d’explorations minéralogiques que j’ai passées au fond de la Sibérie, seul, parfois en face de la mort et constamment en proie à d’indicibles alternatives d’espoir et de découragement ; j’ai prié la Sainte Vierge, elle a toujours daigné me venir en aide. 1869 J.-P. A. »
Aujourd’hui encore, chacun peut se rendre à la basilique Notre-Dame-des-Victoires et découvrir par lui-même ces nombreuses traces de l’intervention concrète de la Vierge Marie dans la vie d’innombrables priants. Par ailleurs, Notre-Dame-des-Victoires est loin d’être le seul lieu de culte catholique à accueillir plusieurs milliers d’ex-voto… Ainsi, par exemple, il y en a plus de 2 500 au sanctuaire Saint-Antoine-des-Hauts-Buttés, plus de 4 000 au sanctuaire de Laghet, plusieurs milliers dans l’église Saint-Eubert de Vendeville, 4 000 à 5 000 au sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray, 2 118 à la chapelle de la rue du Bac, près de 2 500 à Notre-Dame-de-la-Garde, etc. Or, ce ne sont là que quelques exemples français ; quelques témoignages éclatants laissant entrevoir le nombre ô combien plus important encore de prières exaucées par la Vierge Marie dans le plus grand secret…
Ainsi, l’épreuve des faits et l’expérience concrète des chrétiens confirment ce qu’a toujours enseigné l’Église catholique : l’intercession de la Vierge Marie est puissante !
Thomas Belleil, auteur de livres de spiritualité, diplômé en sciences religieuses à l’École Pratique des Hautes Études et en théologie au Collège des Bernardins.
