Le récent accord de partenariat signé en novembre 2023 entre l’Union européenne et l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) marque un tournant dans les relations internationales impliquant 79 pays, touchant environ 2 milliards de personnes. Conclu pour les vingt prochaines années, cet accord remplace l’ancien cadre de Cotonou, établi en 2000.
Cet accord ambitieux vise à renforcer la coopération sur six domaines clés : la démocratie et les droits de l’homme, la croissance économique durable, le changement climatique, le développement humain et social, la paix et la sécurité, ainsi que les migrations et la mobilité. Il établit un cadre juridique commun tout en prévoyant des protocoles régionaux adaptés aux spécificités de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Cependant, la signature de l’accord de Samoa n’a pas été sans controverses, particulièrement en Afrique, où les évêques catholiques ont exprimé une vive opposition. Pour eux, le principal point d’achoppement réside dans les références fréquentes à l’égalité des genres, qui soulèvent des préoccupations quant à la souveraineté nationale et aux valeurs culturelles profondément enracinées.
Les évêques nigérians, soutenus par d’autres figures religieuses et politiques, ont publiquement remis en question les implications de l’accord, alléguant que certaines clauses pourraient compromettre les valeurs morales et religieuses de leurs nations. Ils appellent à une révision de l’accord pour clarifier et restreindre toute interprétation qui pourrait imposer des normes contraires aux convictions locales.
« Nous craignons que nos autorités civiles ne soient pas pleinement conscientes des implications du langage nuancé du document, qui menace notre souveraineté et nos valeurs nationales ».Nous, évêques catholiques du Nigeria, en tant que gardiens et guides, profondément engagés dans la croissance morale, religieuse et culturelle de notre cher pays, soulignons clairement ce que le document de Samoa présage pour l’avenir du Nigeria et des Nigérians et demandons à notre gouvernement de proposer d’urgence un amendement à l’accord ou de s’en retirer »
Alors que l’UE promeut cet accord comme un outil de développement et de stabilité globale, les critiques soulignent que les considérations culturelles et religieuses ne doivent pas être sacrifiées au nom du progrès économique et politique.
La résistance des évêques africains met en lumière un débat complexe entre la coopération internationale et le respect des identités nationales et religieuses.
Dans leur déclaration du jeudi 11 juillet, les membres du CBCN affirment que l’accord de Samoa cache des « idéologies laïques post-modernes » soigneusement élaborées pour saper les valeurs africaines.
Dans un contexte où environ 90% de la population nigériane rejette l’homosexualité, toute proposition qui pourrait être perçue comme imposant des valeurs occidentales libérales est vigoureusement contestée. Les évêques ont donc appelé leur gouvernement à prendre des mesures pour modifier l’accord ou même à envisager un retrait complet si leurs préoccupations ne sont pas prises en compte.
Cette opposition des évêques africains reflète une lutte plus large pour préserver les traditions et les valeurs face à une mondialisation souvent perçue comme homogénéisante. L’équilibre entre le développement économique et la préservation des identités culturelles reste un défi majeur dans le paysage politique et social mondial actuel.
Dans cette lutte pour défendre les valeurs fondamentales de la foi et de la dignité humaine, ne serait-il pas opportun que les évêques français, eux-aussi, maintiennent cet esprit d’indignation face à divers projets de loi du gouvernement français qui compromettent le caractère sacré de la vie ?
Avec Nbussola.