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Les mystères de l’Ouest : l’Occident chrétien et l’art de se saborder

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"Nous devons reprendre conscience que nous sommes chrétiens ! Jésus est mort pour nous, aujourd’hui l’on n’a plus de racines chrétiennes, on combat les lois de Dieu avec des lois nouvelles qui sont en contradiction frontale avec les lois de Dieu"

Par Philippe Marie

Le plus grand mystère de l’Occident n’est pas son ascension fulgurante au cours des siècles, mais sa volonté actuelle d’effacer ce qui l’a fait grandir. Héritier d’une civilisation forgée par l’Évangile, il a su rayonner sur le monde par sa foi, ses institutions et sa culture. Mais au lieu de protéger cet héritage, il semble s’appliquer à le déconstruire, comme si ses racines chrétiennes étaient un fardeau plutôt qu’une source de vie.

L’histoire récente comme lointaine témoigne d’une constante : les hérésies les plus corrosives sont nées au cœur de l’Europe, puis se sont propagées et parfois renforcées dans les nations issues de sa civilisation, qu’il s’agisse de l’Amérique du Nord, de l’Océanie ou d’autres terres façonnées par l’héritage européen. Le christianisme, qui a porté l’Occident à un sommet de puissance morale, intellectuelle et matérielle, a été peu à peu remplacé par des idoles modernes, idéologies, utopies et « ismes » à la chaîne : socialisme, communisme, nationalisme, écologisme radical, wokisme. Chacune de ces doctrines promettait ou promet encore une forme de salut terrestre, mais chacune a fini par ronger les fondations mêmes qu’elle prétendait consolider.

Ce qui fut longtemps une évidence, l’identité religieuse chrétienne de l’Occident , est aujourd’hui relégué au rang de simple particularisme, parfois même comparé par certains à un communautarisme parmi d’autres. Comble de l’histoire, dans leurs propres nations, les chrétiens sont désormais sur le point d’être marginalisés, et il n’est pas rare qu’ils soient traités comme un groupe de pression, au même titre que des minorités sans lien avec l’histoire fondatrice du continent.

Il est donc nécessaire de distinguer cette identité religieuse, enracinée dans la foi au Christ et dans la Révélation, de l’identité culturelle ou nationale que certains revendiquent sans être chrétiens ni pratiquants, mais en se référant uniquement à une appartenance ethnique, linguistique ou à un nationalisme. L’une est une fidélité à Dieu et à son Alliance, l’autre n’est qu’une construction humaine qui, si elle se coupe de ses racines spirituelles, devient vite stérile et vide de sens.C’est précisément cette confusion entre l’identité religieuse et une identité réduite à des marqueurs purement culturels ou nationaux qui a ouvert la voie au grand renversement moral et spirituel que nous vivons. Quand la foi, qui donne sens et vie à la civilisation, est remplacée par une appartenance fondée seulement sur la langue, les traditions ou l’histoire politique, cette appartenance se vide de sa substance. Elle devient vulnérable aux idéologies, incapables de nourrir l’âme, et finit par se retourner contre la matrice chrétienne dont elle est issue.

Cette révolte contre Dieu amplifiée par les événements de la fin des années 60 ( Woodstock, mai 68..etc) qui promettaient divers paradis artificiels, a amené à une haine de soi devenue culturelle. Benoît XVI l’avait formulé avec clarté : « L’Occident en est venu à haïr sa propre histoire et sa propre identité. » Or, un monde qui refuse de reconnaître la source de sa grandeur se condamne à errer, à chercher dans le sable mouvant ce qui ne peut se trouver que sur le roc.Ce mystère prend parfois des formes spectaculaires. L’Occident, qui a enseigné au monde l’université, la liberté de conscience et la séparation des pouvoirs, a aussi enseigné au monde le terrorisme révolutionnaire, le matérialisme militant et la propagande idéologique. Même l’intégrisme islamique contemporain, avec ses réseaux et ses méthodes, a appris en Occident les outils de sa radicalisation.

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Le diable, « menteur et homicide dès l’origine », ne s’y trompe pas, il concentre ses attaques là où l’Évangile a le plus marqué les cœurs. Là où la lumière fut la plus éclatante, l’ombre travaille avec patience à la faire oublier. Aujourd’hui, c’est le cœur même de l’Occident qui est visé : la foi chrétienne, la famille, la dignité et le caractère sacré de la vie humaine.

L’Église sait depuis toujours que ses ennemis sont doubles : l’ennemi extérieur, qui l’attaque frontalement, et l’ennemi intérieur, l’hérésie, qui sape de l’intérieur. Ce double siège est aujourd’hui visible à nu. Et l’ennemi intérieur prend les traits séduisants du relativisme, de la compassion mal comprise et d’un humanisme qui a oublié Dieu. L’Occident a expulsé la foi, mais au lieu de la remplacer par une vérité plus haute, chose impossible, il a laissé vide sa maison, et l’a livrée à tous les vents idéologiques.

Pourtant, ce mystère pourrait être dénoué. Car la clef est à portée de main : retrouver, non pas seulement les valeurs chrétiennes, mais le Christ lui-même.

Comme l’a rappelé le cardinal Sarah lors de sa venue le 26 juillet 2025 à Sainte-Anne-d’Auray : « Nous devons reprendre conscience que nous sommes chrétiens ! » Et d’ajouter « Si je suis là aujourd’hui, c’est parce que c’est vous qui m’avez fait ! Vous m’avez communiqué vos valeurs chrétiennes. Et quand je viens ici, je vois que l’on fait n’importe quoi ! Nous devons reprendre conscience que nous sommes chrétiens ! Jésus est mort pour nous, aujourd’hui l’on n’a plus de racines chrétiennes, on combat les lois de Dieu avec des lois nouvelles qui sont en contradiction frontale avec les lois de Dieu. »

Ces paroles ne sont pas un simple rappel historique, mais une mise en garde prophétique. Car le mystère de l’Ouest ne trouvera sa résolution que si l’Occident se souvient de sa véritable identité, celle qui l’a fait naître et grandir, être chrétien.

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