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L’intrigante sœur Véronique Margron : une pseudo-théologienne au positionnement idéologique très contestable

Véronique Margron - DR
Véronique Margron - DR
La Simone de Beauvoir de la Corref privilégie une lecture dite plus souple des enseignements traditionnels de l'Église au détriment de la vérité doctrinale.

Par Richard Tréminan, observateur de l’Eglise de France

Véronique Margron, née le 13 décembre 1957 à Dakar, est une figure controversée au sein de l’Église catholique française. Prieure provinciale des Sœurs de la charité dominicaines de la Présentation depuis 2014 et présidente contestée et contestable de la Conférence des religieuses et religieuses de France (Corref) depuis 2016, son parcours est marqué par un engagement dans des causes dites sociales, mais également par une orientation idéologique qui suscite de vives critiques.

Arrivée en France en 1961, Véronique Margron suit des études de psychologie à Tours, tout en exerçant comme institutrice. Elle se convertit au catholicisme en 1989 et intègre l’ordre dominicain, poursuivant des études de théologie à l’Institut catholique de Paris, où elle obtient une licence en théologie morale. Sa thèse, soutenue en 2005, aborde le sentiment de solitude, une thématique qui semble éloignée des réalités doctrinales de l’Église.

Se définissant comme une « une moraliste qui ne fait pas la morale » elle aborde avec une certaine idéologie les sujets du mariage pour tous, la procréation médicalement assistée, l’euthanasie ou les scandales de pédophilie dans l’église.

En 2021 fraichement réélue à la présidence de la Corref, juste avant la remise du rapport Sauvé ( rapport remis le 5 octobre 2021), l’on se demande si elle n’était pas en quête d’une certaine respectabilité, suite à la sortie de son livre; recherche de respect qui depuis a atteint ses limites, en témoigne l’absentéisme délibéré de nombreux religieux aux assemblées générales de la conférence des religieux et religieuses de France .

Celle dont le mandat de présidente se terminera en 2025 semble bien plus inspirée par un féminisme et un modernisme au service du bien-être de l’homme ou de la femme qu’à l’écoute de la parole de Dieu jugée trop contraignante .

La Simone de Beauvoir de la Corref privilégie une lecture dite plus souple des enseignements traditionnels de l’Église au détriment de la vérité doctrinale. Pourtant c’est avec un certain autoritarisme et sans l’avis et l’accord de son bureau qu’elle s’est positionnée sur le rapport Sauvé qui lui aussi est entouré de nombreuses zones d’ombre dans sa forme et dans ses modes de calcul.

D’un coté, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort candidat idéal à un certain masochisme clérical, de l’autre Jean-Marc Sauvé, auteur du rapport et accessoirement président des Apprentis d’Auteuil, a marqué de son empreinte de frère franc-maçon les modes de calcul et les extrapolations statistiques dudit rapport.

L’objectif était clairement d’amplifier la réalité des faits, pour servir qui ?

Revenons à celle qui,sous prétexte de ne pas faire la morale, a clairement affiché sa connivence avec le président de la Parole Libérée au moment de la remise du rapport Sauvé à ses commanditaires. Véronique Margron ne cache pas son engagement en faveur des victimes, mais cette révolte apparaît tardive. Après avoir prétendument passé plus de dix ans à travailler pour celles-ci, on peut se demander pourquoi elle a attendu si longtemps pour dénoncer les abus dont elle avait connaissance.

Son parcours semble donc alimenter une ambiguïté sur sa position : est-elle une fille de l’Église loyale, ou un franc-tireur désireux de critiquer son propre camp ?

Le pilotage de sa candidature de présidente de la Corref par 4 frères dominicains et sa tournée ( sans l’accord du bureau de la Corref) des conférences en 2022 -2023 en province pour « vendre » le rapport Sauvé ont clairement affiché une confusion avec celle qui s’affichait juge et partie.Comme si la « sœur révolte » souhaitait se refaire une virginité après la sortie en 2019 de son « moment de vérité « , elle a voulu apparaitre en lanceuse d’alerte …

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Rappelons que sur les réseaux sociaux ( X/Twitter) , Véronique Margron partage régulièrement des contenus qui dépassent le cadre de l’Eglise et affichent son engagement politique. Cela aussi soulève des questions sur la véritable nature de son rôle en tant que religieuse au sein l’institution. À travers des posts et re-posts oscillant entre l’actualité brûlante et des déclarations controversées, elle paraît plus préoccupée par un agenda militant que par une réflexion profonde sur les enjeux qui touchent l’Église.

Le livre de Margron, Un moment de vérité , fruit d’un travail hâtif, truffé d’approximations et d’erreurs, y compris dans le domaine théologique semble s’appuyer sur une unique colère qu’elle qualifie même d’« infinie colère ». Cette passion l’emmène sur des chemins de réflexion mal balisés, où sa pensée perd en cohérence. Le titre de son ouvrage pourrait paraître trompeur, car la vérité y est souvent éclipsée par une narration biaisée.

Alors que de nombreuses voix, tant au sein de l’Église que dans l’opinion publique, appellent à un retour à des fondements théologiques solides, regrettant que l’ardeur de la sœur Margron ne soit pas accompagnée d’une rigueur doctrinale appropriée on ne peut que regretter sa mauvaise compréhension des enjeux théologiques. Elle évoque par exemple la notion de responsabilité collective pénale des clercs, une thèse qui n’a pas de fondement en droit français. De même, son utilisation de la notion de « banalité du mal » d’Hannah Arendt est jugée inappropriée, laissant perplexes ceux qui tentent de comprendre son lien avec la culpabilité de l’Église.

Le positionnement de Véronique Margron soulève donc des interrogations sur ses motivations et sa capacité à représenter une voix éclairée au sein de l’Église. Ainsi, son engagement mérite d’être scruté à l’aune d’une réflexion solide, plutôt que de se limiter à une vision unidimensionnelle versant entre émotion et sagesse moderne.

Le cardinal Sarah a lui-même dénoncé les propos de Véronique Margron : “je suis donc profondément attristé quand je lis sous la plume d’une théologienne ( sœur Véronique Margron) que l’Eglise s’est rendue coupable d’un “péché collectif” ou que l’Eglise contribue à une structure de péché”. [ Extrait.il nous a tant donné. Cardinal Robert Sarah. Ed.Fayard.Paris 2023 ]

Rappelons que pour un vrai moment de vérité, il est impératif d’explorer les complexités du sujet avec une rigueur doctrinale adaptée sans idéologie ni approximations. Celle qui appelle à une remise en cause de la « conception de la vérité » propre à l’Eglise catholique devrait confronter sa vérité à La Vérité avec humilité, mais l’arrogance est là…

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