Réunis à Nemi, près de Rome, du 26 au 28 mars 2025, les évêques de la COMECE (Commission des Conférences épiscopales de l’Union européenne) ont publié une déclaration finale au ton grave, soulignant les menaces qui pèsent sur l’identité spirituelle et morale de l’Europe. Sous la présidence de Monseigneur Mariano Crociata, ils alertent sur les dérives actuelles de l’Union, en particulier son éloignement des valeurs chrétiennes qui ont inspiré ses pères fondateurs.
Face à une actualité marquée par les tensions mondiales, les évêques dénoncent « la montée des tensions mondiales », alimentée par « un isolationnisme croissant » et « une aggravation des dissensions ». Ils constatent une érosion du multilatéralisme, un affaiblissement des principes démocratiques et « une concurrence impitoyable et des confrontations violentes, souvent en violation du droit international ». La guerre en Ukraine est, à leurs yeux, un exemple parmi d’autres de cette dérive inquiétante.
Tout en reconnaissant la nécessité d’investissements « nécessaires, proportionnés et adéquats pour la défense », les évêques mettent en garde : ces investissements ne peuvent se faire « au détriment des efforts visant à promouvoir la dignité humaine, la justice, le développement humain intégral et la sauvegarde de la Création ». Ils s’opposent fermement à toute logique de surarmement : « Pas question de mener une course aux armements qui ne servirait en réalité que des intérêts commerciaux et non la paix. »
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Les prélats appellent l’Union européenne à rester fidèle à sa vocation originelle : être « un projet de paix ». Ce rôle, affirment-ils, n’est pas une posture diplomatique, mais une mission historique enracinée dans des événements fondateurs : la fin de la Seconde Guerre mondiale il y a 80 ans, la déclaration de Robert Schuman il y a 75 ans et l’Acte final d’Helsinki il y a 50 ans.
Le message des évêques est clair : pour sortir de cette « spirale dangereuse », l’Europe doit renouer avec les piliers qui l’ont construite. Ils invitent à redécouvrir « la dignité humaine », « la solidarité », « la démocratie » et « le bien commun », non comme des slogans abstraits, mais comme des engagements concrets inspirés par la foi chrétienne. L’Europe, affirment-ils, doit s’inspirer de ses prédécesseurs qui ont bâti un ordre de paix par le « dialogue » et la « coopération », dans le cadre « d’efforts créatifs ».
La COMECE partage la vision du pape François, qui voit en l’Union européenne « une promesse de paix » et « une source de développement ». Mais elle met en garde : si l’Europe oublie les plus pauvres, les réfugiés, les populations vulnérables, alors elle trahit sa mission et « compromet sa crédibilité en tant que leader mondial dans la promotion des droits de l’Homme, de la justice sociale et de la durabilité environnementale ».
En d’autres termes, si l’Europe veut encore prétendre incarner une espérance pour les peuples, elle ne pourra le faire qu’en redevenant fidèle à ce qu’elle a été : une civilisation au service de la paix, de la justice et de la vérité.