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Mária Magdolna Bódi sera béatifiée le 6 septembre, une martyre de la pureté face aux violences de la guerre

Mária Magdolna Bódi - DR
Mária Magdolna Bódi - DR
« La femme a une vocation particulière, qui est celle de faire valoir la tendresse de Dieu dans la vie des hommes»

La ville de Veszprém en Hongrie accueillera le samedi 6 septembre 2025 la béatification de Mária Magdolna Bódi (1921-1945), une jeune ouvrière hongroise tuée à l’âge de 23 ans alors qu’elle résistait à un viol.Elle sera proclamée bienheureuse à Veszprém. La cérémonie sera présidée par le cardinal Péter Erdö, archevêque d’Esztergom-Budapest, en représentation du pape Léon XIV.Née en 1921 dans le village de Litér, au bord du lac Balaton, Mária Magdolna Bódi grandit dans une famille modeste et travailla très tôt comme ouvrière. Animée d’une foi profonde, elle consacra ses forces aux enfants, aux personnes âgées et aux pauvres de son village.

En 1941, lors de la fête du Christ Roi, elle fit un vœu privé de chasteté, choisissant de se donner totalement au Seigneur. Ce geste intérieur, tenu secret, exprimait une radicalité évangélique que son entourage percevait déjà dans sa générosité et sa joie de vivre.Au printemps 1945, la Hongrie était plongée dans le chaos de la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Armée rouge avançait dans le pays, semant destructions et violences. Le 23 mars, alors que les combats touchaient son village, Mária Magdolna chercha refuge avec d’autres femmes et enfants dans un abri souterrain.Lorsque des soldats soviétiques pénétrèrent dans Litér, ils attaquèrent les femmes terrées dans le refuge. Bódi eut le courage de s’interposer et de prévenir ses compagnes. Refusant de céder, elle tenta de fuir, mais fut capturée par un soldat qui la tua de six balles.

Elle mourut en défendant sa foi et son vœu de chasteté, offrant ainsi sa vie en martyre de la pureté.

La béatification, initialement prévue en avril dernier, avait été reportée à la suite du décès du pape François. Confirmée par le pape Léon XIV, elle s’inscrit dans un programme de trois jours : une rencontre avec les jeunes ouvrira les célébrations le vendredi, la cérémonie de béatification aura lieu samedi, et dimanche les reliques de la bienheureuse seront transférées de Litér à la cathédrale Saint-Michel de Veszprém, où elles reposeront dans un autel latéral, signe visible de son intercession pour l’Église hongroise.La reconnaissance de Mária Magdolna Bódi fait écho à celle d’Anna Kolesárová, jeune slovaque béatifiée en 2018 après avoir été tuée dans des circonstances similaires en 1944. Ces deux figures de jeunes femmes martyrs témoignent que la fidélité au Christ et la dignité du corps humain sont des valeurs éternelles, même au milieu des pires violences de l’histoire.

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Le cardinal Péter Erdö souligne que « le sacrifice de Mária Magdolna n’est pas un épisode isolé, mais une lumière dans un siècle marqué par la barbarie. Elle rappelle aux jeunes générations que la pureté, loin d’être une naïveté, est une force intérieure capable de résister au mal ».La béatification de Bódi dépasse le seul contexte hongrois. Elle pose une question universelle : comment témoigner de l’Évangile dans un monde marqué par la banalisation de la sexualité et l’oubli du sens du sacrifice ?Le pape Léon XIV, de son côté, a encouragé les fidèles à voir dans cette béatification « un appel à la jeunesse à vivre sans compromis la joie de l’Évangile ».Dans un monde où la violence faite aux femmes demeure une plaie universelle, le témoignage de Mária Magdolna Bódi acquiert une résonance particulière. Elle n’est pas seulement une figure du passé mais un signe prophétique pour notre temps. Son exemple rejoint les paroles de Benoit XVI :

« La femme a une vocation particulière, qui est celle de faire valoir la tendresse de Dieu dans la vie des hommes»
(Discours aux participants du Congrès sur la dignité de la femme, 9 février 2008 )

La béatification de Mária Magdolna Bódi n’est pas seulement un acte liturgique, c’est une mémoire rendue vivante. En plaçant ses reliques dans la cathédrale de Veszprém, l’Église hongroise reconnaît en elle non seulement une fille du pays, mais une sœur universelle dans la foi.À travers elle, l’Europe centrale voit honorée une nouvelle génération de témoins du Christ, dont la vie et le sacrifice rappellent que la sainteté n’est pas réservée aux moines ou aux prêtres, mais qu’elle peut se vivre dans la simplicité d’une vie laïque, donnée jusqu’au bout.

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