Un nouveau drame a endeuillé la communauté chrétienne en RDC. Le jeudi 13 février, vers 4 heures du matin, des militants présumés des Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe affilié à l’État islamique (EI), ont pris d’assaut le village de Mayba, dans le territoire de Lubero, ordonnant aux habitants : « Sortez, sortez et ne faites aucun bruit. » Vingt hommes et femmes chrétiens ont été capturés et emmenés de force.
Face à cette attaque, la population locale a tenté de réagir pour organiser la libération des otages. Mais les assaillants ont alors encerclé le village et capturé 50 autres croyants. Tous ont été conduits dans une église protestante à Kasanga, où ils ont été exécutés.Ce massacre s’inscrit dans une longue série d’attaques contre les chrétiens en RDC, particulièrement dans la région du Nord-Kivu et de l’Ituri. Depuis 2014, les ADF ont intensifié leurs actions meurtrières, s’attaquant aux villages, aux églises et aux écoles chrétiennes.
Comme le précise Open Doors UK (opendoorsuk.org), les attaques menées par les ADF se sont propagées depuis le territoire de Beni jusqu’à Lubero, touchant désormais d’autres zones du Nord-Kivu. Rien qu’au cours du dernier mois, plus de 200 personnes ont été tuées dans la chefferie de Baswagha.
Le pays est aujourd’hui classé 35e dans la dernière World Watch List, un classement recensant les pays où les chrétiens sont le plus persécutés. En 2024, 355 chrétiens ont été tués pour leur foi, contre 261 l’année précédente, et plus de 10 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays à cause de la violence des groupes armés.
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Face à l’horreur, la communauté chrétienne exprime sa détresse. « Nous ne savons pas quoi faire ni comment prier ; nous en avons assez des massacres », confie un ancien de l’Église CECA20, dont plusieurs fidèles comptent parmi les victimes.Comme le précise Open Doors UK, certaines familles n’ont pas encore pu enterrer leurs proches, la situation sécuritaire empêchant tout déplacement. Les églises, écoles et centres de santé de la région ont dû fermer, et des milliers de chrétiens fuient pour sauver leur vie.
« Nous appelons à la prière et à la mobilisation », souligne John Samuel*, expert juridique de l’ONG Portes Ouvertes pour l’Afrique subsaharienne. « La violence se déroule dans un contexte d’impunité totale, où presque personne n’est tenu responsable. Ce massacre est un indicateur clair des violations des droits humains visant particulièrement les chrétiens, souvent ciblés par l’ADF, un groupe affilié à l’État islamique. »
Les églises de la région demandent une intervention plus ferme des autorités congolaises et internationales pour protéger les civils et mettre fin aux exactions des groupes armés. Comme le rappelle Open Doors UK, les chrétiens du monde entier sont appelés à prier « pour la fin de la violence et pour que les gouvernements nationaux et internationaux agissent avec diligence et transparence afin d’apporter la justice et la sécurité aux communautés vulnérables. »