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Mayenne : un maire veut raser l’église du village pour y planter un jardin du souvenir

église de  Quelaines-Saint-Gault - capture google street
église de Quelaines-Saint-Gault - capture google street
À Quelaines-Saint-Gault, la municipalité prévoit de détruire l’église paroissiale de Saint-Gault pour la remplacer par un jardin du souvenir à 130 000 euros. Une association locale dénonce un abandon du patrimoine et obtient un premier soutien du juge administratif

Par une ordonnance rendue le 17 octobre, le juge des référés du tribunal administratif de Nantes a rappelé une évidence : la commune de Quelaines-Saint-Gault n’a pas assuré l’entretien suffisant de son église, et le coût de restauration avancé par la municipalité, jusqu’à 800 000 euros, n’est pas fondé. Ce rappel à l’ordre a redonné espoir aux fidèles et aux habitants attachés à cet édifice menacé de démolition.

Face à l’urgence, l’Association pour la sauvegarde de l’église de Saint-Gault a déposé deux recours afin d’empêcher la destruction de l’édifice. L’enjeu n’est pas seulement patrimonial ou religieux, il s’agit aussi de vérité, de cohérence et de rigueur dans la gestion du bien commun. Les documents municipaux consultés dans le cadre de la procédure révèlent en effet que l’étude de faisabilité commandée en 2022 par la mairie a été réalisée par des entreprises peu expérimentées dans le domaine des édifices anciens. À l’inverse, l’Architecte des bâtiments de France, après avoir visité les lieux en mars 2024, a estimé que l’église se trouvait dans un « état sanitaire et structurel suffisant » pour justifier une sauvegarde, en préconisant une simple « mise hors d’eau et mise en sécurité ».

L’écart entre les estimations alimente le débat : là où la commune évoque 600 000 à 800 000 euros de travaux, le juge administratif retient 370 000 euros HT. L’association souligne qu’une première phase de sauvegarde, la couverture du clocher et de l’abside, pourrait être assurée pour environ 50 000 euros.

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Une somme modeste comparée aux 130 000 euros que la municipalité prévoit de dépenser pour créer un jardin du souvenir en lieu et place de l’église. « La mise hors d’eau de l’église est financièrement possible », rappelle le président de l’association, Christophe Logeais.

L’association avait proposé un financement partiel des travaux, mais cette offre, transmise en février, est restée sans réponse de la part du maire. Le juge administratif a reconnu qu’un maire ne peut refuser un tel concours, tout en estimant que la procédure de référé ne permettait pas d’imposer la mesure. Une décision rendue « sur une simple question de procédure », selon l’association, qui reste déterminée à poursuivre le combat.

Au-delà du cas de Saint-Gault, cette affaire illustre un phénomène bien plus large. Dans de nombreuses communes rurales, les maires, après des décennies d’inaction et de manque d’entretien, se retrouvent face à des églises fragilisées. Plutôt que d’assumer leurs responsabilités, certains choisissent la solution la plus expéditive, la démolition. Derrière les arguments financiers, c’est souvent la volonté de se débarrasser d’un patrimoine jugé encombrant qui transparaît. Pourtant, ces églises demeurent le cœur historique et spirituel des villages de France.À Quelaines-Saint-Gault, la messe n’est pas dite. Mais la tentation du bulldozer en dit long sur l’époque, on préfère parfois raser les pierres plutôt que réparer les âmes.

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