Chaque année, Viterbo vit au rythme du transport de la Machine de sainte Rose, une procession monumentale classée au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Cette année, derrière la ferveur populaire et les milliers de pèlerins rassemblés, la ville a frôlé le drame. Armes automatiques, explosifs et suspects liés à la mafia turque : la fête religieuse la plus identitaire de l’Italie centrale est devenue la cible d’un projet d’attentat islamiste d’une rare gravité.Un attentat terroriste a été déjoué dans l’après-midi du 3 septembre à Viterbo, en plein cœur de l’Italie centrale, alors que la ville s’apprêtait à vivre l’un de ses moments les plus sacrés : le transport de la Machine de sainte Rose (Trasporto della Macchina di Santa Rosa). Deux ressortissants turcs, âgés de 31 et 21 ans, ont été arrêtés avec des armes et des explosifs. Une troisième personne, présente lors de l’irruption des forces de l’ordre, a réussi à s’enfuir et reste activement recherchée.
Le transport de la Machine de sainte Rose est une procession spectaculaire unique au monde. Une immense tour lumineuse de 28 mètres et près de cinq tonnes, décorée de statues et de symboles religieux, est portée à bras par plus d’une centaine de porteurs à travers les rues du centre historique, plongées dans l’obscurité. Dans un silence solennel, seule la lumière de la Machine éclaire la ville. Ce rite exprime l’identité et la foi de toute la ville et attire chaque année près de 40 000 fidèles et visiteurs.C’est précisément ce moment que les suspects projetaient de frapper. Depuis un bed & breakfast situé à quelques mètres du parcours, ils préparaient une attaque armée qui aurait pu transformer la fête en tragédie. Les enquêteurs ont découvert un véritable arsenal : mitraillettes, pistolets, chargeurs, munitions et, selon les premières indiscrétions, des composants pour fabriquer des explosifs. L’opération, menée avec précision, a permis de neutraliser la menace. Les suspects ont opposé un silence total, laissant aux enquêteurs la tâche de reconstituer leurs liens et leurs intentions.
La figure de sainte Rose, morte à 18 ans après avoir défié une malformation congénitale rare, reste au cœur de la dévotion des habitants. Sa vie, marquée par un courage hors du commun et par son choix de se tenir aux côtés du pape contre l’empereur, continue d’inspirer la ville. Son cœur conservé depuis sept siècles constitue un cas unique, récemment étudié par la revue scientifique The Lancet. Le transport de la Machine symbolise cette résistance de la foi sur la fragilité humaine, et beaucoup de fidèles n’ont pas manqué de voir dans l’attentat déjoué une nouvelle épreuve à surmonter par son intercession.
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Les réseaux turcs ont déjà été liés au financement de groupes jihadistes. Les rapports récents d’Europol et de l’UNODC confirment que les mafias turques, actives dans le trafic d’héroïne, le blanchiment d’argent et la falsification de documents, alimentent indirectement les caisses du terrorisme islamiste.
Des enquêtes internationales ont mis en évidence le rôle de la Turquie comme carrefour pour les foreign fighters et comme plateforme de transferts financiers vers l’État islamique via le système informel de la hawala.Cet attentat déjoué constitue la première tentative avérée visant directement un événement religieux en Italie. Il révèle la vulnérabilité des processions populaires et des lieux de culte face à la menace islamiste.
En France, les services de renseignement ont déjà alerté sur le risque accru d’attaques visant des églises, des processions et des rassemblements religieux chrétiens , notamment après les appels récents de groupes jihadistes à cibler les chrétiens en Europe. La similitude entre la menace révélée à Viterbo et les inquiétudes françaises montre que les traditions religieuses symboles de piété populaire demeurent des cibles pour ceux qui veulent s’attaquer à l’identité et à la foi chrétienne du continent européen.Pour les habitants de Viterbo, la fête de sainte Rose s’est néanmoins achevée dans la ferveur et le silence solennel. Mais cette année, l’image de la jeune sainte qui défia l’empereur au nom de sa fidélité au pape a pris une nouvelle dimension. Face à la menace du jihad, la ville a résisté, protégée par la vigilance humaine… et peut-être par l’intercession de sa patronne.
