Pour ce deuxième dimanche de l’Avent, le pape Léon XIV est revenu au cœur du mystère chrétien : Non pas un Dieu puissant selon les catégories du monde, non pas un souverain qui se sert de l’homme, mais un Roi humble qui vient régner pour libérer. En commentant l’Évangile de Jean-Baptiste, le Saint-Père a rappelé d’une voix claire que nous ne sommes pas soumis au destin tracé par les puissants, ni aux fatalismes politiques, mais ouverts à la surprise de Dieu. « Nous mettons nos pensées et nos énergies au service d’un Dieu qui vient régner non pour nous dominer, mais pour nous libérer », a-t-il souligné. Cette phrase concentre toute une vision de l’histoire, une lecture chrétienne qui n’adore ni la force, ni le calcul, mais l’espérance. Le règne du Christ n’est pas oppression, il est délivrance. Le courage de la conversion, prêché par Jean-Baptiste, n’est pas la peur du jugement, mais la conscience que la vie a un but et que Dieu se tient aux portes de notre existence.
Le pape a invité les fidèles à se préparer, à se laisser guider, comme ces lumières qui éclairent les rues en décembre rappelant que chacun peut devenir une petite lumière en accueillant Jésus. Le Royaume vient dans la douceur, comme un rejeton fragile poussé sur un tronc apparemment mort. Le souverain que l’Église annonce ne conquiert pas, il s’offre. Depuis la nuit de sa naissance jusqu’à l’heure sombre de la croix, il s’est remis entre nos mains. L’Avent, a rappelé Léon XIV, n’est pas une période d’abstraction spirituelle, mais une école de lumière. Apprendre de Marie, femme de l’attente et de l’espérance, telle est la pédagogie de Dieu qui choisit l’humble.
Lire aussi
Après l’Angelus, le pape a évoqué son retour de Türkiye et du Liban. Il a parlé d’unité, de consolation, d’un peuple éprouvé qui ne demande pas seulement de l’aide, mais qui donne de la foi. Dans les rues de Beyrouth, ce ne fut pas le pape qui réconfortait la foule qu’il croisait, mais le peuple qui le réconfortait par son espérance, a t-il précisé.
Au Liban, mosaïque fragile où tant de regards se croisent, le Saint-Père a vu la preuve que la coexistence n’est pas un rêve naïf, mais une réalité enracinée dans l’Évangile vécu. Et de cette expérience est sortie une affirmation forte : la paix est possible. Non pas une paix imposée d’en haut, mais une paix façonnée par ceux qui accueillent, partagent le pain, visitent les prisonniers, prennent soin des déplacés. Les témoignages qu’il a entendus ont été comme des semences de lumière. « Ne l’oublions pas, la paix est possible », a-t-il insisté. Dans ces jours troublés, la parole résonne avec simplicité et force.Le pape n’a pas laissé de côté les larmes du monde. Il s’est dit proche des peuples du Sud et du Sud-est asiatique touchés par les catastrophes naturelles. Son appel à la solidarité a rappelé qu’un chrétien ne contemple pas le ciel en oubliant la terre. La prière et l’aide matérielle vont ensemble. Puis il a salué les pèlerins, les communautés, les groupes paroissiaux venus de tant de pays. L’Église, petite et vaste, était visible sur la place Saint-Pierre, signe d’un peuple rassemblé dans l’attente du jour nouveau.
Intégralité du texte dit par le Pape Léon XIV
Place Saint-Pierre
IIe dimanche de l’Avent, 7 décembre 2025
« Chers frères et sœurs, bon dimanche !
L’Évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent nous annonce la venue du Royaume de Dieu (cf. Mt 3, 1-12). Avant Jésus, son Précurseur, Jean-Baptiste, apparaît sur la scène. Il prêchait dans le désert de Judée en disant : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche ! » (Mt 3, 1).
Dans la prière du “Notre Père”, nous demandons chaque jour : « Que ton règne vienne ». Jésus lui-même nous l’a enseignée. Et par cette invocation, nous nous tournons vers la Nouveauté que Dieu nous réserve, nous reconnaissons que le cours de l’histoire n’est pas déjà écrit par les puissants de ce monde. Nous mettons nos pensées et nos énergies au service d’un Dieu qui vient régner non pour nous dominer, mais pour nous libérer. C’est un “évangile”, une véritable bonne nouvelle qui nous motive et nous engage.
Certes, le ton du Baptiste est sévère, mais le peuple l’écoute parce qu’il entend dans ses paroles résonner l’appel de Dieu à ne pas jouer avec la vie, à profiter du moment présent pour se préparer à la rencontre avec Celui qui juge, non pas les apparences mais les œuvres et les intentions du cœur.
Jean lui-même sera surpris par la manière dont le Royaume de Dieu se manifestera en Jésus-Christ, dans la douceur et la miséricorde. Le prophète Isaïe le compare à un rejeton : une image qui n’évoque ni la puissance ni la destruction, mais la naissance et la nouveauté. L’Esprit Saint avec ses dons commence à souffler sur le rejeton qui pousse à partir d’un tronc apparemment mort (cf. Is 11, 1-10). Chacun de nous peut penser à une surprise similaire qui lui est arrivée dans la vie.
Telle est l’expérience que l’Église a vécue lors du Concile Vatican II clôturé il y a exactement soixante ans : une expérience qui se renouvelle lorsque nous marchons ensemble vers le Royaume de Dieu, tous désireux de l’accueillir et de le servir. Alors, non seulement des réalités qui semblaient faibles ou marginales fleurissent, mais ce qui semblait humainement impossible se réalise, comme dans les images du prophète : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira » (Is 11,6).
Sœurs et frères, comme le monde a besoin de cette espérance ! Rien n’est impossible à Dieu. Préparons-nous à son Royaume, accueillons-le. Le plus petit, Jésus de Nazareth, nous guidera ! Il resplendit sur notre histoire comme le Soleil levant, Lui qui s’est remis entre nos mains, depuis la nuit de sa naissance jusqu’à l’heure sombre de sa mort sur la croix. Un jour nouveau a commencé : réveillons-nous et marchons dans sa lumière !
Voici la spiritualité de l’Avent, si lumineuse et concrète. Les lumières le long des rues nous rappellent que chacun peut être une petite lumière s’il accueille Jésus, germe d’un monde nouveau. Apprenons à le faire de Marie, notre Mère, femme de l’attente confiante et de l’espérance.
__________________
À l’issue de l’Angélus
Chers frères et sœurs !
Je suis rentré il y a quelques jours de mon premier voyage apostolique, en Türkiye et au Liban. Avec mon bien-aimé frère Bartholomée, Patriarche Œcuménique de Constantinople, et les Représentants d’autres confessions chrétiennes, nous nous sommes réunis pour prier ensemble à İznik, l’ancienne Nicée, où s’est tenu il y a 1700 ans le premier Concile œcuménique. Aujourd’hui même, nous célébrons le 60e anniversaire de la Déclaration commune entre Paul VI et le Patriarche Athénagoras qui a mis fin aux excommunications réciproques. Nous rendons grâce à Dieu et renouvelons notre engagement sur le chemin vers la pleine unité visible de tous les chrétiens. En Türkiye, j’ai eu la joie de rencontrer la communauté catholique : à travers un dialogue patient et le service rendu à ceux qui souffrent, elle témoigne de l’Évangile de l’amour et de la logique de Dieu qui se manifeste dans la petitesse.
Le Liban continue d’être une mosaïque de coexistence et j’ai été réconforté d’entendre de nombreux témoignages en ce sens. J’ai rencontré des personnes qui annoncent l’Évangile en accueillant les personnes déplacées, en rendant visite aux prisonniers, en partageant leur pain avec ceux qui sont dans le besoin. J’ai été réconforté de voir tant de gens dans la rue qui me saluaient et j’ai été ému par la rencontre avec les proches des victimes de l’explosion au port de Beyrouth. Les Libanais attendaient une parole et une présence de consolation, mais ce sont eux qui m’ont réconforté par leur foi et leur enthousiasme ! Je remercie tous ceux qui m’ont accompagné par leur prière ! Chers frères et sœurs, ce qui s’est passé ces derniers jours en Türkiye et au Liban nous enseigne que la paix est possible et que les chrétiens, en dialogue avec les hommes et les femmes d’autres confessions et cultures peuvent contribuer à la construire. Ne l’oublions pas : la paix est possible !
Je suis proche des peuples du Sud et du Sud-est asiatique, durement éprouvés par les récentes catastrophes naturelles. Je prie pour les victimes, pour les familles qui pleurent leurs proches et pour ceux qui apportent leur aide. J’exhorte la communauté internationale et toutes les personnes de bonne volonté à soutenir nos frères et sœurs de ces régions par des gestes de solidarité.
Je vous salue tous avec affection, Romains et pèlerins. Je salue tous ceux qui sont venus d’autres parties du monde, en particulier les fidèles péruviens de Pisco, Cusco et Lima ; les Polonais en rappelant également la Journée de prière et d’aide matérielle à l’Église de l’Est ; ainsi que le groupe d’étudiants portugais.
Je salue ensuite les groupes paroissiaux de Lentiai, Manerbio, Santa Cesarea Terme, Cerfignano, Roverchiara et Roverchiaretta ; les jeunes de Marostica et Pianezze, les confirmands de Cavaion Veronese, les jeunes de l’Oratoire de Mezzocorona, le groupe d’enfants de chœur de Bologne et les membres de la Mutua Madonna del Granato.
Je souhaite à tous un bon dimanche et un bon chemin de l’Avent. »
Source Vatican


