Le 31 juillet dernier, le cardinal Kevin Farrell a accepté la renonciation de Michel-Bernard de Vregille à sa charge de Modérateur Général de la Communauté de l’Emmanuel. Ce départ marque une nouvelle étape pour ce mouvement international, à la fois missionnaire, clérical et laïc.
Dans une lettre adressée à ses membres, la Communauté de l’Emmanuel a annoncé un changement de gouvernance majeur. Michel-Bernard de Vregille, Modérateur Général depuis 2018, a remis sa charge au discernement du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie le 12 juillet, et le cardinal Farrell a entériné cette décision le 31 juillet, ouvrant ainsi une phase de transition qui devrait aboutir à la désignation d’un nouveau modérateur dans les mois à venir.
Dans un long message personnel adressé à la Communauté, Michel-Bernard de Vregille revient avec gravité et gratitude sur ses 24 années de service, aux côtés de son épouse Catherine. Il évoque les joies de son mandat, comme la reconnaissance des vertus héroïques de Pierre Goursat ou le jubilé du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial, mais aussi les épreuves traversées ces dernières années. Parmi celles-ci, il mentionne sans détour les blessures causées par certains abus internes, les difficultés à écouter les victimes, et les tensions croissantes au sein des instances de gouvernement. Il confie que ces éléments ont contribué à son discernement, jusqu’à sa décision de remettre sa charge entre les mains de l’Église, tout en exprimant une confiance sereine dans l’avenir du mouvement. Il conclut en demandant pardon à ceux qu’il aurait pu blesser, et en rendant hommage au cardinal André Vingt-Trois, qui fut l’un des grands soutiens historiques de la Communauté.D’après les statuts de la Communauté, un gouvernement intérimaire doit désormais être mis en place. Celui-ci sera élu samedi 9 août 2025 à Paris, à la Domus Emmanuel, par les membres des deux Conseils, International et de la Fraternité. Le scrutin, à bulletin secret, s’effectuera selon une procédure progressive, jusqu’à obtention d’une majorité relative si nécessaire. Le responsable par intérim assumera la coordination spirituelle, missionnaire et administrative, jusqu’à l’élection d’un nouveau Modérateur dans un délai d’un an. Le nom de la personne désignée sera rendu public une fois l’élection ratifiée par le Dicastère romain compétent.
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Ce départ s’inscrit dans une dynamique plus large au sein des mouvements ecclésiaux, que le pape François a invités à renforcer leur collégialité et à éviter toute personnalisation excessive du pouvoir. La Communauté de l’Emmanuel semble avoir pris au sérieux ces appels, en engageant depuis plusieurs années un travail de transformation de ses structures. Reste à voir si cette transition aboutira à une coresponsabilité renforcée entre clercs et laïcs, une question encore vive pour de nombreux membres.
On objectera, à juste titre, que cette renonciation répond à une logique de cycle naturel, dans une communauté arrivée à maturité. Néanmoins, certains s’interrogent sur la nature des tensions évoquées, et sur la manière dont elles ont affecté la gouvernance. À travers cette décision, c’est aussi la capacité d’un mouvement charismatique à assumer une réforme de fond qui est mise à l’épreuve.Le nom du nouveau responsable par intérim devrait être connu dans les jours suivant l’élection. Reste à savoir si cette transition, annoncée comme paisible, portera en elle une orientation nouvelle ou s’inscrira dans la stricte continuité.
Lettre adressée par Michel-Bernard de Vregille