Depuis 2000 ans

Monseigneur Giraud dénonce le scandale provoqué par Mgr de Kerimel : une voix qui dénonce sans renoncer

Monseigneur Giraud - DR
Monseigneur Giraud - DR
Une prise de parole rare, mais salutaire, dans un épiscopat trop souvent enfermé dans une collégialité silencieuse

Ce mardi 22 juillet 2025, une voix s’est élevée dans l’Église de France. Celle de Monseigneur Hervé Giraud, évêque de Viviers, qui a pris publiquement position contre la décision de Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, d’avoir nommé chancelier diocésain le père Dominique Spina, condamné en 2006 pour viol sur mineur. Une décision justifiée par l’archevêque au nom de la miséricorde et de la réinsertion, mais qui a provoqué une vive émotion dans les rangs des fidèles comme du clergé.

« La collégialité entre évêques ne suffit pas », a affirmé Mgr Giraud avant d’expliquer plus longuement son désaccord dans les colonnes de La Vie : « La collégialité entre évêques ne suffit pas. Elle peut paralyser. Elle peut aussi montrer une détermination commune pour la prévention des abus et violences sexuelles. Mais en amont de la collégialité, il y a, pour un évêque diocésain, le souci de tout le peuple de Dieu. Je dois dʼabord avoir une sollicitude pour toute lʼÉglise et donc être solidaire du peuple qui mʼest confié« .

En une phrase, il résume l’impasse dans laquelle l’Église de France s’enferme depuis trop longtemps : celle d’une solidarité entre évêques qui se transforme, dans certains cas, en loi du silence.Né en 1957 à Tournon-sur-Rhône, Mgr Hervé Giraud a été ordonné prêtre en 1985 pour le diocèse de Viviers. Ancien évêque auxiliaire de Lyon, puis évêque de Soissons, il a été archevêque de Sens-Auxerre et prélat de la Mission de France de 2015 à 2025. Depuis mars 2024, il est archevêque-évêque de Viviers.

Dénoncer sans renoncer : c’est précisément ce que fait aujourd’hui Mgr Giraud. Il dénonce un scandale, sans renoncer à la communion ecclésiale. Il ne se pose pas en opposant, mais en pasteur lucide et fidèle, soucieux de vérité. Il ne défend pas une idéologie, mais le bon sens, la prudence, la justice, et la confiance du peuple de Dieu.

Lire aussi

et le prélat de poursuivre : « L’archevêque de Toulouse parlait de « principe de miséricorde » mais je me suis dit que nous nʼavions vraiment pas la même notion de la miséricorde. Qui doit faire miséricorde ? Je ne pense pas quʼun évêque puisse faire miséricorde sans prendre en compte les personnes victimes. Certes, ce nʼest pas simple car il faut bien veiller aussi à lʼavenir du prêtre mais il y a bien dʼautres manières de lui ouvrir un chemin de vie« .

Nous savons que, sur bien d’autres sujets des voix d’évêques ou de prêtres sont aujourd’hui étouffées, marginalisées, réduites au silence. Non pas parce qu’elles sont hérétiques, mais parce qu’elles dérangent une certaine collégialité solidaire devenue une norme absolue, la norme d’une certaine Eglise ..celle des hommes .Mais cette collégialité, si elle est vécue comme une chape de plomb, peut-elle satisfaire la Vérité ? Le Christ, qui est la Vérité, peut-il être soumis à une logique purement humaine de consensus ?Alors oui, le courage de Mgr Giraud est peut-être le signe avant-coureur d’un réveil. Le début d’une série de prises de parole, non pas discordantes mais prophétiques. Celles d’évêques et de prêtres qui, témoins de la Vérité et dénonciateurs du mensonge, ne peuvent plus supporter que le silence devienne la norme dès lors que l’institution est en jeu.

Le cardinal Jean-Marc Aveline, récemment élu président de la Conférence des évêques de France, devra entendre ce signal. Il lui faudra composer, non pas avec des dissidents, mais avec des serviteurs de la Vérité. Il lui faudra faire preuve d’attention, d’humilité et de discernement, pour écouter non pas des voix isolées, mais des voix fidèles, qui ne cherchent pas la division mais l’intégrité.

Car ce ne sont pas les voix discordantes qui menacent l’unité de l’Église, mais le refus de les écouter.

Recevez chaque jour notre newsletter !

Lire aussi :