« Le cardinal Dominik Duka, archevêque émérite de Prague et figure majeure de l’Église catholique tchèque, est décédé mardi 4 novembre 2025 à l’âge de 82 ans ». L’annonce a été faite par l’archevêché de Prague. Son décès est survenu à trois heures du matin, après plusieurs semaines de santé déclinante.Né en 1943 à Hradec Králové, le cardinal Duka aura marqué plus d’un demi-siècle de vie ecclésiale en Tchéquie. Archevêque de Prague pendant douze ans, de 2010 à 2022, il a joué un rôle clé dans les négociations entre l’État et l’Église concernant les restitutions de biens ecclésiastiques confisqués sous le régime communiste. Pour son engagement public, il avait reçu en 2016 la plus haute distinction du pays, l’Ordre du Lion blanc, des mains du président Miloš Zeman.
Ses obsèques solennelles auront lieu le samedi 15 novembre dans la cathédrale Saint-Guy de Prague, où il sera inhumé dans la crypte des archevêques, au sein de la chapelle Saint-Guy. Les fidèles pourront lui rendre hommage les jeudi 13 et vendredi 14 novembre, de midi à 18 heures, en l’église de Tous-les-Saints, où un registre de condoléances sera ouvert.
Le cardinal Duka était connu pour son franc-parler et sa fermeté. « C’était un homme au caractère de combattant, parfois déroutant, mais profondément sincère », a déclaré l’actuel archevêque de Prague, Mgr Jan Graubner, en signant le premier le livre de condoléances. Il a ajouté : « Je rends grâce à Dieu pour tout ce qu’Il a accompli dans ce pays à travers lui. »
Journalistes et observateurs ont souligné qu’avec sa mort, l’Église catholique tchèque perdait une voix influente au sein du collège des cardinaux. « C’est une situation inédite : la République tchèque n’a désormais plus de cardinal », a noté le rédacteur de la télévision publique ČT, Dušan Šulc. Cette absence, a-t-il précisé, n’est pas une première dans l’histoire du pays, mais elle prive l’Église locale d’une représentation directe auprès du Saint-Siège.
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Dominik Duka avait connu la répression communiste. Entré chez les Dominicains en 1968, il fut ordonné prêtre en 1970, avant de se voir retirer son autorisation d’exercer cinq ans plus tard. Contraint de travailler comme dessinateur industriel à Škoda Plzeň, il continua à exercer un ministère clandestin et fut emprisonné en 1981-1982 pour ses activités religieuses. C’est alors qu’il rencontra Václav Havel, futur président tchèque, avec qui il noua une amitié durable.Devenu provincial des Dominicains en 1986, il fut nommé évêque de Hradec Králové en 1998, puis archevêque de Prague en 2010. Deux ans plus tard, le pape Benoît XVI le créa cardinal. Homme cultivé, passionné d’histoire et de spiritualité, il parlait couramment l’espagnol et entretenait de solides liens avec l’Amérique latine.
Connu pour ses positions conservatrices, le cardinal Duka ne craignait pas de prendre la parole dans le débat public. Il s’était opposé à la banalisation de l’avortement et avait dénoncé le relativisme moral des sociétés européennes.
Certains de ses propos, notamment à propos de la guerre en Ukraine ou de la pandémie de covid-19, avaient suscité la controverse, mais il restait respecté pour sa cohérence et son courage.Sous son épiscopat, il avait aussi soutenu la reconstruction de la colonne mariale de la place de la Vieille-Ville à Prague, symbole de gratitude mariale détruit en 1918, qu’il bénit solennellement en 2020. Ces dernières semaines, Dominik Duka avait confié sur les réseaux sociaux qu’il sentait sa fin proche. Sorti de l’hôpital militaire central après une opération lourde, il avait écrit :
« Il y a eu des moments où j’ai cru que nous allions devoir nous dire adieu. Mais grâce à Dieu, aux médecins et à vos prières, nous continuons notre pèlerinage vers l’Horizon, qui est le Christ — Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière. »
Quelques jours plus tard, la mort est venue le saisir dans le calme, au terme d’une vie offerte au service de l’Église et de la vérité.
