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Mort du streamer Jean Pormanove : La spirale du mal qui conduit à la mort

Jean Pormanove - DR
Jean Pormanove - DR
On croyait les jeux du cirque relégués à l’Antiquité. Ils sont revenus, plus cruels encore, diffusés en direct dans nos foyers : les « likes » et les dons en ligne , nourrissent la machine infernale

Par Philippe Marie

La mort en direct du streameur français Jean Pormanove n’est pas seulement un fait divers sordide. Elle est le symptôme éclatant d’une société qui a perdu le sens du bien, du beau, du sacré, et qui s’enfonce chaque jour davantage dans la spirale de l’abject: c’est un vrai drame de civilisation. Pendant des mois, cet homme a été transformé en objet de spectacle. Son humiliation, ses souffrances physiques et psychologiques, ses cris étouffés, sa dignité piétinée, tout cela a été consommé par des foules avides, prêtes à payer pour assister à ce qui s’apparente à une mise à mort moderne. Dans l’arène numérique, les gladiateurs ne s’affrontent plus à coups d’épée, ils s’entre-déchirent sous le regard des caméras, encouragés par des spectateurs complices qui se repaissent de cette violence.

On invoquera le « consentement » des victimes. Mais peut-on vraiment parler de liberté lorsqu’un homme, fragilisé par ses blessures, accepte d’être frappé et humilié en échange d’un peu d’argent et d’une notoriété malsaine ? Le consentement ne justifie pas l’indigne. Sinon, jusqu’où ira-t-on ? La société accepte-t-elle que la dignité humaine devienne une marchandise, que la souffrance se transforme en divertissement, et que la mort elle-même devienne un spectacle ?

La responsabilité est collective. Elle est celle des plateformes, qui ferment les yeux tant que les profits affluent. Elle est celle des spectateurs, qui cliquent, commentent et financent ces abominations. Elle est aussi celle d’un système médiatique et culturel qui glorifie le scandale, banalise la violence et fait de la transgression un modèle.

Il est impossible de ne pas songer aux jeux du cirque de la Rome antique. Dans ces arènes, la foule se pressait pour voir couler le sang, pour assister à l’humiliation des gladiateurs ou des condamnés, et pour assouvir les instincts les plus bas de l’homme. Aujourd’hui, ce n’est plus dans le Colisée que se joue la tragédie, mais sur les écrans de nos ordinateurs et de nos téléphones. L’arène s’est virtualisée, mais le mécanisme est le même : une masse avide de sensations fortes, prête à sacrifier la dignité d’autrui pour son propre plaisir. Comme hier, les applaudissements , jadis dans les gradins, désormais dans les « likes » et les dons en ligne , nourrissent la machine infernale. Ce parallèle n’est pas anecdotique : il montre que sans la lumière de l’Évangile et le rappel constant de la dignité humaine, la barbarie ressurgit toujours, simplement habillée des habits de son époque.

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La tradition chrétienne nous enseigne que l’homme est créé à l’image de Dieu, et qu’il possède une dignité inaliénable. Cette vérité est aujourd’hui piétinée par une civilisation qui a remplacé le respect de la vie par le culte du spectacle. Comme le rappelait le cardinal Robert Sarah, « lorsque Dieu est chassé du centre, l’homme est réduit à l’état de consommable, de marchandise, de jouet entre les mains de la violence ».Jean Pormanove est mort dans l’indifférence active d’un public hilare. Cette mort ne peut être considérée comme un simple accident. Elle est le fruit d’un système qui transforme le mal en jeu, l’humiliation en divertissement, et la mort en contenu viral.

Il est temps de dire non. Non à la barbarie qui avance masquée sous le nom de « liberté ». Non à la marchandisation de la dignité humaine. Non à ces plateformes complices qui se nourrissent de la laideur et de la souffrance. Notre société doit retrouver le sens du sacré, de la beauté et du respect de la vie.Sans ce sursaut, d’autres Jean Pormanove tomberont demain dans cette spirale du mal. Et notre silence fera de nous des complices.

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