Alors que les résultats de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire doivent être rendus publics dans les prochains jours, le Secrétariat général de l’enseignement catholique a présenté, le 19 juin, un ensemble de mesures destinées à renforcer la prévention dans ses établissements. « Ni sourds, ni aveugles, ni inactifs » : en reprenant cette formule forte, Philippe Delorme, secrétaire général, a voulu signifier un changement d’attitude et un engagement clair.
Lors de ce point presse organisé avec l’Apel, Philippe Delorme a d’abord insisté sur la nécessité d’accueillir davantage la parole des victimes. « L’écoute, la compréhension et l’analyse de ce qui s’est passé participent à la prévention », a-t-il rappelé, tout en saluant le rôle des lanceurs d’alerte et des travaux parlementaires récents. Constatant que les dispositifs existants, notamment ceux déployés après le rapport de la Ciase, ne répondent pas pleinement aux attentes de toutes les victimes, l’enseignement catholique souhaite mettre en place un dispositif complémentaire, indépendant, pour faciliter une libération plus profonde et plus respectée de la parole. Une mission d’expertise, composée de six personnalités reconnues, rendra ses recommandations à la mi-septembre.
En parallèle, l’institution engage dès la rentrée prochaine un processus de certification de ses 596 internats, qui accueillent près de 38 000 pensionnaires. Le cabinet Ezalen élabore actuellement un cahier des charges destiné à évaluer, puis à améliorer les conditions d’accueil dans chacun de ces lieux. Parmi les critères abordés : la présence d’espaces d’intimité, la formation du personnel, et la sécurité globale du cadre de vie.La troisième mesure porte sur la formation. Depuis 2017, un programme baptisé 3PF (Protection des publics fragiles) a permis de constituer un réseau de 122 référents diocésains. Ce programme va s’amplifier : une version simplifiée de ses contenus sera largement diffusée, un Mooc accessible à tous sera lancé à la rentrée, et les modules sur la bientraitance deviendront obligatoires dans la formation initiale et continue des enseignants et éducateurs. L’Apel s’engage également à former tous ses cadres.
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Hélène Laubignat, présidente nationale de l’Apel, a résumé l’esprit de cette démarche : « Nous portons cet impératif moral avec gravité et détermination. » Elle a également souligné l’attention nouvelle portée à la santé mentale des jeunes, enjeu désormais reconnu dans la formation commune mise en place avec l’association des psychologues de l’enseignement catholique et la fédération sportive Ugsel.
Philippe Delorme, enfin, a rappelé le but de cette mobilisation : « Il s’agit de renforcer les actions déjà conduites pour que telles perversions de la promesse éducative ne puissent plus se produire… pour regarder tout cela avec lucidité et, avec les victimes, être acteur d’un “plus jamais ça”. » Un chemin exigeant s’ouvre pour l’enseignement catholique : celui d’une responsabilité assumée et d’une fidélité renouvelée à sa mission évangélique d’éducation.