Il s’agit de la deuxième attaque contre une école catholique en moins d’une semaine, après l’enlèvement de 25 jeunes filles dans l’État voisin de Kebbi.Le Nigeria fait donc face à une nouvelle attaque visant un établissement scolaire chrétien. Aux premières heures du vendredi 21 novembre, des hommes lourdement armés ont pris d’assaut la St. Mary’s School, un internat catholique de la communauté de Papiri, dans la zone administrative d’Agwara. L’assaut a conduit à l’enlèvement d’un nombre encore indéterminé d’élèves et de membres du personnel. Selon la chaîne locale Arise TV, 52 enfants seraient portés disparus. La Police du Niger State a confirmé l’attaque, précisant que des bandits armés ont envahi les dortoirs avant d’entraîner les enfants dans la brousse. Le diocèse catholique de Kontagora a signalé qu’un agent de sécurité de l’école avait été grièvement blessé par balles au cours de l’assaut.
Le complexe scolaire, qui comprend également une école primaire attenante, est vaste, avec plus d’une cinquantaine de bâtiments. Plusieurs enfants ont pu fuir, mais de nombreux autres ont été emmenés. Dauda Chekula, grand-père de quatre élèves enlevés, a décrit la confusion qui a suivi l’attaque, des enfants courant se réfugier chez eux tandis que les ravisseurs disparaissaient avec le reste du groupe dans la forêt.Les autorités de l’État du Niger ont fait savoir qu’elles avaient reçu, avant l’attaque, des renseignements faisant état d’une menace accrue dans la région. Par précaution, le gouvernement avait ordonné la fermeture temporaire de tous les internats de la zone à risque. Cependant, St. Mary’s School avait rouvert sans autorisation officielle, une décision que les autorités jugent avoir exposé élèves et personnel à un risque évitable. Un habitant de Papiri a confirmé que seuls des vigiles locaux assuraient la surveillance de l’école au moment des faits.
Ce nouvel enlèvement intervient seulement quatre jours après l’attaque d’un lycée pour filles dans l’État voisin de Kebbi. Le lundi 17 novembre, au petit matin, des hommes armés ont enlevé 25 jeunes filles, tuant au passage un membre du personnel. Une d’entre elles a pu s’échapper, mais 24 restent introuvables. Dans la même semaine, l’État de Kwara a été marqué par une attaque contre une église, où deux fidèles ont été tués et 38 chrétiens enlevés, leurs ravisseurs réclamant une rançon élevée. Face à ces événements, le président Bola Tinubu a reporté sa participation au sommet du G20, réaffirmant que le gouvernement utiliserait « toutes les ressources de l’État » pour libérer les victimes.
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Aucun groupe n’a revendiqué l’enlèvement de St. Mary’s School. Les forces de sécurité attribuent ces attaques à des bandes armées actives depuis plusieurs années dans la région, souvent impliquées dans des enlèvements de masse destinés à obtenir rançon.Rappelons que depuis plus d’une décennie, le pays subit une vague continue de violences contre des écoles, marquée par le traumatisme des 276 lycéennes de Chibok en 2014. On estime qu’au moins 1 500 élèves ont été kidnappés depuis dans le nord et le centre du pays.Dans ce contexte où les violences contre les communautés chrétiennes se multiplient, ce nouvel enlèvement ravive un débat international déjà très vif. Ces derniers mois, l’administration américaine, par la voix du président Donald Trump, a publiquement affirmé que les chrétiens du Nigeria étaient victimes de persécutions ciblées, allant jusqu’à évoquer la possibilité d’une intervention militaire si ces violences continuaient, une analyse rejetée par le gouvernement nigérian mais qui reflète l’inquiétude croissante d’une partie de la communauté internationale. Il y a deux jours l’ambassadeur américain à l’ONU qualifiait de génocide la persécution des chrétiens au Nigeria.
Sur le terrain, les chrétiens se retrouvent en première ligne, beaucoup y voient les signes d’un martyre prolongé, d’un peuple qui souffre pour sa foi sous les assauts de groupes armés sans scrupules. Dans cette réalité dramatique, l’Église du Nigeria continue de soutenir les victimes, d’accompagner les familles et de rappeler la dignité de chaque vie. Pour beaucoup de fidèles, cette succession d’attaques porte les traits d’un véritable génocide contre les communautés chrétiennes, une lente destruction d’un peuple vulnérable qui persévère pourtant dans la prière, l’espérance et la fidélité au Christ.


