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« Notre compassion devient un délit  » : Monseigneur Rey dénonce haut et fort le projet de loi sur l’euthanasie

Monseigneur Rey  - crédit Eglise catholique
Monseigneur Rey - crédit Eglise catholique
En criminalisant tout acte d’entrave, même verbal ou moral, le législateur fait peser une lourde menace sur l’accompagnement humain et spirituel de la fin de vie

L’amendement n° 2377, adopté par l’Assemblée nationale, durcit les peines contre ceux qui entraveraient « l’aide à mourir ». Désormais, ce délit pourra être puni de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende. Ce texte entend aligner les sanctions sur celles prévues pour les entraves à l’interruption volontaire de grossesse, en se fondant sur l’article L. 2223-2 du code de la santé publique. En d’autres termes, toute personne qui tenterait de convaincre un proche de ne pas recourir à une aide à mourir par un témoignage, une parole, une main tendue pourra être poursuivie.

Face à cette funeste évolution législative, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une criminalisation croissante de toute opposition morale à l’euthanasie. Parmi elles, Monseigneur Rey, ancien évêque de Fréjus-Toulon, a exprimé sa profonde inquiétude sur son compte X:« défendre la vie devient suspect ». Il s’est déclaré « terriblement choqué par ce nouveau délit d’entrave », précisant que « vouloir mourir, c’est souvent lancer un appel au secours ». Il ajoute qu’« accompagner, conseiller, témoigner, tendre la main… pourra désormais être puni » et que « notre compassion devient un délit ».

Une réaction que partage Sabrina Medjebeur, juriste et sociologue de formation, invitée ce dimanche 25 mai sur CNEWS. Issue de parents kabyles d’Algérie, engagée dans le débat public, cette citoyenne engagée et féministe universaliste s’est fait connaître par un essai portant sur la condition des femmes dans certains quartiers franciliens.Prenant la parole avec gravité, elle a mis en garde contre un basculement anthropologique : pour elle, « une société qui administre la mort est une société tribale ». Elle s’inquiète de voir la France légaliser une mise à mort médicalisée au lieu de renforcer l’accompagnement et la présence humaine auprès des personnes en souffrance.

Autoriser l’État ou le corps médical à devenir les administrateurs de la mort, c’est selon elle rompre avec l’héritage humaniste et affaiblir les repères éthiques sur lesquels repose notre civilisation.

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En criminalisant tout acte d’entrave, même verbal ou moral, le législateur fait peser une lourde menace sur l’accompagnement humain et spirituel de la fin de vie. Il ne s’agit plus uniquement d’empêcher des actes d’obstruction physique, mais bien de sanctionner des gestes de solidarité, même discrets, même bienveillants.

Notons que, dans son ensemble, l’Église de France s’est contentée de prises de position « mesurées », souvent formulées dans un langage technocratique ou pastoral sans nommer clairement le caractère criminel de l’euthanasie, l’acte de donner la mort pour ce qu’il est, à savoir une transgression fondamentale du commandement « Tu ne tueras point » : aucun appel à une grande manifestation nationale, aucune pétition lancée au nom de l’Eglise, aucun « J’Accuse » d’un prélat qui ose dire les mots… bref on reste dans la pédagogie , dans l’appel au dialogue, dans une indignation toute  » politiquement très correct »..Quand le respect de la vie cesse d’être affirmé sans ambiguïté par l’Eglise, c’est toute la société qui vacille, faute de repères.

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